1 Décembre 2021
Rapport moral du Président
pour l’Assemblée Générale de l’association Nationale Pommes Poires du 1er décembre 2021.
Pommes et poires de France. Les conditions de l’identité heureuse.
Mes chers collègues,
Notre association tient aujourd’hui sa 14ème assemblée générale depuis sa création en décembre 2008. L’an passé nous sommes restés pour la première fois par nécessité loin les uns des autres, chacun dans son verger, réunis virtuellement en visioconférence. Covid oblige, depuis mars 2020 la vie de notre réseau s’est paradoxalement plutôt amplifiée de ces échanges distants, économes de notre temps, plutôt confortables et efficaces. Mais quel plaisir que de pouvoir se retrouver à nouveau de temps en temps en chair et en os pour ressentir et vivre des moments plus incarnés, plus mobilisateurs, plus fédérateurs et conviviaux.
Profitons-en pleinement pour examiner ensemble les évènements significatifs survenus dans nos vergers et sur les marchés depuis la dernière AG ainsi que les travaux mis en œuvre par l’association pour stimuler nos activités et faire face aux adversités diverses qui se multiplient.
Avec 1.360.000 tonnes cet automne, après 1.340.000 tonnes l’an passé et 1.170.000 tonnes en 2012, nous déplorons la quatrième plus petite récolte de pommes depuis celle de sinistre mémoire de 1991. Bien plus encore que la pomme, la poire avec 56.000 tonnes a été très durement impactée par les gelées à répétition du printemps.
Parmi beaucoup d’autres, trois nuits, les 6,7 et 8 avril, ont vu successivement la quasi-totalité de nos vergers subir des températures très négatives. Les vergers bien protégés, comme ceux qui ne l’étaient pas, mais dont beaucoup de fleurs restaient à ouvrir, ont très heureusement connus une forte nouaison. D’autres, pas ou peu protégés, alors qu’ils étaient en fin de floraison n’ont pas eu cette chance.
Pas de températures excessives cet été, une pluviométrie souvent satisfaisante, un climat quasi idéal cet automne avec de bonnes amplitudes thermiques et à l’arrivée la récolte sur l’ensemble du territoire est quand même bien meilleure qu’on pouvait le craindre même s’il existe de nombreuses situations individuelle dramatiques. Malgré beaucoup d’heures d’éclaircissage manuel le calibre moyen des fruits est cependant plus petit. A l’exception de défauts d’épiderme liés au gel, d’un sucre un peu faible, la qualité est plutôt belle.
En revanche, si nombre d’entre nous se sont un peu remis des grosses frayeurs du printemps et des longues nuits de lutte contre l’air froid, il ne faut pas oublier qu’il manque encore cette année 300.000 tonnes de pommes et 70.000 tonnes de poires dans le verger français. Et qu’en plus du gel, le puceron cendré a fait ici ou là des ravages majeurs.
Et en Europe il y a 1 million de tonnes de plus que l’an passé.
Dans le même temps, ce début d’année, avec une très belle qualité et une offre réduite, les pommes et les poires du cru 2020 se vendaient assez correctement sur le marché du frais. Le peu d’écarts de tri a même conduit à un déséquilibre significatif en fin de campagne avec la demande pour la compote de fruits d’origine France et issus des Vergers Ecoresponsables. Des prix plus élevés qu’habituellement ont résulté de cette rareté.
C’est donc avec une offre limitée dans le sud-est et sur un marché parfaitement vide que le démarrage de campagne a eu lieu en fanfare pour quelques semaines cet été avec la nouvelle récolte. A ce jour et après quatre mois les ventes en France sont quasi équivalentes à l’an passé, mais en retrait de 6% à l’exportation. Et ces dernières semaines sont très poussives.
Malgré des cours qui se situent encore dans la fourchette haute des campagnes passées, la concurrence à bas prix devient plus vive sur les petits calibres. Et compte tenu des cotations des variétés mondialisées sur les marchés extérieurs, nous sommes objectivement de moins en moins compétitifs et nous exportons peu. Dans le même temps nous subissons une augmentation significative de nos prix de revient avec une inflation spectaculaire pour les emballages, l’énergie, nombre de matériaux et d’équipements. Les délais de disponibilité deviennent aussi affolants.
Mais reprenons au début. Dans le contexte de cette année une nouvelle fois très agitée, l’ANPP ne s’est pas limitée à lancer l’alerte auprès de ses membres pour prévenir des descentes d’air froid que voyait venir Serge Zarka. Josselin notre directeur, alias monsieur météo, a en effet très utilement créé sur WhatsApp la communauté des arboriculteurs frigorifiés avides d’informations et de partage d’expériences.
Mais l’ANPP s’est aussi immédiatement coordonnée avec GEFEL, la FNPF et FELCOOP pour obtenir des pouvoirs publics toute l’attention nécessaire sur cette catastrophe naturelle et pour mobiliser toutes les aides possibles. Une certaine amélioration du dispositif calamités agricoles et quelques assouplissements ont ainsi pu être négociés par la FNPF. Un dispositif d’aide spécifique a été ouvert pour les entreprises de première mise en marché impactées par le manque de fruits. Nous sommes toujours en attente de la validation de l’UE pour que ces aides qui sont à ce jour des avances remboursables puissent être transformées en subvention. L’aide finale devrait représenter de 50% à 80% pour les TPE de la perte d’EBE par rapport à l’année de référence.
Il faut aussi saluer le dispositif d’aide aux agroéquipements nécessaires à l’adaptation au changement climatique dont les dépenses éligibles ont été portées dès le 12 juillet à 150.000 euros par demandeur avec un taux de subvention de 40%. Pour les CUMA le plafond est de 300.000 euros avec un taux de 50%. Autant certains dossiers peuvent être complexes à constituer, autant celui-ci étonne par sa simplicité et sa réactivité. Profitons-en quand nous le pouvons. Il reste du budget et les dossiers peuvent à nouveau être déposés à compter du 13 décembre.
Aucune assurance ou aide conjoncturelle, aussi salvatrice soit-elle, ne peut rivaliser avec une protection structurelle contre les aléas climatiques. De la même façon que se sont imposés au verger les filets para grêle, l’irrigation contre la sécheresse ou les haies brise vent, la protection contre le gel est tout autant devenue une obligation. L’eau qui permet par aspersion la protection la plus efficace n’est cependant pas disponible en quantité suffisante partout. Nombre de vergers ne peuvent donc que diminuer le risque avec des tours à vent, des Frostbusters ou autres bougies de paraffine.
Aujourd’hui cette utilité de l’eau pour la protection contre le gel a participé de la motivation du ministère de l’agriculture pour que s’engage un Varenne de l’eau en mai. La thématique 1 se préoccupe de concevoir un système assurantiel. La thématique 2 recherche les adaptations possibles à la raréfaction de l’eau et aux augmentations de température. Mais c’est bien la thématique 3 qui suscite le plus d’espoir. Selon les scientifiques, le changement climatique doit se faire à quantité d’eau qui tombe du ciel sur la France équivalente ou en augmentation par rapport à aujourd’hui, mais moins bien répartie encore. Est-il alors possible de mieux la diriger vers les nappes phréatiques ou de la retenir quand elle est en excès pour en disposer quand elle manque. Ce qui nous semble une ambition évidente rencontre pourtant une adversité dogmatique assez redoutable depuis les rangs écologistes jusque dans les sphères scientifiques en passant par quasiment toute l’administration. Les digues du front du refus se fendillent un peu malgré tout ces temps-ci. Mais le combat est encore loin d’être gagné. Il faut déjà réussir à réformer l’arrêté signé en juin par Barbara Pompili qui interdit toute retenue dès lors que quelques mètres carrés peuvent être qualifiés de zone humide.
Nous étions quelques-uns à entendre avec intérêt il y a peu François De Rugy, un temps ministre de la transition écologique et solidaire, dire sa conviction que la régulation de l’eau devrait relever aujourd’hui d’une nouvelle politique de grands travaux dans le pays comme cela a déjà été le cas dans le passé. Mais qu’il était bien seul à l’imaginer dans son ministère lors de son court séjour.
Nous sommes maintenant de plus en plus nombreux sur le territoire à affronter des restrictions de volumes pour irriguer nos vergers. L’accès à l’eau est redevenu une cause prioritaire. C’est pourquoi nous avons adhéré à l’Association des Irrigants de France et que nous sommes membre du conseil d’administration pour suivre au plus près les travaux en cours et exprimer solidairement au sein de cette organisation influente les besoins vitaux de nos vergers.
Après les aléas climatiques et la disponibilité en eau, c’est notre capacité à maîtriser les maladies et ravageurs qui est devenue la plus problématique. Nous savons à ce jour que le puceron cendré, avant même la tavelure et malgré la perte du mancozèbe, peut à lui seul et très vite mettre le verger français en faillite. Et la perte de contrôle se profile aussi pour d’autres parasites ou champignons.
Le scénario annoncé est le suivant. Le spirotetramat(Movento), dernière matière active encore efficace contre le puceron cendré ne sera pas représentée à l’homologation en UE par la société Bayer en raison de l’échec annoncé au regard des critères d’approbation. En juillet 2024, il ne restera alors à notre disposition en plus de la faune auxiliaire que l’huile, l’argile, la lambda-cyhalothrine (Karaté Zéon) et la flonicamide (Teppeki).
L’année 2021 a démontré que même avec le dispositif actuel la maîtrise du puceron cendré devenait aléatoire. Avec le Movento en moins, la probabilité d’échec explose.
Dans toute l’Europe, seule la France sera dans une situation aussi difficile. Trois autres matières actives, l’acétamipride, le sulfoxaflor et la flupyradifurone, très efficaces sur pucerons, sont approuvées par l’EFSA. Mais il se trouve que, cas unique en UE, la France a interdit par la loi les néonicotinéides ou apparentés depuis le 1er septembre 2018.
Grâce à l’excellent travail de Xavier et de l’équipe qu’il a créée avec la FNPF, la FNAB, le FNPFCidre et la DGAL nous obtenons chaque année pour les vergers en agriculture biologique une dérogation 120 jours pour utiliser de l’huile de Neem dont la matière active, l’azadirachtine, est efficace sur pucerons. Si les contraintes de compatibilité et de risque de phytotoxicité peuvent être assumées, nul doute que l’huile de Neem sera aussi utilisée dans tout le verger.
Cette dérogation pourra t’elle être obtenue à nouveau ? Pendant combien de temps ? Une homologation est-elle possible en plein champ alors que l’huile de Neem est qualifiée de perturbateur endocrinien ? Rien n’est moins sûr. En cas d’échec, c’est tout le verger en agriculture biologique qui sera aussi dans l’impasse.
Le seul exemple de ce ravageur prouve que nous sommes rapidement entrés dans la zone de risque élevée pour le verger français. Et d’autres cas similaires de contrôles fragiles se profilent. Hoplocampes, anthonomes, tordeuses orientales, carpocapse, feu bactérien ou punaises diaboliques, toute cette biodiversité prédatrice se porte à merveille.
Tout doit donc être mis en œuvre pour que le pire n’arrive pas. Chaque arboriculteur, chaque organisation de producteurs, chaque technicien, notre centre technique (CTIFL), nos stations régionales, toutes nos organisations constituées en cellule de crise permanente doivent agir auprès des pouvoirs publics pour éviter le crash annoncé du verger français.
Puisque la France peut affirmer que la règle européenne n’est pas assez protectrice pour son environnement et ses citoyens et instituer des interdictions spécifiques sur son sol, nous devons dans le cadre du marché unique demander à faire appliquer la clause de sauvegarde proposée par l’article 44 de la loi Egalim. Seule cette revendication claire pourra mettre en lumière l’incohérence de la France dans l’Union Européenne. Et provoquer une marche arrière.
La tâche est titanesque tant domine jusqu’au sommet de l’Etat le projet politique prioritaire de sortir des pesticides. Avec le Green Deal et Farm To Fork, l’UE exprime un horizon qui vient renforcer le parti pris français, lui qui est déjà bien à l’œuvre depuis 2008.
Le premier objectif que nous devrions nous donner c’est d’obtenir que le ministère de l’agriculture renonce à vouloir nous sortir de la dépendance aux pesticides pour être à nos côtés pour nous sortir plutôt de la dépendance aux maladies et ravageurs. Cette dénomination attachée à un conseiller du ministre aurait le mérite de bien cibler les défis à relever.
Cet affichage démontrerait encore plus clairement la gravité de la décision des pouvoirs publics de se retirer de la surveillance biologique du territoire sans s’assurer qu’un dispositif opérant et durablement financé soit opérationnel. La seule surveillance des organismes de quarantaine prioritaires n’est suffisante ni pour nos exportations ni pour l’avenir de l’agroécologie dans nos vergers.
Le dossier toxicologique pour la réhomologation du glyphosate est une nouvelle fois très bon. La haine dogmatique contre ce symbole ne va pas cesser pour autant. Et à la fin la décision sera politique. Nos vergers sont de plus en plus largement enherbés. Mais à l’heure ou nos prix de revient explosent, où l’énergie émettrice de CO2 coute cher et doit être économisée au maximum, où la main d’œuvre qualifiée se fait rare, ne sacrifions rien aux dogmes absurdes du moment. Continuons de suivre ce chemin des crêtes du juste milieu qui est celui de notre Charte des pomiculteurs de France. Une stratégie où le glyphosate a une petite place, mais toute sa place.
Voilà bien notre défi permanent. D’un côté nous devons être à l’optimum de la signification agroécologique de Vergers Ecoresponsables pour tendre vers la production la plus naturelle possible. Et de l’autre nous devons pouvoir disposer des produits phytosanitaires de dernier recours qui nous permettent de contrôler les maladies et ravageurs.
Notre crédibilité pour être entendus des pouvoirs publics dépend de notre capacité à prouver nos engagements et la pertinence argumentées de nos revendications.
C’est pour cela que notre association sous le leadership de sa commission technique avec Robert Pierre Cecetti et Xavier Le Clanche doit pouvoir parfaitement appréhender le champ des expérimentations en cours dans le pays. Celles du CTIFL, des stations d’expérimentations professionnelles, celles conduites par les arboriculteurs eux-mêmes en même temps qu’il faut connaître les travaux de l’INRAe qui nous concernent. Au travers de nos représentations dans les instances nous devons mieux exprimer nos attentes. Mais peut-être aurons-nous à devenir donneur d’ordres pour les expérimentations qui nous seront nécessaires et qui resteraient hors du champ de l’expérimentation actuelle qui exclut les produits phytosanitaires. Et pour cela il faudra décider d’un budget.
Nous agissons déjà. Comme chacun sait la crainte de l’apocalypse nous gouverne. Tout est évalué maintenant à l’aune des émissions de CO2 et des autres gaz à effet de serre. Il se trouve qu’il y un certain parallélisme entre les itinéraires techniques au verger les plus performants économiquement et la neutralité des émissions de carbone, voire une captation nette. Nous sommes engagés dans cet objectif dans le projet GreenGo soutenu par l’Ademe et piloté par Xavier avec le CTIFL et l’INRAe aux côtés de Blue Whale et de l’association Pink Lady Europe. Un atout de plus pour renforcer Vergers Ecoresponsables à long terme.
Les réglementations qui encadrent la production, de plus en plus coercitives, pleuvent comme à Gravelotte. Le 20 novembre a été publié l’arrêté qui entre en vigueur au 1er janvier et qui encadre l’utilisation des produits phytosanitaires pendant la période de floraison. Le Conseil d’Etat donne maintenant six mois au gouvernement pour restreindre drastiquement l’utilisation de ces mêmes produits en zone Natura 2000. Et nous sommes en attente d’un nouvel arrêté suite à l’annulation du précédent par le Conseil d’Etat fixant les nouvelles règles applicables pour les Zones Non Traitées en lien avec les riverains.
Depuis le 1er avril plusieurs arboriculteurs ont été contrôlés par des inspecteurs de l’OFB, l’Office Français de la Biodiversité. Ils ont donné lieu à audition à la gendarmerie ou garde à vue avec présentation au procureur de la République. Les pratiques en cause auraient pu être reprochées à chacun d’entre nous.
Sur tous ces dossiers nous travaillons aux côtés de la FNPF et avec Audace pour que la raison l’emporte. Parce que l’étau se resserre comme jamais. La question se pose dorénavant de savoir si le plus précautionneux des arboriculteurs sera encore demain en capacité de produire.
Puisque nous en sommes à lister les initiatives réglementaires et législatives qui impactent notre activité, ajoutons-y maintenant la Loi Anti Gaspillage et Economie Circulaire. Votée le 10 février 2020, elle met fin par ses articles 77 et 80 à l’utilisation de tout ou partie de plastique dans les emballages de fruits et légumes présentés à l’étalage pour les conditionnements inférieurs à 1.5 kilos et aux stickeurs.
Un décret prévu par la loi et publié le 8 octobre de cette année précise les exemptions temporaires. La pomme et la poire n’en font pas partie sauf à considérer et à afficher que nous vendons des fruits mûrs à point. Au premier janvier 2022, le carton remplacera donc le plastique. En revanche les stickers qui doivent être agrées home compost pour être apposés ne sont proposés que par un seul fournisseur, ne collent pas vraiment, sont bien plus chers et nécessitent de nouveaux investissements matériels. La segmentation variétale et l’information consommateur qui nous est tant demandée est plus que compromise. A cela s’ajoute que les produits importés au regard de la rédaction du texte ne sont pas concernés. Les marchés d’exportation qui sont en revanche demandeurs de stickers ne pourront plus être satisfaits. C’est l’apposition qui est interdite en France. Un recours devant le Conseil d’Etat va être engagé mi-décembre dès que le délai de réponse laissé au gouvernement aura expiré.
La loi climat et résilience du 22 aout 2021 demande à ce que les surfaces de vente supérieures à 400 mètres carrés consacrent au moins 20% de leur espace à la vente en vrac. L’affichage de la saisonnalité pour les fruits et légumes devient aussi une obligation. Mais il peut être dématérialisé et accessible par QR Code comme cela a pu être obtenu par Interfel. Pas sûr que cela impacte beaucoup le comportement du consommateur. En revanche nous allons avoir de beaux débats pour définir collectivement la saisonnalité selon les terroirs et les origines.
La loi Egalim 1 de 2019 avait sorti les fruits et légumes frais de la contractualisation obligatoire issue de la loi dite LMAP de 2010 et jamais appliquée au sens voulu par le législateur. La loi Egalim 2 du 19 octobre 2021 réinstitue la contractualisation obligatoire. Nous sommes en attente du décret qui doit exempter les fruits et légumes frais de cette contractualisation obligatoire. Pour autant, dès lors qu’il y aura un contrat écrit il devra être conforme aux exigences de la loi pour une durée minimum ramenée à un an et être adossé à des indicateurs. L’étude d’impact reste à faire.
En revanche il devient plus utile que jamais de produire des indicateurs pour les éléments principaux constitutifs de nos prix de revient pour qu’ils aident à la prise en compte des hausses lors des négociations commerciales. Ces indicateurs sont élaborés par le CTIFL, ils vont être complétés de données qualitatives de disponibilité des matières. Nous aurons à les promouvoir et à les diffuser.
Nous avons aussi à analyser scrupuleusement l’arrêt de la Cour d’appel de Paris du 1er juillet 2021 sur l’affaire endives. Cet arrêt légitime les AOP dans l’exercice des missions qui leurs sont conférées par l’OCM mais toujours pas vraiment acceptées par l’autorité de la concurrence.
Nous avons créé une commission pour nos vergers en agriculture biologique afin d’accompagner le développement du potentiel de production en mettant à disposition de nos membres les éléments qui permettent d’éclairer les choix de chacun. Il s’agit d’inventorier les surfaces, les variétés, d’établir des prévisions de récolte et de suivre les stocks.
De nouvelles ambitions pour la poire nous conduisent aussi à conforter une commission poire pour donner tous les atouts nécessaires aux acteurs du projet. Je souhaite rappeler au passage l’implication efficace de l’ANPP et la FNPF au côté des pépiniéristes dans le dossier pear décline et souligner la réactivité de Bertrand Bourgouin et de la DGAL dans ce dossier. L’arrachage généralisé des pépinières françaises de poires a ainsi pu être évité.
Pour tous ces travaux que nous conduisons nous devons précisément être au clair sur le champ des possibles qui nous est accordé par notre statut d’AOP.
La cohésion de notre association, sa visibilité, sa pertinence et sa force sont tout entières liées au label Vergers Ecoresponsables et à la Charte des pomiculteurs à laquelle elle est adossée.
La commission marketing animée par Béatrice et Sandrine porte chaque année un peu plus loin l’ambition et les contenus du label. Un grand merci à Sandrine et Béatrice pour leur dynamisme et la qualité de leur travail en binôme de choc. De super label qu’il est devenu nous le voulons méta-label. Un label de référence, transversal, multi produits et multi filières.
Pour la première fois l’agence de communication est commune avec l’AOP pêches et abricots de France. Nous avons ainsi une cohérence de communication dans le ton, les messages, la signature tout en respectant les objectifs de chaque association.
Au fil des ans, la notoriété du label s’impose. Beaucoup de créativité, de la constance dans le projet et un peu de budget nous donnent des résultats enviables dont il faut se féliciter.
Le lien de confiance avec la distribution et les consommateurs est notre principal atout pour développer et sécuriser notre marché national. Nous espérons toujours que la puissance de notre système Charte qui va du verger jusqu’au consommateur, le moteur de progrès agroécologique qu’il incarne, nous permette d’être mieux écouté par la puissance publique et les politiques.
Nous travaillons aussi à leur demande à l’élargissement du label pour d’autres fruits comme la prune ou le kiwi.
L’ANPP est membre et participe aux travaux dans des organisations influentes qui constituent un réseau indispensable pour atteindre des objectifs communs.
La Fédération Nationale des Producteurs de Fruits aux côtés de la présidente Françoise Roch et de la directrice Stéphanie Prat et son équipe. Je participe pour la fédération à la commission emploi de la FNSEA.
Nous sommes évidemment membres de la GEFEL aux cotésdes autres AOP ou associations nationales de fruits et légumes. Nous travaillons en grande proximité avec Paul Faburel le directeur et Bruno Darnaud le président. C’est dans ce cadre que nous investissons pour lutter plus durement contre la francisation de nos produits.
GEFEL est membre de l’interprofession des fruits et légumes frais et c’est au nom de cette famille que je suis secrétaire général d’Interfel et président délégué de la commission économie. Les AOP et l’ANPP au travers de la GEFEL et par leurs liens privilégiés avec FELCOOP et l’ANEEFEL sont très actives au sein de cette association. Un dialogue interprofessionnel fructueux est absolument nécessaire pour l’avenir de notre filière. Laurent Grandin commence un nouveau mandat à la présidence ainsi que jacques Rouchausséà la présidence du CTIFL. Il est à noter que Louis Orenga cédera sa place au début de l’année 2022 à un nouveau directeur qui vient d’être recruté. Un beau challenge à relever au regard de l’excellent travail accompli par le directeur actuel.
La commission internationale d’Interfel est essentielle pour la pomme qui avec le kiwi représente la quasi-totalité des exportations hors UE. Elle est co-présidée avec vigueur par Eric Guash et Christophe Belloc et solidement animée par Daniel Soares et son adjointe Marion Kukuski. Grâce à l’action d’Interfel et des budgets alloués, nous œuvrons pied à pied pour consolider et ouvrir nos accès aux marchés dans tous les pays où il reste stratégique d’aller. Et cela malgré nos réelles difficultés de compétitivité et de volumes à exporter.
L’ANPP est membre de l’Afidem, l’interprofession des fruits double fin dont le champ de compétence concerne la part destinée à la transformation. L’ANPP en assume la présidence en alternance avec les industriels. La campagne passée a été très tendue de par une offre de pommes d’origine France et VER insuffisante au regard des engagements pris par les industriels envers la distribution. Nous entrons à nouveau dans une période plus difficile pour différencier et valoriser notre origine. Les cahiers des charges se sont plus ouverts à l’origine UE. Au sein de l’Afidem sous la direction d’Isabelle Jusserand nouvellement en poste, Juliette Poirier met en œuvre le projet Fil Fruit Transfo qui explore les possibilités d’accompagner la demande de fruits d’origine France par la création de vergers dédiés, adaptés, performants et rentables. Quel que soient les résultats obtenus cette somme de travail nous sera utile. Nous ferons qu’elle le soit. Je souhaite au nom de l’ANPP adresser de nouveau nos remerciements à Denis Bergère pour son travail à la tête de cette interprofession des fruits double fin.
La commission économie et la commission transformation, toutes les deux présidées par Albert Richard et dirigées par Vincent Guérin avec talent et stoïcisme, au-delà des prévisions, statistiques et suivi des stocks qu’elles produisent, ont du pain sur la planche et nombre de sujets liés aux lois AGEC et Egalim 2 s’imposent à l’agenda.
Il est à rappeler bien sûr que nous sommes membres de Freshfel et de WAPA présidée en ce moment par la Pologne avec Dominik Wosniak. Depuis un an et demi nous n’échangeons quasiment que par visio et Philippe Binard qui dirige des deux organisations avec une équipe brillante a fait de son mieux pour traiter les nombreuses questions qui se sont posées et animer dynamiquement le réseau depuis l’arrivée du Covid. Il est toujours très utile et stratégique d’être très présent et de coopérer avec nos collègues qui représentent les pays producteurs de pommes et de poires du monde. Il est à souligner que Vincent Guérin participe activement au groupe expert pomme et poire de la commission européenne aux côtés de Marc Peyres.
Le 1er et le 2 juillet nous avons organisé un séminaire avec un certain nombre d’entre vous, nos collaborateurs et des animateurs rompus à l’exercice. Nous en sommes venus à nous poser cette question choc. Nous sommes en 2030, le verger français de pommes et de poires a disparu. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Cette façon d’aborder l’avenir permet de faire s’exprimer tous les signaux forts ou faibles qui s’ils ne sont pas maîtrisés ou dépassés nous mèneront à la faillite. Nous verrons cet après-midi face à quel chantier nous sommes. Evidement notre parti pris est que nous devons trouver comment surmonter toutes les difficultés mais aussi de nous donner les moyens de contrecarrer toutes celles qui peuvent encore être évitées.
Cette assemblée générale est élective et nous accueillons de nouveaux administrateurs. Nous allons constituer un nouveau bureau. Cette nouvelle équipe va donc avoir la tâche excitante et passionnante d’élaborer et de mettre en œuvre un plan stratégique qui doit faire suite aux travaux du séminaire.
Nous aurons à nos côtés Sandrine, Régine, Sophie qui vient de nous rejoindre, Anne Laure, Vincent et Xavier. Mais ce sera sans Josselin qui nous quittera en ce début d’année pour commencer une nouvelle vie d’entrepreneur, de brasseur alsacien.
Je connaissais un peu Josselin lorsqu’il travaillait à Interfel. J’ai souhaité qu’il nous rejoigne en 2012. Après le départ de Florence Rossillion je lui ai proposé d’assumer la direction de l’association. Les débuts ont été un peu difficiles pour lui. Il s’intéressait à tout, se mêlait de tout, testait tout, courrait après toutes les balles, inquiétait et déroutait sans doute ses collègues. Il avait des comptes rendus en retard et oubliait souvent quelque chose.
Il a fallu un peu de temps et puis j’ai senti que les crispations diminuaient. Au sein de l’équipe comme avec les professionnels, chacun ressentait sa maitrise relationnelle, sa communication convaincante, son talent de pacificateur en même temps qu’il pouvait affirmer des positions dures.
Manageur patient et suave, qui maitrise les chiffres, doté d’une bonne mémoire, les dossiers bien rangés dans sa tête qu’il peut ressortir et présenter clairement avec pédagogie, chacun lui a reconnu son titre de directeur. Au sein de l’association comme à l’extérieur.
Et puis s’est révélé un Josselin aux aguets de tous les mauvais coups qui pouvaient nous être portés. Et il est devenu un stratège du lobbying. Un carnet d’adresse chez les parlementaires, au ministère, au sein des organisations, avec le levier efficace de notre agence Droits Devants, un puissant réseau s’est mis en place.
Il est passé maître dans l’art de faire déposer sur le fil un amendement. De mobiliser des caméras pour filmer un arrachage et faire pleurer au 20 h. Et même de mettre le feu à l’assemblée un soir de débat sur le TODE.
Je lui souhaite tout le meilleur pour lui et sa famille et pleine réussite pour son projet. S’il met autant de talent à être brasseur qu’il en a mis au service de notre association, je suis convaincu que l’on ne parlera pas très longtemps de bière artisanale et qu’à la place d’Heineken je commencerai à me faire du souci.
Je suis sûr de me faire le porte-parole de tous en disant tout le plaisir que nous avons eu à travailler ensemble. Je souhaite aussi en votre nom à tous exprimer notre plus vive reconnaissance pour le travail effectué et l’affirmation de l’ANPP à laquelle il a fortement contribué.
Et pour ce qui me concerne j’ai vivement apprécié notre collaboration. Il m’a été facile d’être président avec Josselin directeur.
Notre nouveau directeur sera parmi nous. Il va avoir la lourde tâche de succéder à Josselin. Mais il est solidement armé pour réussir. Nous l’accueillons avec un très vif intérêt pour tout ce qu’il va à son tour pouvoir nous apporter.
Je voudrai à cet instant remercier très chaleureusement notre trésorier Louis-Luc Bellard qui a finalement fait une année de plus que ce qui était prévu. Remercier aussi Alain Berger qui cède sa place pour la représentation de Cooplim. J’espère avoir l’occasion de vous voir encore sur vos terres l’un et l’autre du côté d’Angers ou de Saint Pardoux Corbier.
Merci aux membres du bureau, Guillaume, Christophe, Robert Pierre, Albert et Béatrice. Merci à tous les administrateurs. Et merci aussi à toute l’équipe, Sandrine, Sophie, Régine, Anne Laure, Vincent, Xavier et Loïc pour leur implication au service de nos membres.
J’ai depuis peu une aide précieuse de plus dans mon entreprise. Alors si vous le souhaitez je suis toujours volontaire et disponible pour travailler à nos causes communes pour quelques années encore.
Merci de votre attention.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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