22 Novembre 2012
Les deux candidats en lice pour la présidence de l’UMP ont recueilli chacun un nombre de voix quasi identique dimanche dernier. Pour autant, en démocratie, il suffit d’une voix de plus pour obtenir la majorité absolue et être élu. En revanche, plus le score est serré, plus il est indispensable, pour que la légitimité de l’élu soit incontestable et s’impose à tous, que chaque électeur ait une parfaite confiance dans le déroulement des opérations de vote et le décompte des voix. Manifestement, ça ne peut plus être le cas aujourd’hui.
Dimanche soir, Jean François Copé s’est le premier déclaré vainqueur. Peu de temps après, François Fillon a pris la parole à son tour pour dire que, selon les chiffres qu’il avait en sa possession, c’est lui qui avait gagné. Tout en s’en remettant à la commission (COCOE) pour la proclamation officielle des résultats.
Ce n’est que lundi soir que la désormais fameuse COCOE a rendu son verdict et déclaré élu Jean François Copé avec une assez courte avance. François Fillon a pris acte de ce résultat tout en évoquant sa désapprobation sur le déroulement du scrutin et une « fracture morale » dans le parti. Bien qu’il ait annoncé dans le même temps qu’il n’intenterait pas de recours, dans un souci d’apaisement, la sérénité promettait de tarder à revenir, au moins chez ses soutiens et ses électeurs. Jean François Copé de son côté, une fois proclamé élu, a immédiatement exprimé sa volonté de rassemblement.
Mais patatras, mercredi, Laurent Wauquiez découvre que les résultats de trois bureaux de vote de départements d’outre mer n’ont tout simplement pas été comptabilisés. Le simple ajout de ces résultats au total des voix annoncé lundi soir par la commission donne une courte majorité d’une vingtaine de voix à François Fillon. Puisqu’il ne s’agit pas de dénoncer une irrégularité, mais tout simplement de réparer une omission injustifiable, il est demandé à la commission de rectifier son calcul. Le président de la COCOE refuse, indiquant que seul un recours devant une autre commission est possible à ce stade. C’est sans doute juridiquement vrai, mais logiquement incompréhensible et insupportable pour un simple électeur.
Jean François Copé évoque les nombreuses autres irrégularités que révèlerait un recours visant à intégrer les résultats des bureaux de vote d’outre mer oubliés. Il justifie ainsi la nécessité de ne rien remettre en cause et de s’en tenir à la proclamation de sa victoire.
De son côté, François Fillon indique à la télévision hier soir qu’il renonce à la présidence, mais que l’UMP ne peut pas entériner cette omission pas plus que Jean François Copé ne peut se maintenir en l'état à la présidence du parti. Il demande que compte tenu de l’échec du scrutin, Alain Juppé soit chargé d’assurer la présidence par intérim et forme une direction collégiale équilibrée pour permettre le rassemblement.
Il a raison. Je m’associe sans ambiguïté à cette demande. C’est l’unique solution pour reconnaître que le scrutin a été un échec, qu’aucun des deux candidats n’a obtenu une légitimité incontestable, qu’une scission serait la pire des absurdités et que seul Alain Juppé à la stature suffisante pour apaiser immédiatement le parti tout entier.
Quelle que soit l’issue du recours qui vient finalement d’être fait par Jean François Copé, l’unité du parti ne pourra plus être réussie à mon sens par l’un ou l’autre des deux candidats.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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