19 Décembre 2008
Mercredi matin, j’ai lu très tôt la Charente libre et Sud Ouest qui ont relaté la réunion de Chantillac et la décision unanime de bloquer la RN10 pour qu’enfin l’Etat comprenne qu’il n’y a pas d’investissement routier en France plus prioritaire que l’aménagement définitif de la RN10 entre Reignac et Chevanceaux.
La Charente libre s’est aussi fait l’écho ce même jour de la demande de remboursement par Viniflhor des aides octroyées pour la reconversion de vignes en Charente il y a près de dix ans maintenant. Les syndicats viticoles ont donné comme mot d’ordre de ne pas obtempérer à l’injonction de payer. Il va être très difficile pour l’Etat d’expliquer que l’aide qu’il a accordée il y a dix ans doit lui être remboursée parce qu’entretemps la commission de Bruxelles a pu démontrer l’illégalité de la subvention. La somme moyenne due par chaque exploitation doit être de l’ordre de 2000 à 3000 euros, ce qui est à la fois peu et beaucoup tant il est insupportable de se voir rappeler ces sommes par les mêmes services qui les ont distribuées. On voudrait démontrer que certains types d’aide aux entreprises peuvent se révéler être de dangereux pièges pour ceux qui les reçoivent que l’on ne s’y prendrait pas autrement. D’autant plus quand les investissements qui les ont motivés ne se sont pas révélés très performants.
Après avoir pu assister de 9h à 11h 45 ce même jour à la convention économie de l’UMP qui se tenait à la maison de la chimie sous la direction de Frédéric Lefebvre (voir sur le site ump.org les vidéos intégrales des débats), je me suis rendu deux pâtés de bâtiments ministériels plus loin, rue de Varenne à l’hôtel de Villeroy pour rencontrer le directeur de cabinet du ministre de l’agriculture, Michel Cado, assisté de Michel Stoumboff conseiller technique des filières végétales et d’Alexandre Martinez chef de bureau des fruits et légumes.
L’objet de ma visite concernait spécifiquement l’Association Nationale Pommes et Poires bien sûr, mais l’actualité nécessitait d’évoquer la situation en Charente.
J’ai bien compris qu’après avoir épuisé tous les recours possibles et maintenant sous la menace imminente de se voir appliquer par Bruxelles des astreintes journalières démesurées, l’Etat français n’avait plus d’autres choix que de démontrer qu’il agissait concrètement pour recouvrer les sommes euro-incompatibles. Je n’ai pas bien entendu si le risque était connu dès le départ ou bien si ce n’est qu’un peu plus tard que l’illégalité européenne de ces aides a été comprise par le ministère. En tout cas j’ai bien perçu que l’Etat français n’était aucunement demandeur pour récupérer les sommes versées mais qu’il n’avait pas d’autre choix que d’agir. C’est pour cette même raison que le ministère a la volonté d’étudier au cas par cas des modalités de remboursement acceptables pour les viticulteurs. Louable, mais sans doute pas suffisant pour faire taire la colère des viticulteurs victimes du piège Kafkaïen de ces aides. Affaire à suivre.
Les arboriculteurs savent déjà qu’un autre dossier du même type qui les concerne connaîtra, un jour que l’on espère lointain, la même issue. Et là les sommes seront sans commune mesure avec les 1.75 million d’euros de la viticulture charentaise.
J’ai enchainé rue de Naples par le deuxième conseil d’administration de l’ANPP (le nom est provisoire. C’est bien maintenant que les difficultés commencent. Chacun a bien pris la mesure du travail colossal à accomplir pour la réussite de notre projet.
Sur le trajet du retour dans le TGV j’ai bavardé longuement avec Jean Michel Clément, élu l’an passé député socialiste de la Vienne et soutien de madame Royal. Je l’ai surtout connu comme avocat conseil pour l’entreprise lorsqu’il collaborait avec les CER de la région Poitou Charente. Nous sommes clairement maintenant chacun dans deux camps opposés en politique. Mais je retrouve bien chez lui comme député les qualités qui lui étaient reconnues comme juriste. Heureusement pour nous, quand j’ai abordé avec lui l’état du parti socialiste j’ai senti qu’il n’était pas très à l’aise sur le sujet et qu’il y avait manifestement chez eux un réel handicap collectif.
Et puis aujourd’hui j’ai pu lire comme nombre d’entre vous l’article de Magalie Lépinoux dans Sud Ouest qui s’intitule « pas d’accueil minimum » dans les écoles de Barbezieux. Un article collector que je ne commenterai pas pour ne pas en rajouter tant il décrit bien l’esprit du service public à la française et le vrai visage de la générosité de gauche.
Les lycéens sont toujours dans la rue. Je ne sais plus qui disait qu’ils sont comme le dentifrice, quand ils sont sortis du tube on ne sait plus comment les faire rentrer. Ils luttent forcément, comme chacun de leur professeur le sait, pour une noble cause vu leur jeunesse. Mais peut-être pas pour celle qu’ils croient. Je parierai plutôt sur une accélération du rééquilibrage nord sud, et ça c’est un sacrifice franchement généreux qu’il faudra leur reconnaître un jour. .
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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