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Europe. Sauter comme un cabri c'est fini.

A l’heure où nombre d’héritiers déclarés du gaullisme ne semblent voir d’avenir pour l’Europe qu’à la condition d’aller vers plus de supranationalité, il est réjouissant d’écouter Charles De Gaulle sur ce thème. J’écoute et réécoute ces documents de l’INA et je suis bluffé de l’acuité des analyses comme de leur parfaite actualité, de la part de celui qui s’est fait toute sa vie une certaine idée de la France.

En créant l’Euro, les Etats européens ont pris un risque inouï. Il n’y a en effet aucune monnaie dans l’histoire du monde qui n’ait été l’expression de la politique d’une nation. Des critères budgétaires ont eu vocation à s’y substituer. Mais nombre de cosignataires, dont en premier la France, se sont empressés de ne pas les respecter. Alors la tentation est grande d’une fuite en avant aujourd’hui vers un fédéralisme technocratique qui réparerait ce vice de construction.

Le souci, c’est que la souveraineté démocratique fondamentale s’exerce encore à l’échelle des Etats et que les difficultés actuelles de la coopération entre nos 28 pays (bientôt 27) n’incitent pas à cette fuite en avant vers l’inconnu.

La politique ne s’exerce que sur des réalités nous rappelle Charles De Gaulle. Il vaut mieux l’avoir toujours présent à l’esprit et parfaire hardiment notre coopération entre Etats. En commençant par appliquer ce fameux principe de subsidiarité que l’on a choisi d’ignorer sans le dire.

L’Europe doit traiter des questions européennes et laisser aux Etats ce qui ne nécessite pas d’être concerté à Bruxelles.   

La presse s’est faite l’écho récemment du retard pris par la France dans l’utilisation des fonds du programme leader de l’UE qui lui sont attribués pour la période 2014-2020. 3% de la somme accordée est utilisée à ce jour et près de 700 millions d’euros restent à engager.

Le premier réflexe des politiques et des commentateurs est bien entendu de dénoncer les paralysies administratives françaises. Pourquoi pas, les autres pays réussissent bien mieux que nous à consommer leurs enveloppes.

Osiris est le nom du logiciel qui tarde à être paramétré pour traiter les dossiers. Dossiers de petites sommes pour de petites aides, instruits d’abord par un GAL (groupe d’action locale), puis par la Région et enfin payés par l’Etat. A chaque étage on analyse, on instruit, on investigue, on informatise.  Un audit précis du coût global pour l’UE et la France de ce programme divisé par le nombre de dossier devrait être la première préoccupation du politique. Ce serait effarant bien entendu.

Ce qui est le plus inquiétant à mon sens, c’est que personne à aucun moment ne s’interroge pour savoir si la nature des soutiens apportés nécessite que l’argent des contribuables français comme des autres pays de l’Union passe par Bruxelles pour redescendre dans les villages d’Europe soutenir la rénovation d’un lavoir ou l’installation d’un artisan. En quoi les soutiens accordés par les fonds leader relèvent-ils du budget transféré par les Etats à l’UE? Evidement en rien. Si ce n’est pour venir planter dans chaque village un drapeau européen pour que l’envie d’Europe croisse. Ce qui on le sait ne marche pas.

Il faut avoir entendu lors du salon le directeur de l’agriculture de l’UE, Jerzy Plewa, répondre à une technicienne qui l’interrogeait sur la complexité de la mise en œuvre des programmes opérationnels, qu’étant de l’argent public il fallait nécessairement des contrôles sévères.  

Au fil du temps, d’incrémentation de la complexité en multiplication des gages à apporter, nombre d’aides sont devenues totalement inefficientes au regard des finalités qu’elles se donnent.

Plutôt que d’augmenter le budget européen pour financer les nouvelles missions que les Etats souhaitent donner à l’UE, il me semble indispensable de relocaliser les politiques de soutiens qui ont vocations à être très territoriales. Les circuits courts ne valent pas que pour les produits fermiers. Ils valent aussi pour l’argent de nos impôts. Le financement d’une armée d’administratifs pour ces aides est une aberration absolue. Ce sont autant de talents qui auraient toute leur utilité dans le monde de la production utile des biens et de services.   

En renonçant à nombre de politiques qui n’ont rien d’européen et qui relèvent pleinement du national ou du local, il ne sera nul besoin d’augmenter le budget de l’UE pour financer les politiques qui relèvent en revanche pleinement de  ses attributions par les Etats membres.

Pas question de passer la contribution au budget européen de 1.09 % des PIB nationaux à 1.3% comme il est proposé par le Parlement européen, la Commission ou encore la Région Nouvelle Aquitaine.

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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