22 Septembre 2018
Pour se risquer à faire des prévisions pour la production de pommes en France à horizon 2050 en tenant compte des politiques publiques actuelles comme probables demain, il est utile de rappeler où nous en sommes aujourd’hui et quelles ont été celles du passé qui ont influé sur son évolution.
Après une baisse régulière depuis 1994, la surface du verger français de pommiers se stabilise timidement depuis 2013. Le nombre d’arboriculteurs en revanche diminue encore quand dans le même temps les exploitations continuent de s’agrandir. Les nouvelles plantations augmentent et le taux de renouvellement du verger s’améliore pour atteindre maintenant 4% en moyenne chez les adhérents de l’Association Nationale Pommes et Poires qui représentent aujourd’hui plus des deux tiers de la production française. La productivité progresse et ainsi la récolte résiste dorénavant au gré des alternances et des aléas climatiques autour d’1.5 million de tonnes.
Le verger français de pommes, c’est plus de trente variétés et une grande diversité de terroirs. Ce sont aussi des entreprises, des organisations leaders qui fédèrent autour d’elles, améliorent, innovent et renouvellent sans cesse activement leur offre.
Plus d’un million de tonnes de pommes sont produites à ce jour dans le respect de la Charte Qualité des Pomiculteurs de France et sont labélisées Vergers Ecoresponsables. Les conversions s’accélèrent et l’offre certifiée AB augmente très sensiblement.
Chaque pomme produite a son marché. Près de 600000 tonnes sont vendues au-delà de nos frontières dans près de 80 pays. 350000 tonnes en moyenne sont transformées pour faire du jus, de la compote ou des pâtisseries. Compte tenu des 150000 tonnes d’importations en provenance de nos voisins frontaliers et de l’hémisphère sud à contre saison, le marché intérieur consomme près de 700000 tonnes, restauration collective y compris.
Les arboriculteurs français pratiquent l’agroécologie concrète dans leurs vergers et sont soucieux de la qualité sanitaire de leurs fruits. Ils sont très ouverts sur le monde, attentifs à la création variétale comme à toutes les innovations techniques ou marketing. Ils sont aussi de plus en plus solidaires, en réseau, regroupés commercialement et ils investissent.
L’arboriculteur est un entrepreneur conscient qu’il doit maîtriser une infinité de paramètres pour réussir. Il tente de s’affranchir autant que faire se peut des aléas climatiques et s’adapte aux marchés tout comme il cherche à maîtriser ses coûts et recherche sans cesse la meilleure valeur ajoutée possible.
Même si tous ces facteurs de réussite ne dépendent pas totalement de l’arboriculteur, il a un rôle déterminant pour les maîtriser. Ce qui n’est que très peu le cas en revanche avec les politiques publiques qui s’imposent à lui et influent grandement sur son projet.
On se satisfait aujourd’hui qu’en France l’offre évolue en adéquation entre notre compétitivité et les marchés à maintenir, à développer ou à conquérir. Cela n’a pas toujours été exactement le cas. Il faut se souvenir que jusqu’à la fin des années 90, l’Europe avait institué une politique d’intervention pour retirer du marché les volumes excédentaires afin de rééquilibrer l’offre et la demande. Macro économiquement cela semblait pertinent puisqu’avec un même nombre d’arbre en Europe les récoltes fluctuent sensiblement selon la climatologie de l’année. Quand les récoltes sont abondantes les prix baissent et quand elles sont faibles les prix montent. Le résultat n’a malheureusement pas été celui escompté. La destruction administrée a suscité des dérives insupportables. Bien loin de participer au rééquilibrage de l’offre et de la demande et à la régulation des prix, ces retraits de pommes ont justifié le maintien de vergers dont la seule destination des fruits était souvent la mise en décharge. La valorisation des pommes détruites était aussi devenue très variable et souvent profitable selon la vigilance des contrôles et les techniques d’optimisation mises en œuvre par les producteurs.
Lorsque cette politique d’intervention a enfin cessé, n’ayant pas d’autres choix, les arboriculteurs ont rapidement réajusté d’eux-mêmes leur production en fonction de leurs marchés. Les images désolantes de pommes jetées dans un trou ont cessé et une saine compétition a pu s’instituer pour satisfaire le consommateur, guidée par l’amélioration de la qualité et l’innovation variétale
Une politique européenne de soutien aux organisations de producteurs reconnus a pris le relais des retraits. Elle consiste à cofinancer à hauteur de 50% un fonds opérationnel limité à 9.2% de la valeur de la production qu’ils commercialisent.
Cet accompagnement financier pour investir est jusqu’à aujourd’hui forcément très apprécié. Cependant l’incrémentation permanente d’une complexité administrative déjà abracadabrantesque doublée de contrôles non moins disproportionnés fait s’interroger sérieusement sur la pertinence du dispositif
Les programmes opérationnels ont en effet suscité une véritable usine à gaz shadokienne à l’échelon européen et encore plus en France. Quant à leur mise en œuvre, elle présente une si grande disparité selon les pays qu’elle ne garantit pas du tout que la concurrence soit libre et non faussée entre les producteurs des différents pays.
L’objectif affiché de tout cela est évidemment de stimuler le regroupement des producteurs et de leur donner un peu de compétitivité par rapport à leurs concurrents dans le reste du monde. Sans oublier bien sûr la protection de l’environnement censée être améliorée par l’éco-conditionnalité de l’aide.
Recevoir une subvention est toujours appréciable et il parait insensé de penser à y renoncer. Sauf à considérer que le système devient au fil du temps contreproductif en ce qu’il mobilise beaucoup d’énergie qui serait bien plus utile dans le processus de production. Il corsète à un tel point les organisations que certaines renoncent d’elles-mêmes à ces fonds opérationnels pour gagner en efficacité réelle bien au-delà du montant de l’aide délaissée.
Le consommateur européen peut aussi légitimement se demander s’il est bien utile de payer par l’impôt le coût aussi exorbitant qu’inutile de toute cette tuyauterie rouillée qui s’ajoute au prix de ses pommes. Les bienfaits attendus des circuits courts sont encore bien plus réels lorsqu’il s’agit de la maîtrise de son revenu par le consommateur.
Et puis il faut aussi compter avec la menace permanente de devoir rembourser les aides perçues si un énième contrôle zélé devait conclure que l’organisation de producteurs ne correspond plus pile poil à une nouvelle interprétation des textes. L’indice de risque vient de crever le plafond ces dernières semaines et les organisations sont en alerte rouge dans les campagnes.
Dans ce registre, on peut d’ailleurs rappeler la catastrophe des plans de campagne qui se sont interrompus tardivement et qui ont conduit à reprendre aux arboriculteurs toutes les aides versées entre 1998 et 2002, puisque quand même il y a eu prescription pour les années antérieures. La France ayant délégué sa compétence à l’Union Européenne, les aides qu’elle a continué d’allouer à ses producteurs sans les notifier à Bruxelles ont été déclarées illégales et devaient donc être récupérées avec intérêts auprès des bénéficiaires.
Il n’est pas sûr rétrospectivement que ces plans de campagne aient utilement soutenu les arboriculteurs. Mais il est certain en revanche que le remboursement avec intérêt qui a du être fait entre 10 et 20 ans plus tard a fortement déstabilisé les arboriculteurs et leurs organisations concernées. Certaines n’en sont pas encore tout à fait sorties à ce jour.
Il n’y a pas d’exemple plus terrifiant d’une politique publique intempestive dont on accuse les bénéficiaires d’avoir été complices. Parce que le sceau illégal de l’Etat sur ces aides ne l’a pas rendu responsable pour autant envers les producteurs. L’Etat est venu reprendre ce qu’il n’aurait pas du donner afin de retirer l’avantage de compétitivité que les arboriculteurs avaient tiré de ces subventions et qui forcément, comme vous pouvez l’imaginer, perdurait même vingt ans plus tard !
La mise en œuvre de dispositifs de nouvelles aides validées par l’UE a permis de compenser le plus souvent tout ou partie de ces remboursements, à de douloureuses exceptions près quand même. Mais ce que l’on devrait mesurer, c’est la formidable perte d’énergie et de temps, les coûts administratifs et juridiques, auxquels ce rétropédalage a donné lieu.
Voilà trois exemples de politiques publiques qui doivent rendre très prudent tout entrepreneur et ses représentants dès lors qu’une politique se propose de lui venir en aide.
L’équilibre du marché de la pomme aujourd’hui et à venir doit aussi compter avec la perversité des aides massives qui ont été déversées sur la Pologne lorsqu’elle a rejoint l’Europe. Lors du dernier Prognosfruit à Varsovie début aout, les pays producteurs de l’Union Européenne ont annoncé une récolte record à plus de 12.6 millions de tonnes. En y regardant de plus près, c’est la Pologne à elle seule qui est responsable de cet exploit. Tous les autres pays sont plutôt en légère diminution par rapport à la moyenne des années passées.
La Pologne avec ses 38 millions d’habitants briguera bientôt avec plus de 5 millions de tonnes le deuxième rang mondial des pays producteurs derrière la Chine. Près de la moitié de la récolte est destinée à la transformation à bas prix et 500 mille tonnes suffisent pour satisfaire le marché intérieur de pommes fraiches. Par déduction il restera bientôt 2 millions de tonnes dont on ne sait où elles vont aller.
Alors que l’Europe annonce vouloir une concurrence libre et non faussée, elle s’est rendue responsable de stimuler des plantations nouvelles et des stations fruitières flambantes neuves équipées de la technologie dernier cri qui n’ont quasiment rien coûté à leurs commanditaires.
Voilà comment le pays dont la main d’œuvre abondante qui comptait parmi les moins chères d’Europe s’est vue, en plus d’intégrer le marché unique, poussée à dépenser sans compter pour développer aveuglément sa production de pommes.
La récolte 2018 va donc être observée de près par tous les autres pays européens. Avec la poursuite de l’embargo russe et malgré la perméabilité de ce marché moyennant corruption, au moins un million de tonnes dès cette année seront en excédent compte tenu des marchés actuels de la Pologne.
Faut-il donc avoir peur en France du pommier polonais? Oui, forcément, puisque l’offre va être très largement excédentaire et que les propositions à très bas prix vont inonder les marchés. Cela va créer un climat détestable inutilement puisque tous les autres pays seront proches de l’équilibre pour leur offre, voire même en dessous.
Heureusement, les variétés produites en Pologne sont très majoritairement bien différentes de celles prisées par nos marchés. Cela devrait éviter une confrontation frontale et justifier une différenciation encore significative des cours.
Voilà un nouvel exemple caricatural et déstabilisateur à souhait d’une politique publique intempestive dont l’Europe aurait pu faire l’économie. Il y a malheureusement fort à parier qu’une politique d’arrachages massifs succède bientôt aux subventions passées pour planter.
Le verger français aguerri à l’adversité s’est accommodé avec lucidité du mieux qu’il pouvait de ces soutiens déstabilisateurs et trompeurs passés. Mais l’histoire n’est évidemment pas terminée.
Il faut maintenant évaluer avec lucidité l’impact qu’auront les évolutions législatives en cours dans notre seul pays.
La menace la plus immédiate, c’est évidemment l’annonce faite par le gouvernement de la suppression du dispositif spécifique des allégements de charges pour les travailleurs saisonniers (TO-DE) en plus de l’arrêt programmé du CICE au 1er janvier 2019. Le basculement dans le régime des allégements Fillon sur les bas salaires se traduira par une hausse de charges de plus de 200 millions d’euros pour nos filières. L’arboriculture sera évidemment avec le maraichage, l’horticulture et la viticulture la production la plus touchée. Les coûts horaires seront en augmentations de 1.6 euros à plus de 5 euros de l’heure selon l’utilisation optimisée du dispositif TO-DE qui était faite jusqu’à ce jour.
Ce soutien particulier à l’emploi saisonnier remonte à 1985. Il n’a cessé d’évoluer depuis et a connu de nombreuses adaptations. Mais il n’avait jusqu’à ce jour jamais été remis en cause. Il avait même été étendu en juillet 2000 aux saisonniers auxquels les groupements d’employeurs permettaient d’offrir un CDI par la complémentarité des saisons. Jusqu’à 125% du SMIC horaire ces salariés bénéficient toujours de ces allégements de charges qui sont ensuite dégressives jusqu’à 150% du SMIC.
Les arboriculteurs et leurs groupements ont organisé et développé leur entreprise en utilisant à l’optimum ce dispositif. Le changement prévu au 1er janvier conduira concrètement à des hausses brutales des coûts salariaux qui seront insupportables. Il n’est pas trop tard pour regarder cette réalité en face et éviter les drames qui s’annoncent.
A côté de ce mur de charges insurmontable dans l’instant, la pantalonnade des indicateurs de prix de revient obligatoirement publiés par les interprofessions pour permettre aux producteurs de vendre plus cher à leurs clients sera sans grande incidence. Si ce n’est de consommer inutilement de la dépense publique et de distraire des cotisations de finalités bien plus pertinentes. Puisque soyons en sûr, la mobilisation intellectuelle pour résoudre cette nouvelle quadrature du cercle va continuer d’être à son optimum quelque temps encore. Jusqu’à ce que tout cela retombe à nouveau dans l’oubli.
Enfin, à l’instar du précédent décret contractualisation issu de la LMAP, l’inapplicabilité du dispositif, qui plus est en cascade, va coûter cher aux entreprises en honoraires de juristes. Regardons la réalité en face, l’économie de marché et le droit de la concurrence ne sont nullement remis en cause et le prix continuera comme avant de résulter de la confrontation entre l’offre et la demande. Et logiquement le producteur recherchera à desserrer l’étau face aux acheteurs très concentrés avec une offre différenciée et de qualité et un service prisé qu’il saura valoriser.
Une fois de plus les arboriculteurs comme les autres agriculteurs ne doivent pas se laisser distraire ou séduire par de vaines promesses politiques.
On aurait naturellement aimé que le législateur garantisse aux producteurs qui se constituent en organisations de producteurs, puis d’associations d’organisations de producteurs, une parfaite sécurité lorsqu’ils collectent et partagent de l’information sur les récoltes, les stocks et les prix afin d’optimiser leur position sur le marché. Le rééquilibrage du rapport de force entre le producteur et son acheteur serait à la fois sans danger pour le consommateur et bien adapté aux territoires. Au lieu de cela on continue de sanctionner sévèrement toute suspicion d’entente en proposant plutôt des concentrations capitalistiques du même type que celles réalisées par la distribution. En parfaite contradiction avec le message politique des circuits courts et d’une fantasmatique agriculture paysanne. C’est bien sûr cette question qui aurait du être au cœur du travail du gouvernement et des législateurs.
Il est évidemment un autre domaine où les politiques publiques sont profondément déstabilisantes pour le verger français. Il s’agit de la volonté affichée au plus haut niveau de l’Etat de sortir des pesticides le plus tôt possible. La formule a fait florès et est reprise en boucle sans réfléchir par les uns et les autres. Et on entend stupéfaits cette bêtise déconcertante ânonnée comme une mantra par des politiques de tout bord qui dans d’autres domaines semblent pourtant faire preuve d’une intelligence à peu près normale.
Le projet a donc pris au fil des jours une forme d’évidence. Il semble qu’il suffise de le vouloir pour que cela se produise. On se tourne alors vers l’INRA dont on suppute qu’en deux temps et trois mouvements les miraculeux chercheurs vont livrer des solutions clés en main. Et comme personne ne les a entendu dire non…
Alors pour forcer la main d’agriculteurs dont on craint qu’ils trainent la patte si on ne les contraint pas un peu, on leur retire par exemple une matière active parmi les néonicotinoides comme l’acétamipride qui a pourtant obtenu sa ré-homologation pour 15 ans en Europe. Pas question d’entendre que telle ou telle culture va se trouver dans une impasse face à tel ou tel ravageur. Il suffit de rétorquer agriculture biologique, bio contrôle et rotation des cultures pour clouer le bec au paysan incompétent qui se laisse aller à la facilité.
C’est le cas aussi pour le glyphosate qui est promis à l’interdiction sous trois ans quand l’Europe l’a ré-homologué pour 5 ans. Et pour qu’aucune marche arrière ne soit possible, il faut laisser dire, voire encourager, toutes les caricatures, toutes les épouvantes possibles sur la mort certaine que véhicule ledit pesticide. Comme chacun sait, quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage. Mais c’est bien plus sécurisant s’il a aussi la peste et le choléra. Alors en ces nouveaux temps révolutionnaires, il faut faire feu de tout ce qui peut servir la cause. La fin heureuse attendue justifie les moyens, même les pires.
Autant de signaux qui confirment que le système normé très rigoureux mis en place en Europe et en France n’est plus soutenu. La délégation donnée à l’agence européenne EFSA comme à l’ANSES en France n’est plus respectée. L’homologation ou le retrait d’homologation est entre les mains des ONG, des médias et du ministère de l’écologie Boulevard Saint Germain. Et elle se fait au doigt mouillé des études bidon de Générations Futures et en fonction de l’indice de bruit médiatique obtenu par la matière active en question.
Autant dire que les temps troublés dans lesquels nous sommes entrés sur la question de la protection des cultures, s’ils vont à coup sût susciter un certain nombre d’innovations utiles, conduiront en revanche à coup sûr rapidement à des impasses économico-agronomiques.
Le manque d’eau pour irriguer est une autre difficulté à laquelle l’arboriculture commence à faire face. Les restrictions augmentent et les contrôles se durcissent. Mais on attend toujours que notre pays s’engage résolument dans le stockage de l’eau qui tombe en excédent l’hiver pour pouvoir la restituer quand il en manque l’été. Stratégie vieille comme le monde mais pourtant abandonnée aujourd’hui sous l’influence des prédicateurs de l’apocalypse carbonée qui prônent la décroissance hors des villes et des aéroports.
L’autre paradoxe et non le moindre concerne la main d’œuvre. Malgré un taux de chômage très élevé, nos métiers manquent de bras…et de têtes. Là encore, contrairement aux messages des pouvoirs publics pour promouvoir une agriculture bio riche en emplois, c’est du côté de la mécanisation et de la robotisation qu’il faut résolument se tourner. Au fur et à mesure de leur développement économique, les pays européens voient leur chômage baisser et les salaires monter. L’intérêt des travailleurs saisonniers pour venir dans nos vergers baisse et ils se font de plus en plus rares. En solliciter hors de l’Europe est complexe et coûteux et les tensions actuelles sur les migrations ne facilitent pas les choses. On ne peut qu’espérer que ces emplois saisonniers soient pris en compte dans les politiques publiques pour qu’ils redeviennent plus nécessaires aux personnes disponibles.
Finalement les politiques publiques attendues pour que le verger français de pommes soit dynamique et adapté aux attentes des consommateurs peuvent être simples et économes.
Il faut un marché du travail fluide et que les personnes sans emploi ne soient pas contraintes de rester inactives par des règles et des aides faussement protectrices. L’aide publique à l’emploi est efficace quand elle prend en charge une partie du coût de la protection sociale des emplois saisonniers. Ce qui permet à la fois de donner un peu de compétitivité à l’origine France et également de mieux rémunérer ces emplois qui sont une passerelle très efficace vers l’emploi.
Le système éducatif et de formation doit élever le niveau de culture scientifique pour que les peurs infondées ne prospèrent plus autant par la rumeur et les médias qui en sont l’amplificateur. Et puis il faut instituer une solide formation aux professions de l’arboriculture plutôt que d’abandonner à eux-mêmes trop de jeunes qui sortent sans qualification opérationnelle du système scolaire.
Une politique offensive pour que de l’eau soit disponible afin de réguler les apports dans l’année est aussi une nécessité.
En dehors de cela, des lois et des règles simples qui laissent aux acteurs de l’économie toute la latitude nécessaire pour qu’ils trouvent entre eux les bonnes façons de produire et d’échanger.
Au moment où une partie de l’Europe est vent debout contre les nationalismes et les Etats qui s’affranchissent des règles communes, il devient indispensable que cette exigence vaille aussi pour les homologations de produits phytosanitaires. Il est inconcevable que la France puisse à la fois dénoncer la réapparition de frontières et de lois nationales incompatibles avec l’union européenne et s’en donne à cœur joie elle-même quand il s’agit d’interdire sur son territoire ce qui est autorisé dans les autres pays de l’Union de par le système mis en place avec son accord.
Puisque nécessairement cela conduit les producteurs à revendiquer la clause de sauvegarde pour que les productions issues de pays qui autorisent ce qui devient interdit en France ne puissent entrer. Ce qui n’est rien d’autre qu’un rétablissement de frontières chez soi que l’on dénonce chez les autres.
Et puis tant que le droit de pénétrer le marché européen se fera sans qu’il y ait réciprocité et donc que chaque pays membre doit négocier son droit d’exporter hors Europe pays par pays, la France devra être bien plus active pour accompagner l’ouverture des marchés si nécessaires à la pomme.
La baisse de la dépense publique est des prélèvements obligatoires étant à l’ordre du jour des gouvernements successifs, on peut souhaiter que l’on choisisse enfin de cesser d’intervenir en France comme dans toute l’Europe auprès des producteurs en laissant l’argent dans la poche des contribuables et en libérant toute l’administration affectée à la tuyauterie et à la robinetterie de l’usine à subventions que l’on fermerait. Le pouvoir d’achat ainsi retrouvé par les consommateurs en même temps que l’efficacité des producteurs démultipliée par la concentration sur leur objectif serait gage d’une économie prospère guidée par la satisfaction du meilleure juge qui soit : le consommateur.
Avec ces orientations politiques, le pays de cocagne qu’est la France pour la production de pommes aurait toutes ses chances au-delà de la satisfaction de son marché national de redevenir le premier pays exportateur de pommes au monde, tout au moins en valeur et cela bien avant 2050.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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