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Bilan et perspectives pour la pomme et la poire en France. AG ANPP du 6 décembre 2018

Mes chers collègues, nous savons aujourd’hui que ce n’est pas une légende, la notion de gravitation universelle est bien venue subitement à l’esprit d’Isaac Newton alors qu’il se tenait assis sous un pommier dans une humeur contemplative. Il a eu cette révélation lumineuse en se demandant pourquoi une pomme tombe toujours perpendiculairement au sol après s’en être pris une de trop sur la tête.

Pour ce qui nous concerne, humbles pomiculteurs, c’est un tapis de bombes assourdissant et éblouissant qui nous tombe dessus au quotidien. Il est  fait d’images, de textes, de chiffres, de sons, de twitts, de mails, de déclarations, d'événements comme de lois et de réglementations. 

Alors, je vous propose que l’on se mette à notre tour quelques instants au calme sous un pommier, en regardant avec distanciation ce flot continu d’informations qui nous submerge. Peut-être percevrons-nous alors à notre tour quelque loi fondamentale inexpliquée ? Mais à coup sûr, nous parviendrons à identifier les menaces et les opportunités qui se révèlent ou s’accentuent pour la production de pommes et de poires en France. De cette analyse nous pourrons alors confirmer ou infléchir notre stratégie collective et le plan d’action qui en découle.

Il est en effet bien loin le temps où chacun vivait près d’un pommier et pouvait ainsi croquer la pomme en la cueillant lui-même sur l’arbre. Quelques millénaires de division du travail plus tard, les croqueurs de pommes vivent en effet dans leur grande majorité de plus en plus loin des arbres qui les produisent.

La compétition dès lors ne peut que s’exacerber entre les arboriculteurs. Pour se rémunérer, ils cherchent sans cesse à séduire les consommateurs par l’attractivité visuelle et la qualité gustative de leurs pommes. Atteindre par la variété, le terroir, le goût, l’aspect, l’emballage, la communication, la logistique, une certaine rareté de l’offre comparativement à la demande tout en maîtrisant le coût de revient et la régularité des quantités produites, tout cela est devenu la condition incontournable de la réussite économique.  

De ce point de vue, les arboriculteurs français font preuve de beaucoup de dynamisme et de créativité. D’ailleurs, depuis deux ou trois ans, l’érosion des surfaces s’est arrêtée et le taux de renouvellement des plantations s’améliore. La diversité variétale s’accentue encore avec une attention particulière maintenant à la rusticité génétique vis-à-vis des maladies et ravageurs.

Alors que la part du verger qui adhère au label Vergers Ecoresponsables progresse encore, on assiste aussi à une envolée des surfaces qui se convertissent à l’Agriculture Biologique pour faire face à une demande soutenue.

Les alliances et les regroupements des arboriculteurs vont bon train, les marques et les terroirs s’affirment. Depuis le verger jusqu’à l’expédition, la productivité progresse au fur et à mesure des investissements dans les innovations technologiques. La communication n’est pas en reste et les réseaux sociaux témoignent de l’intelligence et de la vivacité des messages qui singularisent chacun.

Sur les marchés locaux, comme dans plus de 80 pays dans le monde, les pommes françaises sont présentes partout.  

Les arboriculteurs et leurs groupements sont donc aussi dynamiques qu’ils le peuvent pour tout ce qui relève de leur compétence d’entrepreneur. En revanche, l’état concurrentiel des autres pays producteurs, la politique nationale et européenne, les lois, les normes et les règlements comme le contexte médiatique, tous ces facteurs s’imposent à nous et justifient l’action collective pour infléchir et faire évoluer tout ce qui peut l’être.

Avec une production de près de 1.5 million de tonnes, des importations pour la transformation comme pour le marché du frais qui oscillent aux environs de 150.000 tonnes et une consommation intérieure sous toute ses formes autour de 1.100.000 tonnes, ce sont plus de 500.000 tonnes qui doivent trouver leur marché hors de France. Ce qui représente une pomme sur trois dans nos vergers.

La question qui se pose à nous avec acuité est donc de savoir si l’attractivité de notre offre de pommes au prix que nous devons revendiquer sera suffisante pour s’imposer durablement face aux offres concurrentes hors de France? En clair, doit-on avoir peur du pommier polonais ou d’autres compétiteurs? Et devons- nous craindre les stratégies de reconquête de leur marché intérieur par nombre de nos clients?

Pour ce qui concerne la Pologne, la campagne 2018 2019 sera riche d’enseignements. Avec une production qui avoisine sans doute les 5 millions de tonnes pour une consommation intérieure en frais de tout juste 500.000 tonnes (38 millions d’habitants) et un embargo vers la Russie qui se durcit encore, le déséquilibre commercial est effrayant. L’effondrement abyssal des cours sur le marché intérieur, en frais comme à la transformation, qui s’ensuit depuis septembre a une influence bien au-delà des frontières de la Pologne. Parce que les tentatives d’ouverture des marchés par les expéditeurs se font éperdument tous azimuts à prix cassés. Fort heureusement, hormis quelques volumes significatifs de Gala, l’offre variétale polonaise ne se heurte pas frontalement à la nôtre. Pour autant, les marchés sont sous influence de cette offre à très bas prix, en Europe bien sûr, mais aussi au Moyen Orient, en Egypte ou vers le subcontinent indien.

L’expansion des vergers et des stations fruitières a été très exagérément soutenue par les fonds européens depuis l’entrée de la Pologne dans l’UE. La fermeture du marché russe en août 2014, qui a pu représenter pour ce pays jusqu’à 1 million de tonnes d’exportations, en même temps que le potentiel de production nouveau commençait à s’exprimer, conduit aujourd’hui à une situation folle. La catastrophe économique est bien en cours et semble irréversible à court terme.  

Comment et en combien de temps va se réajuster l’offre polonaise avec ses marchés ? La Pologne réussira-t-elle à devenir un grand pays exportateur hors de Russie ?

Le rééquilibrage de la production se fera dans la douleur, mais il est inévitable à très court terme. Les subventions ont créé l’illusion et la chute n’en sera que plus brutale maintenant qu’elles viennent à manquer. Pour ce qui est de devenir un grand pays exportateur, le challenge parait bien difficile compte tenu du panel variétal polonais peu international qui était presque totalement destiné au marché russe, maintenant durablement fermé et de plus en plus hermétique.  Et puis, des plantations importantes ont été faites ou sont en cours dans tous les pays voisins, côté UE comme plus à l’est.  

La Chine un temps perçue comme une alternative à l’embargo russe a donné lieu à une négociation politique du protocole d’accès à ce marché particulièrement rapide. Malheureusement, les premières expéditions ont été un échec et les chinois ont montré très peu d’intérêt depuis pour les pommes polonaises. Avec un gel de printemps très sévère qui a détruit près du tiers de la production chinoise, c’est l’année ou jamais pour la pomme polonaise de tenter à nouveau l’offensive et de vérifier si c’est un marché pour elle.

 

Reste le Moyen Orient, l’Egypte ou l’Inde ou la présence de l’offre polonaise influe déjà sur les marchés et entre en concurrence directe avec la France et l’Italie. Et puis en Europe bien sûr, les pommes polonaises peuvent se faire une place sur le marché par leur prix très attractif à la condition d’être d’une variété prisée par les consommateurs. 

Nous devons suivre de près ce qui se passe en Pologne cette campagne et les suivantes pour anticiper l’influence durable qu’auront les pommes de ce pays sur nos marchés.

Les visites de vergers et les rencontres avec les arboriculteurs et expéditeurs polonais d’une petite délégation de l’ANPP faites en marge du Prognosfruit qui se tenait à Varsovie cette année a été en ce sens très riche d’enseignements.

L’ANPP était aussi présente la semaine dernière à Bruxelles chez le directeur général de l’agriculture avec Freshfel aux côtés des représentants de la production d’Italie, de Hollande, de Belgique et de Pologne pour alerter la commission européenne et chercher des solutions à la situation catastrophique actuelle et à venir. Mais il y a peu d’espoir de ce côté-là. Eviter au Titanic de foncer tout droit sur l’iceberg est plus simple qu’infléchir une politique européenne qui a gravement faussé la concurrence.

Le Brexit est l’autre sujet d’inquiétude à court terme pour la pomme française. Le Royaume Uni est notre premier marché. Forcément, la perspective de la sortie de l’UE et du marché unique questionne sur les conséquences au regard des importations de pommes du Royaume Uni après le rétablissement d’une frontière et de futurs accords commerciaux de pays tiers à négocier. Pour autant le danger immédiat semble s’éloigner un peu avec une période transitoire supplémentaire.

L’action de Donald Trump sur la scène internationale influe aussi sur les circuits commerciaux de la pomme. Des opportunités sont à saisir, au Mexique ou en Inde par exemple grâce à lui. Pour cela nous devons avec les équipes d’Interfel obtenir le soutien politique nécessaire  et mobiliser autant que faire se peut l’administration française à Paris comme dans les ambassades pour ouvrir tous les marchés dignes d’intérêt qui peuvent l’être.

L’ANPP a participé assidûment aux travaux conduits dans le cadre de Sustain Apple. Initié par le GIS Fruits, ce programme de recherche s’est intéressé aux protocoles phytosanitaires à respecter pour accéder à certains marchés et a étudié l’efficacité comparée de différents pays exportateurs pour les obtenir. L’ANPP est aussi évidemment très présente à France Agrimer, au ministère comme aux côtés du service international d’Interfel pour travailler à l’ouverture des marchés.

La question se pose quand même aujourd’hui de savoir si la volonté politique est au soutien de l’exportation des pommes. Le changement de modèle agricole auquel on nous invite avec insistance privilégie les circuits courts, le local et la sortie des pesticides. Cette orientation influe en profondeur sur les comportements des services de l’Etat vis-à-vis aussi des efforts qu’il faudrait déployer pour nous aider à ouvrir de nouveaux marchés.

Nous sommes présents salon des Fruits et légumes de Pékin avec Interfel  en novembre pour renforcer nos liens avec les autorités de quarantaine chinoises. Notre protocole obtenu en 2000 est précieux et nous le surveillons de près. Nous mesurons cette année où la demande en Chine est exceptionnellement soutenue à quel point il est utile.

Nous collaborons aussi très étroitement avec Freshfel qui a organisé à l’occasion de ce salon une troisième rencontre entre les pays européens et les équipes des douanes chinoises.

Il faut beaucoup de patience et de constance pour obtenir des avancées modestes en matière d’ouverture de marchés, je pense aux USA ou au Vietnam, et souvent au prix d’efforts disproportionnés au regard des volumes et des chiffres d’affaires immédiats à réaliser. Mais c’est cette stratégie qui a permis que la France soit le seul pays d’Europe à bénéficier d’autant de débouchés pour ses pommes à ce jour. En la matière il faut penser à long terme.  

Un nouveau programme européen pour la promotion sur les pays tiers, soutenu à 80%, a été obtenu pour 3 ans par Interfel. Il est évidemment complexe à gérer et contient des contraintes déroutantes, mais il permet d’accompagner utilement les entreprises exportatrices et à la pomme française d’être au contact de tous les acheteurs potentiels sur la plupart des salons dans le monde (Hong-Kong, Shanghai, Pékin, Orlando, Berlin, Madrid, Dubaï, Moscou, Le Caire)

L’appartenance à l’association Le Crunch et l’identification des fruits à cette marque ne sont plus les conditions exclusives pour bénéficier des opérations marketing conduites en magasin dans les pays tiers. Pour autant le sticker reste très utilisé et il est toujours d’actualité d’en faire une vraie marque collective valorisante à promesse garantie. 

Il est à noter aussi que nombre de pays clients en Europe sont en reconquête de leur marché intérieur et ne deviennent accessibles que pour des variétés distinctes de celles qu’ils produisent, des variétés club, ou sur des créneaux de précocité.

L’exportation est plus que jamais le grand défi de la pomme française. Aux côtés des entreprises exportatrices qui en ont la volonté, l’expérience et le savoir-faire, l’ANPP doit continuer d’améliorer son expertise et ses actions pour l’ouverture des marchés à protocole phytosanitaires comme pour soutenir la prospection vers de nouveaux pays acheteurs.

Etre à la peine sur nos marchés à l’exportation se répercute immédiatement sur notre marché national par un déséquilibre entre l’offre et la demande. C’est pourquoi il est plus que jamais stratégique d’adapter notre verger aux possibilités de ventes qui évoluent sur les marchés du monde comme en France. Mais pour maintenir notre compétitivité ainsi que le niveau de la consommation par la qualité et l’image de nos pommes, nombre d’obstacles sont d’abord à surmonter sur notre territoire.

Le label Vergers Ecoresponsables adossé à la Charte Qualité des Pomiculteurs de France s’est affirmé cette année encore comme le grand projet fédérateur de la pomme et de la poire en France. La pêche, la nectarine et l’abricot contribuent à en renforcer depuis quatre ans déjà la notoriété. D’autres fruits sont candidats à ce label qui s’impose auprès des producteurs, à qui il appartient, comme auprès de la distribution et des consommateurs. Les enquêtes consommateurs successives montrent que nos efforts ne sont pas faits en vain.

La commission technique nourrit le projet agro écologique de ce label. Bien que sous tension des demandes de la distribution, la Charte assume sa vocation du juste équilibre, du chemin des crêtes qu’il nous faut suivre sans idéologie, sans parti pris autre que de servir l’esprit de ce qui s’appelait au début des années 1990 la production fruitière intégrée.  

La production sous certification AB est dans le même temps en fort développement. Elle est stimulée par une communication massive en sa faveur de la part d’ONG, comme de toute la classe politique, avec un relais d’amplification considérable de la part des médias. Cette certification ne peut qu’être soutenue par l’ANPP dans son parti pris apprécié par la société de ne produire qu’avec ce que la nature nous offre comme fertilisants ou substances naturelles aux vertus fongicides ou insecticides. L’imaginaire rédempteur véhiculé par ce mode de production séduit de plus en plus les urbains qui acceptent le paiement de la plus-value demandée.  Sans doute pour compenser leur addiction aux environnements artificiels et renouer par la nourriture avec une nature originelle rêvée et bienfaisante.

Pour notre association les deux modes de production relèvent d’une même préoccupation de coopération avec la nature. Mais là où l’agriculture biologique refuse la chimie de synthèse, les vergers écoresponsables l'utilisent et l'optimisent. L'évaluation agro écologique et toxicologique doit être la même pour tous les produits qu’utilisent ces deux agricultures.

Ecophyto, fermes Dephy, Certificats d’économie de produits phytosanitaires, tout l’environnement de recherche et d’expérimentation est mobilisé pour la sortie des pesticides que l’on nous annonce comme une nécessité incontournable pour la production agricole française. Un changement de modèle dont on nous rebat les oreilles sans référence tangible qui pourrait démontrer concrètement les résultats que l’on peut en attendre. Les conseilleurs ne sont jamais les payeurs et nous devons plus que jamais voir plus loin que les lanceurs d'injonctions et rester cartésiens et rationnels.

Punaises, feu bactérien, ce ne sont pas les ravageurs à problème qui manquent. Mais dans le même temps, malgré une homologation renouvelée pour quinze ans en Europe, la France supprime l’acétamipride parce que c’est un néonicotinoïde. Les dérogations ne sont plus désormais accordées que pour les produits utilisés en AB, même avec de moins bons dossiers. Il est très inquiétant de constater que l'agriculture biologique ne peut se maintenir qu'à la condition de faire perdurer ces dérogations que l'ANPP soutient depuis 5 ans.  

La campagne pour les élections des députés au parlement européen va bientôt commencer. Il sera alors utile de rappeler que nous ne souhaitons pas ré-instituer des frontières tout autour de l’hexagone et isoler, "orbaniser", notre agriculture avec des règles strictement nationales. Que nous demandons que notre pays respecte et participe à la méthodologie mise en place collectivement par l’UE pour l’homologation des produits phytosanitaires et la définition des LMR.

Les surenchères dans lesquelles s’engage la France commence à mettre dans l’impasse la production française et accélère la perte de compétitivité de nos vergers. Fort heureusement l’ANPP est devenue l’interlocuteur privilégié de l'administration pour tout ce qui touche au phytosanitaire.

Pour nos entreprises, il est souvent incontournable de répondre aux demandes des clients en terme de cahier des charges de production pour qu’ils puissent communiquer et se différencier. Nous constatons que les producteurs eux-mêmes participent à des surenchères d’objectifs pour valoriser un savoir-faire particulier grâce à des allégations santé qu’il sous- entendent. Le collectif « nouveaux champs » et le label ZRP, zéro résidu de pesticides, est dans cette démarche. Dans ce contexte, la Charte à vocation à s’inscrire dans le temps long, pour un ambitieux progrès collectif de référence. 

Nous savons la pertinence du fond agroécologique de Vergers Ecoresponsables. Ce qui est pourtant sans effet en soi si nous ne communiquons pas efficacement vers les professionnels et le grand public. C'est pourquoi nous consacrons l’essentiel de nos moyens à cette offensive.

C’est ainsi que pour la première fois les Vergers Ecoresponsables étaient présents au salon de l’agriculture. Une occasion supplémentaire particulièrement réussie de mobilisation des producteurs pour un contact direct avec les consommateurs bien relayée par la presse. Nous serons à nouveau présents lors du prochain salon.

Même modeste, l’espace publicitaire que nous avons acheté à la télévision pour parrainer « Télématin » puis « L’amour est dans le pré » permet de toucher un large public. Résultat que nous obtenons aussi à très grande échelle grâce au partenariat avec MacDo qui réussit une mise en avant exemplaire de VER. 

Mais il y a plus. Après avoir ferraillé avec Greenpeace dont un rapport était intitulé « Pommes empoisonnées », l’ANPP s’est rapprochée de ses responsables agriculture en France. L’ONG aujourd’hui est devenue notre meilleure alliée pour contester la multiplication des cahiers des charges distributeurs et promouvoir VER et le référentiel HVE ainsi que les variétés tolérantes aux parasites. Sans compter le coup de pouce pour solliciter une meilleure rétribution pour les producteurs. 

Les efforts de valorisation de la production française à l’itinéraire agro écologique  garanti sont couronnés de succès. Les études consommateurs successives montrent la progression de la reconnaissance du label chez les consommateurs. Une enquête Sustain Apple situe la notoriété de VER à près de 40%. L’objectif d’atteindre le même niveau que le label AB n’est plus inaccessible.

Viendra aussi le temps où les producteurs ouvriront les yeux sur l’absence de contrepartie accordée à leur garantie de traçabilité et de sécurité sanitaire. L’acheminement jusqu’au consommateur des fruits issus des stations fruitières se fait encore aujourd’hui hors de tout engagement contrôlé pour la qualité et la sécurité sanitaire sans éveiller le moindre soupçon.

Alors que chacun sait que les risques sanitaires liés à la fréquentation des grandes surfaces sont nombreux. Elle expose à une promiscuité bactériologique risquée dès la poignée des caddies. Les hygiènes approximatives des uns et des autres qui peuvent contaminer les fruits qu'ils touchent est une réalité connue. Tout cela après qu'il soit demandé une hygiène stricte en station fruitière. C'est ainsi que les mêmes dont les exigences sont sans cesse plus élevées envers l'amont s’épargnent le début d’un commencement d’obligations élémentaires contrôlées. Pour combien de temps encore?

Un audit collectif de la part des producteurs pour le référencement et la notation de l’aval sur les garanties apportées pour le maintien de la qualité jusqu’au consommateur devient d’une urgence absolue.

Notre grande réunion de lancement de campagne en août serait le moment idéal pour annoncer un engagement de Distribution Ecoresponsable contrôlée. 

Les Etats généraux de l’alimentation ont accouché d’une loi dont nous cherchons à éviter qu’elle ne perturbe ou handicape trop profondément l’économie des fruits et légumes et donc de nos pommes et nos poires.

Des heures carrées coûteuses pour l’association et bien peu gratifiantes ont été consacrées à ce travail. Mais elles sont d’une absolue nécessité compte tenu de la frénésie inquiétante que l’on constate au plus haut niveau de l’Etat pour empiler les contraintes les plus absurdes qui freinent l’économie agricole.

Le décret contractualisation paru en 2011 de triste mémoire vient d’être supprimé, soit 7 ans après avoir prouvé sa totale inutilité et inapplicabilité. Mais c’est pour être remplacé par de nouvelles obligations contractuelles tout aussi inapplicables et inutiles, mais avec toujours des sanctions redoutables à la clé en cas d'inobservation.

Nous recherchons une nouvelle fois avec Interfel à faire accepter par le ministère des réponses pragmatiques et indolores aux fameux indices que les contrats doivent prendre en compte. Aux dernières nouvelles, il semblerait que la fourniture d’une calculette bricolée pour que le producteur puisse connaître lui-même son prix de revient ferait l’affaire. Mais une loi était-elle vraiment nécessaire pour inventer une calculette à prix de revient dont il faille faire mention dans un contrat ?  

Autrement plus inquiétante encore est la décision du gouvernement de supprimer le dispositif d’allègement de charges destiné aux travailleurs saisonniers qui dure depuis 1985. Le système transitoire proposé amortira dans un premier temps l’augmentation de coût annoncée. Sauf pour les salariés des groupements d’employeurs qui, parce qu’ils répartissent leur temps de travail entre plusieurs exploitations, ont pu se voir proposer un CDI tout en bénéficiant durablement depuis le décret de juillet 2000 des mêmes allègements TODE. Sauf à avoir enfin la bonne surprise que ces cas particuliers ont enfin été compris et pris en considération.

La mobilisation de l’ANPP sur ce dossier a été considérable. Tout a été mis en œuvre pour informer le législateur des enjeux et de l’impact des décisions proposées par le gouvernement. La mobilisation continue tant que les lignes peuvent encore bouger. La résonance médiatique n’aurait pas été la même sans les moyens mis en œuvre par l’ANPP avec le concours de notre agence de relation presse Droits Devant. En appui de l’action syndicale de la FNSEA et de la FNPF, votre association a fait tout ce qui était en son pouvoir pour défendre vos intérêts.

Les contrôles de reconnaissance des OP  comme les contrôles des programmes opérationnels repoussent chaque année les limites de la complexité grâce à l’imagination fertile d’une administration qui craint de faire apurer la France par Bruxelles. Il est proche le temps où la performance française dans l’utilisation des fonds européens pour les fruits et légumes atteindra celle du programme des fruits à l’école. 10 ans que ce programme existe et la France ne consomme toujours pas plus de 3 à 4 pour cent des 18 millions qui lui sont attribués.

Il est désolant de constater qu’une part très significative de l’action collective est consacrée à tenter d’infléchir les stratégies contre productives imaginées et mises en œuvre par notre pays. Les coûts consolidés de ces complexités et mécanismes ruinent les producteurs comme les consommateurs par les surcoûts collectifs qu’ils induisent.

  L’équilibre du marché de la pomme dépend aussi de la valorisation des pommes qui ne trouvent pas preneur sur le marché du frais. Près de 20% de notre récolte est transformée chaque année en jus, en compote ou pour d’autres utilisations culinaires.

Dans le cadre de l’Afidem ou l’ANPP représente la production aux côtés des bureaux centralisateurs face aux industriels de la compote et du jus, un important travail stratégique est en cours. Optimiser la valorisation de nos écarts de fruits ou nos productions dédiées en même temps que permettre la croissance et la réussite des entreprises de transformation est l’objectif des groupes de travail qui ont été constitués à la suite d’un séminaire réussi.

Comme pour le marché du frais, l’ANPP s’emploie à donner aux opérateurs toutes les données et toutes les analyses qui leur permettent d’affiner leur position dans les négociations de contrat avec les industriels. Nous verrons bientôt si les efforts de cette année portent leurs fruits.

Le service économie a déménagé à Beaucouzé après un long séjour sur le MIN d’Angers. Une occasion rêvée pour élargir la représentativité de tous nos tableaux de bord. Je rappelle que tout comme l’inventaire verger, les déclarations de récolte et de stocks sont obligatoires. Et je ne peux qu’encourager chacun des membres de l’association aux enquêtes sur les volumes hebdomadaires de ventes sur le marché du frais et à l’indicateur sur les prix nu départ.

Nous avons démontré que le plus important pour la défense de la valeur de nos productions n’était pas de tenter des ententes sur les prix qui n’ont jamais marché, mais bien plus d’éclairer les opérateurs avec suffisamment d’éléments pour qu’ils déterminent eux-mêmes l’optimum possible.

La poire qui ne représente que 8 à 9 % de la production de pommes n’est pourtant pas absente de nos préoccupations. La reconquête de notre marché intérieur est un objectif auquel travaillent plusieurs organisations membres de notre association. Nous devons poursuivre notre implication pour dynamiser les échanges et les projets qui se font jour.

Avec le soutien de l’ANPP, la rencontre Interpera se tiendra en juin 2019 à Tours après l’Afrique du Sud l'an passé.

Cette manifestation aura lieu à proximité et dans le prolongement de la journée expérimentation de La Morinière qui réunit de plus en plus d'arboriculteurs et dont nous sommes partenaires. Ce qui me permet de rappeler que l'expérimentation qu'elle soit réalisée par le CTIFL ou les stations régionales doit nous mobiliser bien plus. Nous devons surtout clarifier et optimiser la cohérence et l'efficacité du dispositif pour servir les objectifs attendus pour nos fruits.  

Partout où la pomme et la poire de France se doit d’être représentée et de faire valoir ses intérêts on trouve l’ANPP ou l’un de ses membres en délégation. Dix ans après sa création, l’association imprime sa marque, anime le réseau de ses membres et porte haut les couleurs de la pomme et de la poire.

De lourds nuages s’amoncellent et dans le même temps de belles opportunités se font jour pour trouver un peu de ciel bleu. C'est le rôle de l’ANPP de contribuer à éclaircir l’horizon des arboriculteurs de notre pays. C’est la mission qui anime toute l’équipe, le bureau, les présidents de commission et les administrateurs. Et nous pouvons encore faire mieux.

J’adresse mes plus chaleureux remerciements pour leur travail et leur engagement pour la cause des pommes et des poires à Sandrine, Régine, Martine, Oumou, Anne Laure, Xavier, Pierre, Vincent et Josselin.

Mes plus vifs remerciements à mes collègues Béatrice, Louis luc, Robert Pierre, Albert, Christophe, Guillaume, Jean Marie ainsi qu’à tous les administrateurs.  

Et puis grand merci à tous nos membres de soutenir le travail collectif au service de la réussite de l’économie de la poire et de la pomme.

Il me semble que nous démontrons ensemble qu’un réseau d’hommes et de femmes solidaires qui ont un objectif commun ambitieux peut déplacer des montagnes et peser sur le destin commun.

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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