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Rapport moral pour l'Association Nationale Pommes Poires. Faire face à la montée des périls et planter.

Rapport moral du Président. AG de l’ANPP du 2 décembre 2020.

Faire face à la montée des périls, et planter.

Mes chers collègues, l’exercice clos qui nous réunit aujourd’hui illustre parfaitement la tension permanente entre l’imprévisible qui surgit et qu’il faut surmonter et le cap précis à suivre sans dévier qu’indique notre boussole.

La récolte de poires de 2019 avec 121.000 tonnes se situait dans la moyenne faible de la décennie. En revanche avec 1.650.000 tonnes, la récolte de pommes était la troisième meilleure sur la même période. Un calibre moyen trop faible et des conditions climatiques difficiles qui ont entaché la qualité des variétés tardives, ont malheureusement limité la valeur attendue et nécessaire pour couvrir les charges du verger.

La fin de saison de commercialisation s’annonçait pour cela très difficile. C’est dans ce contexte qu’est survenue la crise sanitaire liée à la propagation rapide du virus Covid-19, en Chine d’abord, puis en Italie, en France, en Europe et dans le reste du monde.

L’annonce de mesures de confinement plus ou moins sévères et durables a suscité des achats de précaution qui ont profités à la pomme. La crainte des contaminations ont fait s’envoler les ventes de fruits préemballés en sachets plastiques ou barquettes filmées. Les petits calibres n’ont alors plus pesé sur le marché. Ce retournement de tendance aussi surprenant qu’inattendu s’est traduit par une amélioration sensible de la consommation et a permis une augmentation appréciable, bien que contenue, des prix à l’expédition.

Ce phénomène s’est aussi ressenti sur la demande hors de France. C’est ainsi que nos exportations ont pu dépasser les 400.000 tonnes sur la campagne. Une légère remontée après le point bas historique atteint l’année précédente avec seulement 360.000 tonnes, mais encore loin du niveau nécessaire au bon équilibre de nos marchés.

La campagne de commercialisation 2019-2020 s’est donc heureusement mieux terminée que prévu.

Dans un monde économique quasiment à l’arrêt, l’agriculture, l’agroalimentaire, la distribution auprès des consommateurs ne pouvaient interrompre leur mission nourricière. Il a bien entendu fallu surmonter toutes les difficultés liées à la sécurisation des travailleurs, désinfecter à longueur de journée les équipements et les locaux, trouver des masques et du gel hydro alcoolique, palier aux absences des personnes fragiles ou en charge d’enfants. Mais nous devons nous réjouir de faire partie des activités les plus indispensables du pays et de ne pas avoir eu d’autre choix que de continuer notre activité.

Dans cette épreuve, l’association s’est révélée être un atout précieux pour nos organisations comme pour chacun d’entre nous. Un groupe WhatsApp a été immédiatement crée qui a permis à 60 dirigeants de toutes les régions de partager en direct des informations ou de trouver une réponse rapidement à une interrogation vive. Des réunions téléphoniques fréquentes qui sont devenues depuis des réunions Team’s en visioconférence ont permis d’échanger sur toutes les problématiques liées à la crise et de partager nos expériences. Mails, lettres d’information, revue de presse, ont complété le dispositif auprès de tous les adhérents et de leurs membres.

La force et la richesse du réseau que nous constituons, la confiance et la proximité qui se sont au fil du temps installées entre nous, ont permis de rompre tout au long de la crise la solitude pesante du chef d’entreprise face à des situations inconnues et stressantes.

L’équipe de collaborateurs s’est saisie avec une parfaite réactivité de toutes les questions collectives qui se posaient au jour le jour pendant cette période inédite. De l’achat groupé des premiers masques disponibles sur le marché au suivi quotidien de la désorganisation de l’accès à la main d’œuvre et des conditions de logement, en passant par la veille et le décryptage des arrêtés nous concernant, nos collaborateurs en télétravail se sont mis en continu en mode gestion de crise.

L’inventaire des impacts, des infléchissements ou des accélérations de trajectoires antérieures liés à cet épisode sanitaire qui perdure promet d’être consistant. Mais on peut déjà  dire avec certitude que les outils de visioconférence sont entrés durablement dans notre quotidien. Les réunions de personnes dans un même lieu, qu’elles soient confidentielles ou géantes, auront toujours leur pertinence et leur nécessité. Mais un très grand nombre d’échanges gagneront en efficacité, en confort et en temps passé grâce à ces formidables canaux de communication. On se pince en pensant qu’avant mars 2020 réussir une visioconférence relevait encore du tour de force technique.

Transports, hôtellerie et restauration en seront forcément durablement impactés. Parce que passer de son verger à une réunion locale, nationale, européenne ou internationale sans bouger et sous le soleil est la nouvelle réalité. L’isolement rural disparait maintenant pour de bon. Les opérateurs qui facturent les réunions téléphoniques aussi.

Nous avons commencé à désapprendre d’aller en ville pour un oui ou pour un non. L’air y sera pourtant désormais plus pur. C’est une évolution considérable et qui va se poursuivre. Travail et réunions depuis chez soi dans toutes les situations qui s’en accommodent bien, en plus de l’achat distant qui prospère, vont modifier en profondeur la vie sociale et économique.

C’est une nouvelle donne dont nous aurons à évaluer l’impact sur la distribution et la consommation des pommes et des poires et connaître les menaces et les nouvelles opportunités que cela génère.

La mise en marché de la récolte 2020 qui a commencé et se poursuit encore sous état d’urgence sanitaire confirmera sans doute quelques tendances.

En pommes, avec 1.350.000 tonnes, nous avons récolté cet automne la troisième plus faible récolte après 1991 et 2012.  La récolte de poires est en revanche meilleure de 7%  par rapport à l’an passé avec 130.000 tonnes.

L’alternance prononcée constatée au printemps est sans doute consécutive à la floraison abondante de l’année précédente que l’éclaircissage n’a pas pu contrôler suffisamment tôt. Mais il semble aussi que l’absence d’un froid marqué l’hiver dernier ait amplifié le phénomène. Et puis sécheresse et jours de canicule cet été suivis d’un automne toujours chaud ont aussi limité le grossissement des fruits. C’est la variété golden qui paie le plus lourd tribut de ce mauvais retour à fleur.

En revanche la qualité est belle et les écarts de tri destinés à l’industrie sont en baisse significative en ce début de campagne.

La récolte européenne avec 10.700.000 tonnes est identique celle de l’année précédente et donc à l’étiage bas des dix dernières années. Au sein de cette récolte en UE il y a un peu plus de pommes à l’est avec une hausse de 500.000 tonnes en Pologne par rapport à l’an passé. C’est autant de moins à l’ouest, dont 300.000 tonnes pour la seule France.

Dans ce contexte les prix sont évidemment soutenus pour la plupart des variétés, en frais comme à destination de la transformation. La variété Gala souffre cependant de la faiblesse de nos exportations maritimes où l’offre France est nécessairement plus chère que celle de nos compétiteurs qui progresse fortement. Pour autant, les metteurs en marché restent fermes sur leur position. Les volumes vendus sont donc modérés mais cohérents au regard des stocks.  

Si la récolte 2020 est dans l’ensemble de belle qualité, il faut quand même rappeler à quel prix elle a pu être obtenue. Jamais il n’avait été aussi difficile de se protéger des pucerons cendrés et bien souvent de la tavelure.  Sans parler des hoplocampes et autres anthonomes, punaises ou tordeuses orientales.

L’heure est très grave. Notre capacité à protéger nos arbres et nos fruits contre les maladies et ravageurs est à ce jour clairement compromise.

Rien ne garantit désormais que les dérogations annuelles indispensables pour utiliser certaines substances naturelles comme l’azadirachtine ou la bouillie sulfo-calcique en agriculture biologique soient reconduites par la France en 2021.

Après le retrait au mois d’octobre du Mancozèbe par l’UE, c’est au tour du Captane de faire face à un risque très élevé de non-renouvellement en juillet prochain. Quant au Dithianon l’inquiétude restera fondée tant que les données permettant une nouvelle approbation de la molécule ne seront pas déposées auprès de l’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) en août 2021.

Autant dire qu’en cas d’échec il ne resterait plus alors que le cuivre pour se protéger de la tavelure et faire de misérables récoltes moches et invendables.

Aux interdictions qui sont décidées à l’échelle européenne viennent en plus s’ajouter celles décrétées en France par les parlementaires ou les juges. En dévoiement total avec les procédures instituées qui délèguent cette compétence à l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail).

L’évaluation conjointe des bénéfices attendus par l’utilisation d’une matière active en relation avec les risques encourus cède désormais la place à la seule prise en compte des dangers.

C’est à cette aune qu’ont été conçues les orientations européennes du Green Deal et de la politique agricole Farm to Fork. En France, c’est plus clairement encore la sortie des pesticides de synthèse qui est l’objectif politique le plus consensuel. Les substances naturelles sont pour l’instant encore auréolées d’innocuité mystique. Une fin des pesticides de synthèse annoncée pour 2030 par exemple par le Président de la Région Nouvelle Aquitaine Alain Rousset. Sans être vraiment contestée par les organisations agricoles.

Une lueur d’espoir s’est pourtant faite jour quand l’ANSES a confirmé qu’il n’y avait pas d’alternatives acceptables à l’emploi du glyphosate au pied des arbres en arboriculture. Bien que limitée à 900 grammes de matière active par hectare et par an, la préconisation nous avait fait pousser un ouf de soulagement. La dérogation donnée pour deux ans à l’application d’un néonécotinoïde sur les betteraves pour contrôler le puceron semblait nous rappeler aussi que, face à un risque économique majeur et avec un dossier bénéfice risque tout à fait acceptable, la raison pouvait encore l’emporter.

Il a fallu bien vite déchanter avec l’annonce du Président en mal de reconnaissance verte qui s’engage maintenant pour que l’interdiction du glyphosate soit effective dans deux ans en UE. Au mépris du respect des critères et du système d’homologation en vigueur. La promesse faite d’un coup de menton lors du salon de l’agriculture, fut-elle absurde, doit être tenue afin de crédibiliser à bon compte son engagement écologique.

Ce n’est que face à la réalité de la ruine d’exploitations agricoles qu’un éventuel retour à la lucidité pourra avoir lieu. Et encore faudra-t-il que le choc soit brutal et de grande ampleur. Sinon, à bas bruit, la disparition des cultures compensée par l’importation passera sous les radars médiatiques, donc politiques.

Le combat pour éviter à tout prix d’être totalement démunis face aux maladies et ravageurs a donc nécessairement pris la première place dans les priorités de l’ANPP.

Ce combat nous ne le menons pas seuls. Nous prenons l’initiative, et nous coopérons en réseau avec d’autres organisations agricoles qui redoutent de faire face aussi à des impasses, quand elles n’y sont pas déjà.

Nous cosignons notre requête pour le dithianon et le captane avec la FNPFruits (Fédération des Fruits), FELCOOP (Fédération des Coopératives), GEFEL (Gouvernance Economique des Fruits et Légumes) et la Fédération Nationale des Producteurs de Fruits à Cidre. Nous ajoutons en plus l’AGPB (Blé), l’UNPT (Pommes de Terre), la FN3PT (Plants de pommes de terre), Légumes de France et la FOP (Oléo protéagineux) pour notre revendication de pouvoir utiliser en France comme dans le reste de l’Europe le sulfoxaflor et la flupyradifurone.

Malgré le poids agricole et économique représenté par ce pack de produits et d’organisations, force est de constater que ni l’administration ni le Cabinet du Ministre ne nous accusent réception de nos courriers.

Nous travaillons aussi avec assiduité avec quelques députés et sénateurs investis sur les questions agricoles pour tenter de faire percevoir en haut lieu les réalités inquiétantes du terrain.

Nous avons en plus mobilisé Freshfel et son excellent directeur Philippe Binard à Bruxelles pour animer la coopération avec les autres organisations représentatives des Etats européens producteurs de pommes concernés tout autant que nous par les retraits de matières actives à l’échelle de l’Union. Il faut aussi citer l’association Audace dont nous sommes membre et son président Daniel Rocque qui maîtrise les arcanes des décisions sur ces sujets en EU.

Quelques trop rares journalistes prennent aussi la plume ou tendent leur micro pour que s’exprime l’évaluation rationnelle des choses.

Mais face à cette dérive incontrôlable qui promet de laminer à très court terme le verger français, le déploiement de toute l’énergie disponible des têtes de réseau ne suffit pas.

Soyons conscient que la sujétion au pouvoir de l’INRAE et, dans une bien moindre mesure quand même, de notre centre d’expérimentation pour les fruits et légumes, qui a su faire un excellent rapport sur le désherbage en verger, tempère l’expression des impasses techniques auxquelles nous commençons à faire face. Ces messages quand ils existent sont masqués et adoucis par la promesse d’alternatives de bio contrôle et de parti-pris agro-écologiques aux effets rapides et magiques. Les autorités n’aiment rien tant que d’entendre ces perspectives idylliques sans s’arrêter à croire les alertes que nous formulons sur le calendrier impossible pour les transitions à opérer.

Il faut aussi reconnaître que les arboriculteurs que nous sommes, avec nos organisations commerciales, participons pleinement des ambiguïtés et de la confusion ambiante. La compétition sur les marchés nous a fait entrer dans un engrenage de surenchères d’engagements à se passer de certaines matières actives. Les distributeurs, dont la tenue des rayons laisse pourtant souvent à désirer, plutôt que de choisir d’être seulement de bons primeurs, ont préféré miser sur nombre d’allégations autour des pesticides pour se différencier et attirer le chaland.

De cahiers des charges en interdictions, co-écrits nous dit-on avec les producteurs, les itinéraires techniques au verger qui doivent satisfaire plusieurs circuits de distribution sont au bord d’un dieselgate.

La quadrature du cercle que nous avons à résoudre est la suivante. D’un côté, travailler sans relâche à la transformation en profondeur de notre verger pour qu’il soit un jour composé principalement de variétés rustiques, tolérantes à la tavelure et à d’autres ravageurs, auto éclaircissantes et sans alternance. Les variétés sensibles, quant à elles, seront sous filets et sous des bâches que l’on ouvrira au printemps pour les refermer à la fin des projections d’ascospores. Les sols seront totalement enherbés, voire légèrement grattés sous le rang. Au total, nous devons clairement faire preuve d’un engagement agro écologique déterminé, mettre en œuvre la plus pertinente biodiversité fonctionnelle et donc alléger autant que faire se peut le recours aux intrants.

Dans le même temps, pour ne pas avoir disparu avant d’avoir atteint l’objectif, il nous faut redevenir solidaire sur la préservation de nos moyens à produire et n’accepter que l’Etat comme interlocuteur pour tout ce qui touche à la protection phytosanitaire de nos vergers. Nous ne devons plus accepter de laisser un distributeur, aussi bon partenaire soit-il, s’immiscer dans nos cahiers des charges pour restreindre au-delà de la réglementation les matières actives homologuées utilisables.

J’ai demandé à ce que vous soyez informés en direct de toutes les démarches que nous engageons pour préserver notre capacité à contrôler les maladies et ravageurs. Il doit être su de nos interlocuteurs que chacun de vous, au pied de vos arbres, dans vos vergers, êtes impliqués et informés. Seul le sentiment qu’une jacquerie peut survenir peut faire se dresser l’oreille d’un politique de nos jours.

Tout cela concoure pour que notre Charte Qualité des Pomiculteurs de France et son label Vergers Ecoresponsables soit fédératrice de nos combats d’aujourd’hui et de nos engagements pour demain.

« Ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est la difficulté qui est le chemin » disait Soeren Kierkegaard. Eh bien Vergers Ecoresponsables est ce difficile chemin des crêtes qui nous appartient et que nous devons suivre solidairement. Il nous faut enjamber un à un les cahiers des charges qui surviennent de partout et qui ne nous appartiennent pas sans jamais faiblir sur le nôtre. Nos exploitations seront certifiées Global Gap, Haute Valeur Environnementale, Bio, que sais-je encore, mais les Vergers seront écoresponsables.

L’engagement d’une surface de verger de plus en plus grande en agriculture biologique doit également s’inscrire dans notre Charte Qualité des Pomiculteurs de France. Le parti pris de ne recourir qu’aux intrants agrées pour l’agriculture biologique ne dispense pas de répondre aux engagements multiples, d’assistance technique, de moyens d’évaluation des risques, d’optimisation de l’irrigation, de traçabilité et de sécurité sanitaire.

A l’heure où l’encombrement du marché commence à se faire sentir, la segmentation Vergers Ecoresponsables et AB doit permettre une meilleure pénétration de l’offre bio des producteurs de l’ANPP auprès des consommateurs.

L’ANPP, Blue Whale et l’association Pink Lady se sont associés pour travailler à un objectif bas carbone du verger jusqu’à l’expédition. Le dossier baptisé Peren a été retenu par l’ADEME dans le cadre de son appel à projets Green Go 2020-2038. L’approche systémique revendiquée par Vergers Ecoresponsable se devait d’intégrer l’impact carbone dans les choix des itinéraires techniques à suivre. Nous serons pour cela accompagnés par Dominique Grasselly et ses équipes au CTIFL, l’INRAE et l’INRAE transfert.

Le potentiel de production du verger français de pommes nécessite d’exporter toujours plus d’un tiers de la récolte destinée au frais. Notre déficit de compétitivité, en plus des risques liés à la conservation des fruits qui doivent supporter quelquefois de longs trajets, nous met à la peine face à nouveaux concurrents dont la production se développe.

La France est pourtant encore le pays producteur qui a un accès au nombre le plus élevé de pays importateurs sur la planète. C’est le privilège de nos exportateurs que d’avoir depuis longtemps défriché les nouveaux marchés pour accompagner une production qui se développait rapidement.  

La situation évolue. En quinze ans nous avons baissé de moitié les quantités exportées. Hors Europe les variétés internationales devenues des matières premières s’achètent au coût le plus bas. La réputation de l’origine ne suffit plus à justifier un écart de prix de 20 à 30 % avec les pommes de l’est.

A l’heure de la diversification variétale, c’est par l’offre singulière de variétés développées en Clubs ou spécifiques à l’origine France qui peut permettre de revendiquer une part d’étal sur ces marchés. La sécurité sanitaire que l’on peut associer à l’origine ainsi que la singularité de l’image du pays soutiendront ces stratégies. Ce parti pris est déjà à l’œuvre. Reste à trouver les variétés coup de cœur pays par pays qui permettront la réussite.

La coopération de l’ANPP avec Interfel pour veiller à l’accès aux marchés est efficace. La présence régulière sur tous les grands salons de la planète, sous la houlette de Daniel Soares et de la Commission internationale d’Interfel, co-présidée par Eric Guasch et Christophe Belloc, où se rencontrent les opérateurs mais également les autorités politiques et administratives, est un atout précieux.

Le nouveau programme triennal de communication déposé auprès de l’UE pour la première fois a été totalement retoqué. Nous avons bon espoir que l’interprofession mobilise une part plus importante de son budget pour compenser en partie les moyens qui feront défaut. L’absence de financements européens donnera aussi plus de latitude pour communiquer sans faux fuyants sur le drapeau français hors d’Europe. Moins d’argent c’est quelquefois plus d’indépendance et d’efficacité pour atteindre le but pragmatique que l’on se donne.

Que ce soit au sein de l’ANPP ou de l’association le Crunch, en coopération avec Interfel, des stratégies collectives s’élaborent pour développer des opportunités sur les marchés extérieurs et accompagner les initiatives des entreprises exportatrices.

La qualité récoltée cette année génère peu d’écarts de tri pour la transformation en jus ou en compote. Comme en plus la récolte est faible, le déséquilibre entre l’offre et la demande a fait monter les prix. L’écart est significatif cet automne comparativement aux années passées.

Nous étions déjà près du croisement des courbes entre l’offre et la demande. Les volumes de compote consommés augmentent et offrent toujours de belles perspectives. Dans le même temps l’offre stagne, quand elle ne baisse pas brusquement comme cette année.

Grace à la préférence pour l’origine France et aux garanties apportées par Vergers Ecoresponsables, les entreprises Materne et Charles et Alice se sont engagées à s’approvisionner exclusivement sous ce label pour les produits sous leur marque. Nous devons faire le maximum pour que leur approvisionnement soit satisfait.

La question se pose maintenant de savoir si la croissance de la demande de fruits pour la compote doit être laissée à l’importation ou s’il existe une possibilité d’y satisfaire en France. C’est dans cet objectif et dans le cadre de l’interprofession Afidem que nous portons le projet FilFruit Transfo par lequel, avec le concours d’un ingénieur recruté pour 18 mois et une coopération avec l’INRA et le CTIFL, nous allons explorer les conditions et la faisabilité de vergers dédiés quasi exclusivement à la transformation.

Le challenge n’est pas mince. A côté d’écarts de tri rarement vendus à leur prix de revient, sera-t-il possible de faire coexister un deuxième marché contractuel de longue durée qui motivera un arboriculteur pour investir dans une plantation et prendre tous les risques que l’on connaît ?

Développer la production de poires pour se réapproprier une part de marché au-delà des 50% actuels en France. Maintenir, transformer voire développer le verger français de pommes. Satisfaire les consommateurs sur tout le territoire et partout dans le monde là où s’importent des pommes. Voilà la volonté qui nous anime à l’ANPP.

Pour réussir nous devons à la fois faire face à la montée des périls, surmonter tous les écueils qui se présentent. Le risque politique est le plus élevé et le plus prévisible à ce jour. Il est difficile de savoir quel sera le coût en arrachages et en abandon d’activité des idéologies à l’œuvre avant que de nouvelles orientations et une administration coopérante à nos côtés ne permettent la réussite de nos projets. Le cap est clair, les troupes sont solides, nous réussirons. Il faut encore planter !

Comme chacun sait on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. C’est pourquoi, parallèlement aux luttes difficiles que nous devons mener, il faut enchanter la pomme et la poire sous label Vergers écoresponsables. Nous y sommes d’autant plus invités que les investissements collectifs que nous réalisons depuis plusieurs années paient de plus en plus en notoriété auprès des consommateurs. Au-delà de la confiance que doit susciter notre label, c’est le plaisir de croquer un fruit savoureux et santé qui doit être transmis. Chacun de nous aux côtés des équipes de l’association, avec nos partenaires, avec l’aide de leaders d’opinion ou d’influenceurs, doit cultiver une image attractive de la pomme et de la nature qui nous l’offre. Les producteurs d’abricots, de pêches et de nectarines sont aussi engagés dans cette voie à nos côtés et contribuent à renforcer l’impact du label VER.

Notre engagement pour VER s’accompagne aussi du changement de la raison sociale de la SAS Pommes Poires Communication qui devient SAS Vergers Ecoresponsables.

Les solidarités qui se construisent à l’ANPP passent aussi par le partage d’informations et de chiffres. L’intelligence économique est toujours au cœur de la construction de notre réussite. Une commission Bio se met en place pour œuvrer à une connaissance précise de l’évolution des surfaces en conversion puis agréées ainsi que des volumes récoltés. L’analyse fine des évolutions de consommation et du comportement des marchés est à assurer.

Une fois de plus, malgré toujours plus de longueur, j’ai forcément omis nombre de sujets que ce rapport moral devrait traiter.

Je devrais sans doute rappeler avec plus d’insistance le travail accompli par l’ANPP et la FNPFruits pour défendre le dispositif d’allègement de charges TODE si indispensable pour nos exploitations. Il est reconduit pour deux ans et nous en réjouissons. Mais deux ans c’est court. Alors au sein de la Fédération des Fruits dont nous sommes membres, nous œuvrons avec les collaborateurs et les collègues des autres productions, avec Légumes de France et la FNSEA à ce que ces allègements soient pérennisés bien au-delà.

Notre implication dans l’association pour la promotion de la Haute Valeur Environnementale dont notre directeur est le secrétaire général s’est traduit entre autres par l’obtention pour deux ans d’un crédit d’impôt de 2500 euros par entité disposant d’une certification HVE en cours de validité en 2021 ou nouvellement obtenue en 2022.

L’association a maintenant douze ans et Vergers Ecoresponsables fête ses 10 ans. Beaucoup de travail a été accompli. Nous agissons de plus en plus en réseau avec tous les partenaires pertinents pour faire avancer nos dossiers. Nous préférons travailler à des réussites collectives plutôt que de risquer des tentatives individuelles bien moins assurées de succès. Nous sommes pour cela en relation et en partenariat avec le maximum d’acteurs en lien avec nos préoccupations. L’agitation des idées qui en découle est aussi notre moteur d’innovation. Il faudrait un additif à ce rapport pour les citer tous.

L’engagement, la compétence, la pertinence et l’efficacité de l’équipe n’est plus à démontrer. L’implication des professionnels à leur côté, la complémentarité dynamique et confiante qui s’est instituée entre tous est devenue une force puissante pour les challenges que nous avons à relever.

Je remercie vivement les administrateurs de l’association, les membres du bureau, les présidents de commission, les membres de nos organisations, commerciaux, techniciens et producteurs qui s’impliquent dans nos travaux.

Je me félicite de l’ambiance de nos conseils d’administration, de l’écoute de chacun et des consensus que nous savons réussir pour administrer notre association.

Je remercie tout particulièrement Louis Luc qui assume depuis la création de l’ANPP la fonction de trésorier et qui nous quitte aujourd’hui pour d’autres engagements.

Je remercie très chaleureusement toute l’équipe de l’ANPP. L’équipe qui se consacre depuis Toulouse à notre communication mais aussi à d’autres tâches sous l’autorité de Sandrine, Régine, Anne-Laure et Martine. Vincent qui depuis Angers collecte les données économiques et en distille la substantifique moelle. Depuis Paris sous l’autorité de Josselin, directeur et lobbyiste infatigable de l’ANPP accompagné de Xavier en charge de toutes les questions en lien avec notre Charte et nos moyens à produire. Grand merci aussi à Loïc, notre retraité actif, qui tient si bien nos comptes.  

Un immense merci à Martine qui fait valoir cette fin d’année ses droits à la retraite après plus de 40 années passées au service de nos organisations et depuis plus de 25 ans à la pomme et à la poire.

Pour ce qui me concerne, en même temps que je continue de planter et d’investir avec mes associés dans l’OP Charentaise Fruitière et dans notre entreprise, je reste disponible et fortement motivé pour travailler avec vous tous à notre réussite commune. Je suis pour cela impatient de vous voir dans vos vergers et vos stations fruitières pour me ressourcer de vos idées, de votre dynamisme et de votre énergie.

Et puis après cette année étrange qui depuis le salon de l’agriculture a vu annuler tous les salons et limiter nos rencontres, le séminaire de réflexion stratégique que nous avions programmé pour juin prendra tout son sens dès que les conditions de son organisation seront réunies.

Merci de votre attention.

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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