Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Rapport moral du Président de l’ANPP - Jeudi 5 décembre 2024.

Créer et obtenir les conditions de la compétitivité pour les pommes et les poires de France.

Mes chers collègues,

Jusqu’au dernier jour, cette année encore, il aura fallu pour chaque arboriculteur faire face à une météo surprenante. Le jeudi 21 novembre dernier, c’est la tempête Caetano qui a traversé la France. Quelques vergers du Val de Loire se sont effondrés sous le poids de la neige et les vents violents. Les filets étaient nécessairement encore bien tendus pour protéger de la grêle les dernières pommes qui restaient à cueillir. L’armature du palissage était solidement ancrée. Mais la charge de flocons, improbable à cette date, s’est révélée insupportable.

Depuis le printemps, ce sont paradoxalement les pluies en excès qui ont ajouté à la difficulté de réussir une bonne récolte 2024. A l’ouest du pays, chancres et pourritures de l’œil n’ont pu être évités.

Et pourtant, malgré ces adversités, le millésime 2024 s’avère de bonne facture pour les pommes et les poires. Certes, les volumes sont un peu inférieurs par rapport à l’an passé, mais la qualité est au rendez-vous et dans le contexte d’une faible récolte européenne, il est permis d’espérer un marché rémunérateur pour consolider l’amélioration de la situation économique du verger amorcée l’an passé.

Lors de la dernière campagne, les conditions de marché mais aussi notre action collective volontariste ont permis d’obtenir 13 centimes de mieux en moyenne sur le prix nu départ au kilo sur le frais et un quasi doublement du prix pour les pommes destinées à la transformation. Tant mieux. Mais cela reste évidemment très insuffisant pour garantir l’avenir de nos vergers.

La mère de toutes les batailles : la compétitivité.

Alors que nous ouvrons cette 16ème assemblée générale, je veux insister sur une priorité absolue : nous mobiliser pleinement et durablement pour la compétitivité.

Chaque arboriculteur, dans son verger, sa station fruitière, son organisation de producteurs, son service commercial, connait les efforts considérables qu’il doit déployer en matière de travail, de savoir-faire, d’innovation, d’investissements.  Mais nous savons tous également que ces efforts individuels ne suffisent pas si le cadre collectif, économique, réglementaire et concurrentiel n’est pas favorable.  

C’est précisément la raison d’être de notre association : renforcer nos entreprises par des actions collectives et solidaires pour créer et obtenir ensemble les conditions de la compétitivité. C’est ce qui doit rester notre objectif partagé.  

La victoire que nous avons obtenue en nous groupant avec nos collègues des autres pays européens (Italie, Pologne, Belgique, Allemagne) pour maintenir en Europe l’utilisation du captane dans nos vergers confirme la nécessité d’agir le plus collectivement possible. Nous devons être unis au sein de notre association, mais aussi avec tous ceux qui sont concernés et mobilisés pour réussir.

Assumer notre priorité incontournable : produire.

Le premier verrou à faire sauter est celui du discours national dominant que la profession a malheureusement cru devoir adopter aussi. Non, notre objectif n’est pas de sortir des pesticides pas plus que de diminuer l’irrigation. Notre mission première c’est de produire sur le territoire national toutes les pommes et les poires qui ont vocation à l’être plutôt que de les importer. Et nous devons bien au contraire plutôt garder notre vocation exportatrice. Produire de la façon la plus agroécologique possible et si cela peut se faire sans pesticides et sans irrigation ce sera parfait. Mais définitivement produire.

Biodiversité, biocontrôle, prophylaxies, résistances et prédations naturelles, irrigation de précision, le meilleur de l’agronomie doit être mis en œuvre dans nos vergers. Mais si cela ne suffit pas pour obtenir une récolte optimum en quantité et en qualité pour affronter la concurrence sur les machés et satisfaire les consommateurs, il faut pouvoir disposer de substances actives efficaces contre les maladies et les ravageurs de nos cultures. Tout comme il est nécessaire de s’assurer un volume d’eau suffisant pour faire face aux besoins des arbres quand elle ne tombe pas du ciel.

Le point de rupture est immédiatement devant nous. Ce qui était impensable il y a peu est devenu quasi certain. Nos collègues de la noisette en ont fait l’amère expérience cette année.

La prise de conscience est faite au Sénat. Elle donne lieu à un projet de loi salvateur porté par Laurent Duplomb. Cette loi doit aboutir pour nous remettre progressivement sur un pied d’égalité avec nos collègues européens. La ministre de l’Agriculture Annie Genevard exprime aussi très clairement cette même volonté de nous donner les moyens de produire.  Aidons-les à convaincre de la nécessité de cette évolution législative pour que nous puissions continuer à récolter de beaux fruits en France.

Le plan de souveraineté pour les fruits et légumes annoncé en février 2023 a commencé son exécution budgétaire en 2024. Les crédits très attendus ont été vite consommés. Il en aurait fallu bien plus, y compris pour la rénovation du verger. Sur ce plan, les perspectives sont malheureusement plus que moroses pour 2025.

Le soutien à la recherche et à l’expérimentation reste en revanche bien affirmé. Il faut cependant clairement inscrire ces deux disciplines sans tabou dans l’objectif volontariste de produire. Nous en sommes encore très loin pour ce qui concerne la recherche.

Les approches dogmatiques sur la protection phytosanitaire et utilisation de l’eau en agriculture sont bien les verrous les plus cruciaux qu’il nous faut faire sauter pour redonner un avenir possible pour la production de pommes et de poires en France. Pour autant, nous ne lâchons rien sur tous les autres paramètres de la compétitivité.

La rationalisation des cahiers des charges et des contrôles qui s’additionnent dans nos vergers et nos stations fruitières participe de ce combat. Un travail d’envergure a été entrepris à notre initiative avec la direction de Global Gap dont nous espérons maintenant des résultats concrets en termes de cohérence et de simplification. Un front commun derrière Vergers Ecoresponsables a aussi permis de stopper une volonté de surenchère autant mortifère qu’inutile d’un distributeur. Un partenariat profitable aux deux parties comme aux consommateurs s’institue progressivement. Mais vous le savez il reste beaucoup à faire.

Les réflexions qui redémarrent pour une nouvelle loi Egalim avec ses propositions de contractualisation obligatoire ne doivent toujours pas nous concerner. En revanche nous devons être très actifs avec les autres AOP (Associations d’Organisations de Producteurs) du côté de l’union européenne comme en France pour sécuriser nos échanges au sein des AOP et adapter le droit de la concurrence à l’utilité économique et sociale de notre organisation.

Un dialogue permanent s’est institué avec tous les acteurs de l’aval pour rechercher avec eux les optimisations des coûts logistiques. Il a vocation à s’amplifier pour y inclure les emballages. L’amélioration de notre compétitivité passe aussi par des économies de coûts superflus.

La montée en puissance du collectif partout où il est nécessaire.

Pour renforcer encore notre efficacité collective nous avons choisi d’augmenter le leadership professionnel sur les différentes thématiques traitées par l’association.

La commission économie et stratégie conduite par Albert Richard élabore et partage ses analyses macro-économiques des coûts de production et d’investissements. Ce travail donne le cap des valorisations à obtenir pour la pérennité économique de notre activité. Il éclaire les opérateurs commerciaux sur les distorsions entre les prix de revient et les prix de marché.

La commission communication présidée par Béatrice Chauffaille impose année après année le label Vergers Ecoresponsables au rayon et comme repère de l’excellence sanitaire et environnementale des pommes et des poires françaises auprès des consommateurs.

La commission technique emmenée par Robert Pierre Cecetti s’assure que tous les champs des garanties attendues par les clients, les consommateurs et l’environnement médiatique se trouvent bien dans notre Charte Qualité des Pomiculteurs de France. Nous suivons ce chemin de crêtes exigeant, pragmatique et réaliste qui devient légitimement la référence au sein de la filière et sur les étals.

La commission Bio avec Pierre Gratacos travaille activement pour retrouver un bon équilibre entre l’offre et la demande afin que le marché rémunère à nouveau correctement ce parti pris très ardu de production.

La commission poire conduite par Bertrand Gassier travaille à la reconquête collective et organisée du marché intérieur. En partenariat avec les distributeurs, un séquencement de la mise en marché variétal et saisonnier doit permettre une meilleure réussite auprès des consommateurs.

Et puis la commission transformation au sein de laquelle Eric Sarrazin a accepté de s’impliquer crée les conditions de la valorisation nécessaire et méritée de cette part de nos fruits qui est la matière première prisée des magnifiques jus, compotes et autres transformations dont le marché se développe.

Pour l’association, le bureau en amont des conseils d’administration est devenu l’organe de pilotage réactif facilement mobilisé et fréquemment sollicité par moi-même et notre directeur Pierre Venteau. J’adresse un grand merci à Guillaume Seguin, Christophe Belloc, Arnaud De Puineuf, Albert Richard, Béatrice Chauffaille et Robert-Pierre Cecetti pour leur engagement et leur disponibilité. Grand merci également aux présidents de commission et bien sûr à tous les administrateurs qui s’impliquent dans nos travaux.

Et vous le savez, la mise en œuvre et la réalisation concrète de nos actions et de nos lobbyings divers est entre les mains de notre solide équipe de collaborateurs menée avec brio par Pierre Venteau. Merci à Sandrine, Régine, Alyson, Sophie, Anne Marie, Vincent et Xavier pour leur grande efficacité et leur pertinence pour œuvrer à nos causes communes. Nous souhaitons maintenant la bienvenue à Soukayna Naji qui se destine à prendre le relais sur l’intelligence économique.

Forts de l’équipe que nous formons, nous pouvons aborder avec confiance les combats que nous avons à mener en 2025. J’y participerai activement, y compris au travers de mon nouvel engagement pour toute la filière des fruits et légumes frais à la présidence d’Interfel.

Notre gouvernance va continuer d’évoluer dans la perspective d’un passage de relais à la présidence dès que vous le déciderez. D’ici là mon engagement reste sans faille à vos côtés.

L’ANPP a résolument choisi de coopérer, de collaborer le plus largement possible avec tous les acteurs de notre filière qui servent le même objectif de faire réussir les pommes et les poires comme d’autres fruits sur les étals et auprès des consommateurs. Vous les connaissez, il s’agit bien sûr des autres AOP qui sont membres à nos côtés de GEFEL et tout particulièrement de l’AOP Pêche nectarine abricot avec qui nous partageons le label Vergers Ecoresponsables. C’est aussi maintenant l’AOP Prune. La FNP Fruits bien sûr, ainsi que Felcoop et légumes de France. Nous échangeons aussi avec la Coordination Rurale. Nous sommes aussi très actifs avec GEFEL au sein d’Interfel et du CTIFL. Et à l’échelle européenne et mondiale nous sommes très impliqués à Freshfel et Wapa.

Rien n’est évidemment jamais acquis. On ne peut que se féliciter de l’efficacité reconnue de notre ANPP pour tous les lobbyings qui nous sont nécessaires. Mais nous savons aussi qu’il faut sans cesse conforter et consolider le groupe que nous formons ainsi que les réseaux que nous avons constitués.  L’amicale des élus lancée lors du salon de l’agriculture en est un maillon très significatif.

Pour finir je veux vous mobiliser tous pour participer nombreux à la prochaine édition de Prognosfruit qui se tiendra début aout à Angers. C’est une opportunité magnifique, douze ans après Toulouse et pour la cinquantième édition, d’accueillir ce congrès européen mais aussi international. Au-delà des prévisions de récolte qui sont la raison d’être cette conférence, nous mettrons en valeur la production et son rôle unique pour la captation du carbone. La douceur angevine ne manquera pas à sa réputation grâce à nos Vergers Ecoresponsables.

Merci de votre attention.

Rapport moral du Président de l’ANPP - Jeudi 5 décembre 2024.
Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
Voir le profil de Daniel Sauvaitre sur le portail Overblog

Commenter cet article