14 Juillet 2012
« Quand je suis dans l’eau, j’ai des idées. Quand j’en suis sorti, je sèche ». François Hollande pourrait reprendre à son compte ce constat lucide de Roger Pierre. C’est sans doute parce qu’il n’a finalement pas plu ce matin sur le défilé du 14 juillet que le Président ne s’est pas mouillé devant les français pour dévoiler sa stratégie pour sortir le pays de la crise. Alors que le plan social annoncé cette semaine par PSA à achevé de doucher les derniers espoirs de tous ceux qui avaient cru que la croissance promise pendant la campagne nous éviterait l’austérité, il ne s’est pas jeté à l’eau pour dire concrètement comment il allait à la fois réduire les déficits et permettre la croissance. Il y a pourtant urgence si l’on veut éviter « un sauve qui pleut » généralisé dans la tourmente que nous traversons.
Pour l’instant, aucune réforme structurelle du pays visant à améliorer la compétitivité et à recréer un terreau national favorable à la croissance n’est annoncée. Il n’est question que d’augmentations d’impôts et d’économies budgétaires marginales, sans rien toucher à l’organisation du pays. C’est parfaitement surréaliste.
Vous avez noté au passage, mes chers lecteurs avertis, que les heures supplémentaires ont été une nouvelle fois évoquées sous le seul angle de l’avantage consenti aux entreprises, dont le président a rappelé qu’il est légitime de le supprimer puisqu’il freine l’embauche de chômeurs. Alors que vous le savez bien, les petites entreprises gardent justement le petit allègement de coût pour leurs heures supplémentaires et que tous les salariés en revanche perdent la totalité des gains dont ils bénéficiaient. Au mépris de l’évidence, le président a très normalement martelé aujourd’hui encore que les classes moyennes seraient préservées des augmentations de fiscalité.
Et qui peut croire un seul instant que la conférence sociale qui réunit les corps intermédiaires pourra déboucher sur autre chose que de l’immobilisme et des augmentations d’impôts. La seule chose qui intéresse vraiment la plupart des syndicats, ce sont les mesures qui peuvent les conforter, ressources y compris, sans qu’ils aient besoin d’aller chercher de nouveaux adhérents. Même au prix d’augmentations fiscales et à la condition que rien ne change qui puisse les rendre impopulaires.
Le pire est à venir à l’automne avec les états généraux de la démocratie locale organisés par le Sénat. Le dépouillement du questionnaire, auquel j’ai refusé de répondre tant il occulte l’essentiel sous une avalanche de points de détail, servira de base de travail aux élus qui y participeront. Je peux d’avance vous annoncer avec certitude qu’aucune simplification de l’organisation territoriale ne sera proposée à l’issue de cette grande messe. En revanche il y fort à parier que les revendications d’impôts y seront nombreuses.
François Hollande a confirmé une nouvelle fois aujourd’hui qu’il est le maître de l’esquive et le roi de la pommade. Mais il ne va pas pouvoir passer plus longtemps entre les gouttes. Il est le seul en tant que Président élu au suffrage universel à pouvoir initier les profondes réformes dont le pays a encore besoin. A la condition bien sûr qu’il en ait conscience, qu’il sache lesquelles et qu’il ait le courage nécessaire. Le doute qui m’habite n’a pas été levé, loin de là, en ce début d’après midi presqu’ensoleillé.
Au café le Central à Barbezieux ce matin, c’est lors d'un échange à quelques uns de bons mots sur la pluie que Didier nous a cité Daniel Reynaud. Il n’y a pas si longtemps l'écriturier se serait exclamé dans ce même café en déclinant Verlaine et en levant son verre : « il pleut sur mon cœur et l’intestin grêle ».
Allez, bon dimanche quand même.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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