5 Juin 2011
19 morts et plus de 1700 personnes infectées par la bactérie tueuse d’une souche rare d’Escherichia Coli dans la région de Hambourg en Allemagne. Cette crise sanitaire d’une gravité extrême nous rappelle qu’en matière d’intoxication alimentaire, les risques avérés sont aujourd’hui comme hier presque toujours microbiologiques ou liés à des mycotoxines (cliquez sur les liens pour visiter le site de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire).
MMR, le MGRDF, Michel Adam et toutes les associations qui sont en lutte contre la présence de substances chimiques dans nos assiettes seraient bien avisés de réévaluer à la lumière de cet évènement l’échelle des risques auxquels nous sommes confrontés.
Je vous ai retranscrit pour aiguiser votre curiosité quelques lignes d’un passage du livre de Gil Rivière Wekstein consacré aux toxiques naturels. Vous verrez ainsi que l’on peut aborder la question du poison dans nos assiettes sous un tout autre angle que celui que les donneurs d’alerte utilisent pour nous faire peur et développer leur propre fond de commerce.
A l’heure où j’écris ces lignes, si l’on sait précisément l’identité de la bactérie tueuse, l’origine de la contamination reste inconnue. Il se confirme quand même que les fameux concombres espagnols, accusés imprudemment quand les premiers symptômes sont survenus, n’y sont certainement pour rien.
On commence en revanche à mesurer une nouvelle fois les dégâts de la diffusion à l’échelle planétaire de ce type d’accusation. Ce sont tous les fruits et légumes en provenance d’Espagne qui subissent la désaffection des consommateurs. Mais ce sont aussi les concombres, les salades et les tomates françaises qui sont pris de plein fouet dans la tourmente. Mon collègue Pierre Diot qui préside l’association des organisations de producteurs de tomates et de concombres me disait hier matin redouter avec effroi que la chute des prix combinée (et liée) à la baisse des ventes ne plongent dès la semaine qui commence les producteurs dans des difficultés économiques inextricables.
Malgré la gravité de la contamination à Hambourg et quelle qu’en soit la cause, il suffirait pourtant, qu’aujourd’hui comme hier et comme demain, que chaque consommateur respecte et ait confiance dans les règles d’hygiène élémentaires à observer pour que ce tsunami sur le concombre, la tomate et la salade n’ait pas lieu. Cette bactérie, comme les autres, toute mortelle qu’elle soit ne résiste pas à l’eau du robinet ou à la cuisson.
Cette catastrophe va aussi avoir pour conséquence de mettre un peu de rationalité dans la distinction par trop artificielle entre la production biologique et la production dite conventionnelle. Ces deux agricultures utilisent des produits phytosanitaires et ont les mêmes obligations en termes de sécurité sanitaire. Qu’il s’agisse de résidus, de microbiologie ou de mycotoxines, toute la chaine de production doit respecter les mêmes règles en matière d’utilisation d’intrants naturels ou issus de la chimie de synthèse, d’hygiène et de traçabilité. Les risques à maîtriser ont autant, si ce n’est plus, de causes naturelles que chimiques.
Je vous conseille quand même évidemment de vous régaler sans crainte chaque jour avec tous les fruits et légumes du moment, bien lavés à l’eau du robinet, crus ou cuits, avec ou sans la peau. Il y a heureusement bien moins de risques de mourir en faisant confiance aux fruits et légumes que vous trouvez sur les étals ou à la ferme que de probabilité de gagner au loto. C’est peut-être aussi le moment de regarder la mention du pays d’origine sur l’étiquette pour privilégier la France au regard des normes draconiennes qui y sont appliquées.
La dernière boutade à la mode qui est parait-il de se souhaiter « bonne chance » plutôt que « bon appétit » n’aura alors pas d’autre intérêt que de permettre de s’approprier la part de l’autre.
J’espère que comme moi, ce soir, vous aurez tomate, concombre et salade au menu.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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