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Fric frac à la hollandaise.

Ma fille, Camille, a fait son baptême d'apprentie commerçante au marché de Ruelle dimanche dernier. Entre le bac et la première année de “prépa”, elle a saisi l'opportunité de cette école de la vie pour ajouter quelques devoirs de vacances essentiels à sa formation. Et, petit détail assez appréciable pour les parents, à cette école, c'est l'élève qui est rémunéré. Enfin, à la condition quand même de déjouer quelques pièges élémentaires qui peuvent annuler prestemment l'apport économique du travail de l'épicière en herbe.

C’est ainsi que pour régler l’achat très modeste d’un melon, une cliente a tendu à ma fille un billet de 50 euros. Au moment où la caissière débutante commence à préparer la monnaie de la grosse coupure, la dite cliente se transforme subitement en moulin à paroles. La petite marchande cherche alors a se concentrer un peu plus sur la monnaie à rendre, tout en écoutant d'une oreille distraite le babille de la bonimenteuse. Mais voilà, son attention à pu être suffisamment détournée pour que le billet de 50 euros retourne discrètement dans la poche de l'agile cliente.

Fort heureusement, le manège avait été suivi du coin de l'oeil par Nicole, sa chef de banc, qui, d'un pas course, au culot, à la tire et sans coup férir, réussit à forcer à l'honnêteté la ménagère aguérrie à ces habiles tours de passe passe. Après cette péripétie qui fait encore le charme des marchés forains, le billet de 50 euros a pu prendre la place qui lui était destinée dans la caisse.

Cette technique est bien connue des prestidigitateurs. Savoir détourner l'attention de quelqu'un, l'anesthésier, comme sous hypnose s'une certaine façon, permet de lui piquer sa montre sans qu'il  s'en aperçoive.

La pratique est malheureusement aussi d'un usage très courant en politique. Et quand c'est bien fait, ça peut vraiment rapporter très gros sans que l'électeur ait conscience à temps de se faire empapaourter. .

Comme chacun sait, le nouveau pouvoir socialiste va réduire nos déficits en mettant à contribution les plus riches d'entre nous. Ceux la même qui s'étaient vus accorder des cadeaux fiscaux par le gouvernement précédent. Puisque c'est ainsi qu'il est convenu d'appeler un impôt moins lourd. Seule une petite minorité de contribuables est concernée qui ne sont d’ailleurs pas plus d'électeurs. Chacun sait aussi que les français ont fait le choix avec François Hollande de la croissance plutôt que de l'austérité. Les classes moyennes peuvent dans ce cadre garder espoir.

Cependant, au fur et à mesure où se dessine concrètement la politique du gouvernement socialiste, la réalité devient tout autre.

Pour trouver dès cette année 2012 quelques milliards en plus de recettes, les plus fortunés seront c’est vrai les premiers sollicités. L'impôt sur la fortune va bien rapporter plus. Mais juste après, c'est du côté des heures supplémentaires que l'on espère la recette la plus importante. Et qui cela va t’il toucher réellement?

Jusqu'à ces derniers jours, la grande réussite de la communication du pouvoir à été de faire croire que seules les entreprises seraient pénalisées par la fin de ce dispositif.

L’expression “défiscalisation des heures supplémentaires” a été associée depuis le début à un commentaire récurrent sur l’opportunité pernicieuse de ce dispositif pour les employeurs supposés embaucher moins qu’ils ne le pourraient s’il n’existait pas. Les médias de Panurge ont à peu près tous relayés mot pour mot cette ânerie de l’opposition d’alors sans jamais chercher à comprendre qui bénéficiait de quoi.

Voilà comment, grâce à l’enfummage consenti de la presse libre, il est devenu possible de reprendre un avantage acquis pour 9 millions de salariés sans qu’aucun syndicat ne se manifeste. Du très grand art.

Toujours plus fort et tout récemment encore, chacun a été rassuré d’apprendre que les entreprises de moins de 20 salariés continueraient de bénéficier du dispositif. Les mêmes médias ont anonné la nouvelle sans plus se demander qu’avant ce que tout cela voulait dire.

Je connais parfaitement depuis le premier jour l’effet de levier substanciel pour le salaire net des travailleurs de cette déclinaison de la loi TEPA, le revenu de ces heures supplémentaires n’étant pas soumis à retenues salariales. Je sais aussi ce que cela représente pour un salarié de ne pas inclure dans son net imposable le revenu des heures supplémentaires. Je connais l’allégment de charge assez modeste consenti à l’employeur, un euro par heure pour les entreprises de moins de 20 asalariés et 0.50 euro pour les autres. Compte tenu de cela, je n’en reviens pas qu’il ait été possible d’annoncer l’annulation de ces avantages consentis prioritairement pour les salariés sans que la presse ne révèle le pot aux roses.

Il m’aura fallu attendre ces tout derniers jours pour que les Echos d’abord et le Monde ensuite ne commencent à détailler les effets de la fin du dispositif pour les salariés.  Ce qui a permis au Monde d’affirmer que l’effort serait tout autant consenti par les classes moyennnes et populaires que par les hauts revenus. Il était grand temps quand même. Au passage il a été précisé que tous les salariés de toutes les entreprises seraient également concernés par le retour des retenues et des impôts sur les heures supplémentaires.

A mon sens nous ne sommes sans doute encore qu’au début des prises de conscience. C’est quand les quelques 3 milliards d’euros en année pleine manqueront sur les feuilles de paie que les grincements vont se faire rudemment entendre. Le gouvernement est conscient de ce qui va se passer et évoque dès maintenant une hausse du taux de majoration des heures supplémentaires pour compenser une partie de la perte de salaire net. Mais dans le même temps François Hollande a placé la compétitivité pour la première fois devant l’emploi et juste après la maîtrise des comptes publics dans ses priorités. Et cela passe justement par l’allègement des charges qui pèsent sur le travail. Je doute dans ce cadre qu’il sera possible de faire payer aux entreprises la compensation de ce qui va à nouveau être retenu au salarié.

Dans le même registre de l’enfummage j’aurais pu parler de la supposée croissance sensée nous épargner l’austérité. Lentement et sans doute avec une certaine délicatesse de vocabulaire un programme bien différent de celui qui était annoncé par le candidat est en train de se mettre en place par le président Hollande.

Evidemment tout cela à mon sens est terriblement statique et peu enthousiasmant. La question qui se pose maintenant c’est de savoir si les réformes structurelles dont il n’a jamais été question jusqu’à ce jour vont aussi faire leur apparition sous peu. Compte tenu de l’urgence, j’ai de la peine à croire que cela attendra un très hypothétique consensus entre les partenaires sociaux et le gouvernement. A suivre.... 

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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