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Eau, électricité, même combat.

Le réveil est brutal. La France manque d’électricité et doit en importer. Après avoir été longtemps premier exportateur en Europe grâce à son parc de centrales nucléaires, notre pays doit aujourd’hui combler son manque en achetant à prix d’or une électricité produite à partir de charbon ou de gaz. Un gaz qui entrera en France par nos ports méthaniers pour être réexporté vers une Allemagne sevrée du gaz russe qui nous retournera ensuite la précieuse énergie.

Nous n’avions pas de pétrole, pas de gaz, mais nous savions produire en quantité de l’électricité bon marché. La diminution et la perte de production de nos centrales nucléaires a été plus rapide que la montée en puissance des énergies renouvelables que sont l’éolien et le photovoltaïque. Cette faute lourde politique est en train de mettre brutalement à l’arrêt ou en faillite dès cet automne un grand nombre d’entreprises. Le secteur maraicher et arboricole voit jour après jour la menace grandir au fur et à mesure du renouvellement des contrats de fourniture d’électricité à des prix insupportables.

Un projet de loi examiné aujourd’hui en conseil des ministres prévoit donc en urgence de lever quelques freins réglementaires et administratifs ainsi que la durée des recours pour accélérer le déploiement des moyens de production des énergies renouvelables.

Nous manquons par imprévoyance de cette électricité devenue essentielle pour notre économie et nos vies. Un aveuglement coupable de même nature nous conduit tout droit à aussi manquer d’eau dans nos nappes, nos rivières et donc aussi pour l’agriculture. L’année de sécheresse que nous traversons donne opportunément l’alerte et doit nous conduire à agir vite et fort.

L’eau est bien cette autre ressource renouvelable dont il faut aussi optimiser l’utilisation et faciliter le stockage.

Chacun s’est félicité d’ouvrages réalisés en d’autres temps qui ont permis de réguler le débit de certaines rivières comme de permettre l’irrigation des cultures fruitières, légumières ou autres.

Le niveau d’eau du lac de Serre-Ponçon sur la Durance dans les Hautes Alpes est devenu un sujet de l’actualité estivale. Mais s’il a plus baissé que d’autres années, c’est parce qu’en l’absence de pluies il a pu pleinement remplir son rôle de régulation du débit en aval de la rivière sur laquelle le barrage a été crée en 1959.

En Charente, ce sont les barrages de Lavaud et de Mas-Chaban dont se sont félicités les pêcheurs comme les agriculteurs. La presse, ici aussi pour une fois, a vanté les mérites de la régulation du débit de l’eau que l’on doit à des décisions politiques des années 1980 et 1990.

Malgré ces formidables et nombreuses réalisations qui ont fait leurs preuves et dont partout en France on trouve de beaux exemples, depuis plus de 10 ans maintenant il est devenu quasi impossible de créer de nouvelles retenues d’eau.

Plus de barrages, plus de lacs, d’étangs ou de réserves bâchées sans études et instructions administratives interminables. Quand très exceptionnellement l’autorisation est enfin donnée, un recours est immédiatement formé par les associations qui veillent et qui ont toutes les chances d’aboutir à leurs fins. Et c’est évidemment sans compter avec le vandalisme actif qui prolifère et se drape dans une soi-disant désobéissance civile dont la légitimité morale serait supérieure à la loi.

L’encouragement à de nouvelles dégradations contre les réserves d’eau pour l’agriculture fait par Julien Bayou au micro d’Appoline de Malherbe sur BFMTV le 23 aout dernier en est le témoignage récent le plus épouvantable. Il faut condamner cet appel au vandalisme et nous allons d’ailleurs devoir engager des poursuites judiciaires pour cela.

Si les prévisions du GIEC annoncent des hausses de températures, elles tablent également sur un maintien des précipitations à leur niveau actuel, voire supérieur. En effet, s’il fait plus chaud, l’évaporation est plus importante et il retombe donc plus d’eau. Mais ces pluies seront encore plus irrégulières et réparties différemment au cours de l’année.

Face à ces probabilités et avec l’expérience de l’année 2022 et des autres années de sécheresse passées, une population avisée se doit d’agir pour se prémunir d’une absence d’eau pour ses besoins domestiques, sa biodiversité, son industrie et son agriculture.

Mais pour cela il faut changer de paradigme et casser quelques dogmes qui paralysent toute action. Il est indispensable de mettre les connaissances scientifiques au service de nouvelles créations de retenues d’eau à partir de l’évaluation des bénéfices attendus face à des risques qu’il faut courir.

Le même raisonnement qui prévaut pour la loi qui est proposée aujourd’hui et qui vise à accélérer la production d’énergies renouvelables doit être tenu aussi pour la création de retenues d’eau.

70% des fruits et légumes consommés en France en 2000 étaient cultivés sur le territoire national. Aujourd’hui nous passons en dessous de la barre des 50% et la dégradation tend à s’accélérer. Pour nombre de productions agricoles la situation n’est guère plus brillante. N’attendons pas que des évènements géopolitiques ne nous fassent regretter durement d’avoir renoncé à l’autonomie pour notre alimentation.

Comme pour l’électricité aujourd’hui, il nous sera bien impossible de justifier de manquer d’eau à certains moments de l’année après en avoir eu bien trop à d’autres périodes sans avoir agi pour en réguler la disponibilité.

L’eau est cette autre énergie renouvelable dont il faut faciliter aujourd’hui la mise en réserve partout où cela est possible en cohérence avec une protection intelligente de l’environnement.

Eau, électricité, même combat.
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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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