7 Décembre 2008
Lundi dernier s’est tenue, à un mois d’intervalle, la deuxième assemblée générale de l’Association Nationale Pomme Poire. La fin programmée pour le 31 décembre de l’organisation économique, telle qu’elle était définie par le code rural, menaçait de voir se disloquer l’investissement collectif des arboriculteurs français. Le pari de créer une association à l’échelle du pays qui réunisse la majorité de la production était loin d’être gagné d’avance. Jusqu’à ce jour l’adhésion à l’organisation était obligatoire pour pouvoir bénéficier des programmes opérationnels dans la cadre de l’OCM. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et l’engagement dans la nouvelle association est complètement libre et volontaire. A ce jour la production réunie s’élève à un peu plus de 800.000 tonnes sur un total de 1.600.000 tonnes.
La proportion, bien qu’importante est encore insuffisante pour que la motivation des adhérents soit renforcée et qu’ils acceptent de financer des actions collectives qui profitent aussi aux non adhérents. L’objectif qui nous réunit tous consiste à améliorer la compétitivité des pommes et poires de France et de regagner des parts de marché sur le territoire national, mais aussi en Europe et dans la monde. En 2000 notre production était équivalente à celle de l’Italie à plus de 2 000 000 de tonnes. Aujourd’hui l’Italie produit toujours la même quantité alors que la nôtre s’est réduite de 20%, et les conditions sont encore réunies pour que ce repli s’accentue.
Il y a pourtant des raisons d’être optimiste. Nous bénéficions de conditions pédoclimatiques parmi les plus favorables à ces deux espèces. Nos équipements et notre savoir faire sont encore parmi les plus performants au monde. La gamme variétale est très diversifiée et qualitativement optimisée dans chacun de nos terroirs. Et la pomme continue d’être le fruit le plus consommé en France.
Alors nous devons améliorer la coordination de l’innovation, de la recherche jusque dans nos vergers. De nouvelles variétés plus rustiques, plus tolérantes aux agressions et à des quantités d’intrants plus faibles, doivent être plantées dans nos vergers, à la condition bien sûr qu’elles correspondent aux attentes des consommateurs et du marché. Des techniques alternatives de lutte contre les ravageurs, champignons, insectes ou acariens, doivent nous permettre d’aller plus loin que ce que nous savons faire aujourd’hui. Nous devons aussi nous attacher à faire émerger une identité de la production française qui vienne renforcer les marques des entreprises et les terroirs de nos régions. Et puis cela va sans dire nous devons développer un lobbying puissant qui évite les dérives normatives auxquelles nous assistons et qui rejettent chaque jour hors de la profession toux ceux qui renoncent à être chaque jour un peu plus hors du champ de la réglementation française, tout en étant pourtant bien au-delà de celle de nos principaux concurrents européens ou extérieurs qui profitent de nos handicaps pour pénétrer notre marché qui leur était inaccessible quand nous luttions à armes égales.
Tout cela doit se faire sans oublier les fondamentaux que sont la connaissance de l’offre et des marchés. C’est en mettant à la disposition permanente de chacun de nos membres les tableaux de bord et toutes les informations pertinentes qui les concernent qu’ils pourront améliorer leurs choix stratégiques lorsqu’ils investissent et leurs choix quotidiens lorsqu’ils mettent en marché leurs fruits.
Mais le plus exaltant dans ce projet c’est de servir l’arboriculture fruitière de notre pays qui réunit des hommes et des femmes passionnés de leur métier, qui conduisent des projets de long terme et qui dirigent des entreprises extrêmement complexes nécessitant un investissement capitalistique très lourd.
J’aime aller à la rencontre de mes collègues chez eux, dans leur verger, dans les Alpes, en Provence, dans le Languedoc, le Limousin, le Périgord, la vallée de la Garonne, la vallée de la Loire, la Picardie et bien sûr les Charentes. Avoir lundi dans une même salle, d’éminents représentants de tous ces terroirs, de traditions arboricoles différentes, petits producteurs ou présidents de coopératives (ou entreprises) très importantes, expéditeurs sur la marché français ou à l’autre bout du monde, unis par la même volonté de porter haut les couleurs de la pomme et de la poire de France et d’en renforcer l’économie, était une vraie satisfaction.
Ma mission aurait du s’arrêter là, compte tenu de ma disponibilité aléatoire jusqu’en avril (Inch Allah). A leur demande et avec l’assurance d’un soutien très fort, administratif et professionnel, j’ai accepté de présider l’association. La tâche est énorme et presque tout reste encore à faire. Je découvre ainsi en ce moment comment il est possible en déléguant d’avoir toujours plus de responsabilités en travaillant bien moins. Bon, je ne suis quand même pas sûr que mon humour et ma décontraction fasse rire tout le monde autour de moi.
Nos sites internet, la pomme et la charte PFI, vont aussi évoluer mais vous pouvez en savoir un peu plus en les consultant. Je vous mets aussi en lien le bref communiqué de presse adressé à la presse professionnelle.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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