14 Juillet 2024
Lettre de candidature à la Présidence d’INTERFEL.
A l’attention des administratrices et des administrateurs, représentants des familles membres de l’Interprofession des Fruits et Légumes Frais.
Mesdames et messieurs, chers collègues,
Notre association interprofessionnelle commune renouvellera sa gouvernance élue lors de la prochaine assemblée générale qui se tiendra à Paris le 24 septembre prochain.
Les statuts prévoient qu’au terme des six années de présidence de Laurent Grandin qui est issu du collège des familles de l’aval en tant que membre de l’Union Nationale du Commerce de Gros en Fruits et Légumes (UNCGFL), ce soit au tour d’un candidat du collège amont d’assumer le prochain mandat.
J’ai fait savoir dès l’automne dernier qu’après avoir été élu plusieurs fois secrétaire général de l’interprofession, j’avais la volonté d’être candidat à la présidence.
Tout récemment, l’assemblée générale de la Gouvernance Economique des Fruits et Légumes (GEFEL) qui s’est tenue le 13 juin m’a renouvelé sa confiance, en connaissance de cause, pour la représenter au sein d’INTERFEL aux côtés de son Président Bruno Darnaud et de François Lafitte.
Jean Michel Delannoy était lui aussi très légitimement candidat et nous avons accepté une nouvelle fois tous les deux que s’exprime peut-être, par un vote, une préférence de la part des représentants à INTERFEL de nos quatre familles de rattachement que sont la Fédération Nationale des Producteurs de Fruits (FNPF), Légumes de France, FELCOOP (Fédération professionnelle représentative des Coopératives et SICA de fruits et légumes, horticulture et pommes de terre) et GEFEL.
Mercredi dernier, la présidente et les présidents vous ont informé du résultat qui m’a été légèrement favorable et qu’ils soutiennent maintenant solidairement ma candidature.
Je souhaite vivement que Jean Michel qui a dû se désister de son projet soit à nos côtés et continue de faire bénéficier l’interprofession de sa grande expérience et de ses compétences.
Je suis également très soucieux d’élargir le soutien de ma candidature à toutes les sensibilités des familles de l’amont et je suis évidemment à l’écoute attentive de mes collègues de la Coordination Rurale et de la Confédération Paysanne.
A l’initiative du Président Laurent Grandin, nos familles ont défini une feuille de route pour nos travaux présents et à venir lors du séminaire qui s’est tenu en octobre 2023. La mise en œuvre a commencé et les binômes de pilotes professionnels et de directeurs par thématiques sont maintenant presque tous constitués.
Je m’inscris avec enthousiasme dans la continuité de ces chantiers qui ont été ouverts et dont nous attendons des résultats déterminants pour le développement de la consommation des fruits et légumes frais, l’orientation ciblée des travaux de recherche et d’expérimentation ainsi que pour l’adaptation de nos filières aux nouvelles contraintes écologiques.
Le mandat qui s’achève aura été nettement marqué par le solide leadership du Président. Ses convictions affirmées pour les productions que nous représentons ont permis d’obtenir la reconnaissance par les pouvoirs publics des enjeux d’une souveraineté devenue critique. Je m’engage à poursuivre à vos côtés ce combat essentiel. L’incertitude politique dans laquelle nous sommes entrés ne modifie en rien les objectifs que nous nous sommes donnés. Le plan de souveraineté pour les fruits et légumes annoncé par le ministre Marc Fesneau en mars 2023 doit pouvoir se poursuivre.
Nous œuvrons tous pour une préférence positive de l’origine France des fruits et légumes sur les étals. Pour autant nous sommes ouverts aux échanges dans un cadre concurrentiel loyal pour que nos consommateurs bénéficient de la saisonnalité complémentaire permise par le climat d’autres latitudes ainsi que de la diversité d’autres espèces qui leur sont spécifiques.
La commission internationale soutient très activement la présence possible de nos fruits et légumes en Europe et sur les marchés extérieurs. Parce que c’est aussi de la confrontation avec les compétiteurs à l’international que nos filières se renforcent sur le marché intérieur.
La raison d’être principale de notre interprofession est de rechercher des accords unanimes entre nos deux collèges pour améliorer les règles qui régissent la qualité de nos produits et les relations économiques entre les métiers que représentent nos familles.
Je sais par l’expérience que j’ai acquise en co-présidant la commission économie qu’il nous faut en permanence être à l’écoute des difficultés vécues par les opérateurs de notre filière sur le terrain. Que notre devoir est d’en débattre librement ensemble avec le souci de contribuer activement à la recherche de solutions et d’accords.
Les fruits et les légumes frais sont fragiles et d’une durée de vie qui peut être très courte. Ils sont météo sensibles à la production comme à la consommation. La valeur d’échange entre les opérateurs résulte presque quotidiennement de la confrontation de l’offre et de la demande. Notre rôle est plus que jamais de rechercher ensemble des voies nouvelles pour sécuriser les transactions, diminuer le risque économique pour tous et limiter autant que faire se peut les variations erratiques des prix.
Le déploiement des comités régionaux participe de ce ressourcement permanent nécessaire par les réalités vécues des acteurs de la filière. En même temps que nos actions collectives s’expliquent et s’exercent au plus près des collectivités territoriales et des consommateurs, l’implication des professionnels en région ravive, s’il en était besoin, la dynamique interprofessionnelle.
Chacun a bien conscience aujourd’hui que produire devient économiquement et agronomiquement très périlleux. La multiplication des aléas climatiques, la diminution drastique des moyens de protection efficaces contre les maladies et ravageurs qu’accompagne des contraintes réglementaires de plus en plus sévères opèrent une rude sélection dans les rangs des producteurs.
L’interprofession oriente et finance sur propositions de la commission Stratégique de l’Innovation, de la Recherche, de l’Expérimentation et de la Formation (SIREF) le Centre Technique (CTIFL). Au regard de nos difficultés à produire, c’est peu de dire l’importance stratégique que revêt cette composante technique de notre action aujourd’hui.
Notre interprofession est la plus longue en ce qu’elle réunit quinze familles qui représentent tous les métiers et toutes les sensibilités de la serre, du champ, du verger à l’étal et jusqu’à l’assiette en passant par l’expédition, le commerce de gros, l’importation, la distribution, le commerce de détail et la restauration collective. La bonne tenue de la consommation de nos fruits et légumes dépend de l’efficacité du travail de chacun tout au long de la chaine.
Je suis tout particulièrement attentif aux difficultés des métiers de l’aval sur la logistique, la formation et le recrutement. Je suis aussi très averti de la difficulté de mise en œuvre de la « corporate sustainability reporting directive » (CSRD) pour les entreprises de l’aval et des conséquences qu’elle ne manquera pas d’avoir à l’amont.
La qualité reconnue de notre communication réussit d’autant mieux à soutenir la consommation que nous savons présenter au consommateur en tout lieu des fruits et des légumes gouteux et d’une intégrité préservée jusqu’à l’étal ou à l’assiette. La clé de la réussite se trouve dans ce défi de la qualité et du plaisir à offrir au consommateur.
La pédagogie et la formation aux bienfaits des fruits et légumes frais est l’autre clé indispensable du succès. Nous pouvons compter pour cela sur notre Agence pour la Recherche et l’Information en Fruits et Légumes (APRIFEL).
Notre interprofession est aujourd’hui reconnue. Elle est mature, financièrement solide et servie par des équipes d’hommes et des femmes engagés, dévoués et compétents.
Un environnement gouvernemental et politique chamboulé nous attend. En Europe comme dans le reste du monde les perturbations géopolitiques sont nombreuses et inquiétantes. Je suis d’autant plus fermement motivé pour entreprendre avec vous une nouvelle étape de notre projet interprofessionnel dans ce contexte inconnu et incertain.
Ce courrier est déjà bien trop long et en même temps très insuffisant pour développer le sens et les impulsions que je souhaite incarner si vous m’élisez président. D’ici notre prochaine assemblée générale j’aimerais vous rencontrer dans le cadre qui vous conviendra pour échanger plus longuement avec vous sur vos attentes et vos sujets de préoccupation. J’ai aussi besoin de vous entendre sur vos propositions pour la prochaine gouvernance de l’association.
Dans cette attente, je vous adresse mes plus chaleureuses salutations.
Bien à vous,
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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