15 Octobre 2018
Philippe Lecorne a été élu samedi à la tête de la fédération du parti Les Républicains avec 107 voix contre 95 pour Xavier Bonnefont. Président sortant, conseiller régional et maire d’Angoulême, il a claqué la porte du mouvement dans la foulée. L’un et l’autre n’ont pas vraiment envie de compagnonner ensemble et l’ont fait savoir à la presse qui nous délecte ce matin encore de leurs bons mots échangés. Sans surprise, l’effectif des encartés, déjà bien amoché, devrait décroître encore un peu plus dans les jours à venir.
Ce qui me fait rager c’est qu’il aurait pu en aller tout autrement. Il suffisait pour cela d’ouvrir les yeux sur la nouvelle réalité du parti depuis l’élection présidentielle et tout particulièrement en Charente. La plupart des militants proches d’Alain Juppé ont fait comme lui et n’ont pas renouvelé leur adhésion. D’autres, soulagés par l’élection d’Emmanuel Macron après avoir durement souffert de l’hallali contre François Fillon ont suivi le même chemin. N’ont donc conservé leur carte que ceux parmi les militants qui en ont vu d’autres et qui gardent la foi du charbonnier chevillée au corps.
Entre l’extrême centre introuvable d'En Marche comme Modem et extrême gauche ou droite, la dialectique du bipartisme de gouvernement garde tout son sens sous la cinquième république. Et il n’est nul besoin d’être pile poil sur la ligne politique de Laurent Wauquiez pour être adhérent de LR quand on sait cela. Je n’ai jamais été d’accord sur tout avec aucun des présidents précédents du mouvement.
C’est pourquoi j’avais préconisé à Xavier de rester adhérent du mouvement mais de ne pas se représenter à la présidence, puisque manifestement il n’était plus en phase avec les aspirations de la majorité des adhérents à jour de leurs cotisations. L’actuel secrétaire départemental Jean Hubert Lelièvre, conseiller départemental, était le candidat idéal pour traduire à la tête l’évolution de la sensibilité des adhérents. Sans insulter l’avenir et sans psychodrame inutile, LR Charente aurait passé le cap des élections internes sans encombre.
Il ne sert évidement à rien de pleurer maintenant sur le lait renversé. Philippe Lecorne va présider le comité départemental pendant deux ans. Jeune retraité après avoir été sportif de bon niveau et un commerçant très dynamique, lui le fidèle des fidèles, le supporter parmi les supporters, de Jacques Chirac, de Nicolas Sarkozy puis de Laurent Wauquiez, réalise son rêve.
Il est le seul commerçant que je connaisse qui ait martelé ses convictions politiques à chacun de ses clients sans réussir à faire baisser son chiffre d’affaires. Celui aussi qui a toujours eu le bouquet de fleurs ou la bouteille de XO à offrir aux élus nationaux de passage en Charente. Il est la générosité et le dévouement à la cause du mouvement et de ses idoles. Humain, trop humain même, puisque hypersensible, il peut être meurtri gravement par même pas le dixième d’une des réflexions qu’il adresse allègrement à tel ou tel de ses cibles.
Pas de doute qu’il ne s’emploie maintenant à faire comme pendant sa campagne du terrain et des réunions conviviales pour susciter la ferveur militante.
Il appartient maintenant au Président, au secrétaire départemental, aux délégués de circonscription, aux conseillers nationaux et à chacun des élus et des adhérents de se souvenir que pour mettre en œuvre la politique que l’on souhaite il faut réunir une majorité des électeurs. Et que pour cela il faut écouter attentivement, donner envie, rassembler et le moins possible exclure.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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