6 Février 2010
Quelques clics ce matin pour prendre des nouvelles de la Charente. A la rubrique faits politiques divers de CL, j’apprends dans un article titré « Requiem pour le département » que nous vivons un drame. Le département se meurt parce que l’Etat et le pouvoir Sarkozyste le tuent. Fichtre c’est du lourd, du très lourd. Ça gémissait donc fort, semble t-il, hier au Conseil Général. Pensez donc il manque une dizaine de millions d'euros sur 400 pour boucler le budget. 2.5% de trou, même après avoir serré un peu partout. C’est atroce, insupportable, cataclysmique, révoltant, les mots me manquent pour décrire une telle injustice. Je ne suis pas comme Michel Boutant qui, semble t-il, a su trouver les mots forts selon CL pour annoncer ce moment historique de la fin programmée du département et les errements d’un pouvoir aveugle. Donc, quand il manque 2.5% dans le budget au CG, on chiale et on est désemparé. Faudra que j’en parle à des petits patrons de PME qui ont subi des baisses sévères de chiffre d’affaire en 2009 ou à leurs salariés quand ils ont perdu leur boulot parce que la boutique a eu des difficultés. C'est sûr, ils vont tout de suite compatir à la sévérité des temps pour ces malheureux gestionnaires publics. L’Etat c’est 8% il me semble qui lui manque pour boucler le sien. Parce que forcément, quand on se prend une décroissance de 2.4% et que la dépense publique doit continuer de croître le résultat est mathématique. Mais c’est malgré tout l’Etat et lui seul qui est responsable de tout ça. On peut donc être encore décentralisateur en 2010 et ne revendiquer pour seul pouvoir que celui d’augmenter les impôts et de pleurer en dénonçant les mauvaises contributions ou compensations du vilain Etat à la moindre difficulté. C’est vrai quand même, qu’est qu’on pourrait bien faire d’autre ? Adapter les dépenses aux recettes quand les bases d’imposition croissent moins vite ou baissent ? Même pas en rêve. Repenser globalement le fonctionnement, les circuits de décision, les lourdeurs accumulées au fil du temps, trouver des optimisations de fonctionnement, réfléchir global et agir local ? Mais de quoi je cause ? Ce n’est pas ça faire de la politique. Vaut mieux prendre des postures morales auprès des électeurs et hurler à la casse à la moindre réforme. On ne va quand même pas changer une recette qui gagne seulement pour être à la hauteur des enjeux, eux vraiment historiques, que vit le pays.
Oui, parce que face à l’Histoire c’est le moment d’être proactif, comme on dit en management moderne. En langage populaire on dirait plutôt: se secouer la nouille, se sortir les doigts, arrêter de s’astiquer le pistil et se mettre à bosser. C’est plus imagé et on comprend peut-être mieux. Suffit d’ouvrir les premières pages des journaux pour comprendre. Les déficits et la dette publique plombent de nombreux pays et bientôt jusqu’au nôtre. Le refinancement de la dette va coûter plus cher, l’euro baisse et la croissance va être encore plus dure à obtenir. Même au département on doit pouvoir comprendre ça. La Chine, l'Inde et autres pays plus qu’émergents nous mènent la vie dure. Face à ces réalités ce n’est pas le moment d’avoir des états d’âme mais de faire son possible pour s’adapter à ce monde qui bouge. La réforme des collectivités locales qui vise à conforter les communes et leurs groupements tout comme l’ensemble départements région est une nécessité qui crève les yeux de tous ceux qui s’intéressent réellement à l’Histoire. A prélèvement de sueur identique nous savons tous que l'on peut faire mieux. Notre devoir c’est donc de le faire.
Quels sont les arguments mis en avant pendant toute une nouvelle demi-journée de palabres au CG. La perte de l’autonomie fiscale du département est avérée avec entre autre la réforme de la taxe professionnelle. Pensez donc, on fait maintenant une TPU nationale. Après la TP unique dans les communautés de commune ou d’agglomération on passe à la taxe sur la valeur ajoutée à taux unique à l’échelle nationale. Ce sont des élus locaux des départements qui décideront ensemble du taux à Paris. Une vraie catastrophe de recentralisation. Plus moyen de faire varier chacun dans son coin librement le taux pour améliorer ses recettes au-delà de la progression des bases. Parce que comme l’indiquait le maire de Cognac dans une interview, son manque d’argent venait du fait que son prédécesseur n’avait pas augmenté assez régulièrement le taux des impôts locaux au fil des ans et de l’érosion monétaire. Vous voyez le niveau. Ce genre de propos débiles devraient être interdits, inconstitutionnels, pour préserver le peuple. Vous imaginez le taux de TVA augmenter chaque année pour les mêmes raisons, ou bien le taux de l’impôt sur le revenu ou celui des sociétés. Et bien localement c’est le miracle de la décentralisation immature, on peut dire des conneries grosses comme ça sans que personne ne relève.
L’autre catastrophe qui s’annonce et qui signe la mort des départements c’est le conseiller territorial qui va siéger à la fois au département et à la région. Vous imaginez un peu les cas Lavaud et Bonnefoy généralisés. Tous les deux ont siégé à la fois au département et à la région. Je n’ai pas entendu nos grandes âmes tousser à ce moment là. Ces élus ont du abandonner un des deux mandats pour s’occuper, l’un d’une ville et l’autre de la France au sénat. Le président du conseil général lui-même s’occupe du département et de la France en même temps chaque semaine. Mais un conseiller territorial qui va bosser au département et à la région avec un seul mandat là c’est plus possible. C’est la fin de l’élu de proximité et tralala et tralalère. Ce qui était possible avec deux mandats ne l’est plus avec un seul. Avec deux mandats, l’un pour le CG, l’autre pour le CR, on respecte l’électeur. Avec un seul c’est plus possible. Et oui mes chers lecteurs on vous prend pour des imbéciles. On vous la joue, plus grosse est la ficelle et mieux elle tient.
L’autre drame à venir selon les mêmes pourfendeurs chagrins de la réforme, c’est la fin de la clause générale de compétence qui permet à toutes les collectivités de faire toutes la même chose, de financer croisé, de poser sur la photo et de cultiver le clientélisme qui fait réélire.
Oui mais grâce à ça malgré tout on « péréquationne ». Alors évidemment sans ça malheur aux petits et aux pauvres. C'est pourtant pas difficile de comprendre que la péréquation elle est assurée maintenant à l’échelon communautaire et elle s’exercera aussi à l’échelon département région pour les compétences concernées. Avec seulement deux financeurs et le même pognon on peut faire de la péréquation fine et efficace. Mais quand on ne veut pas comprendre ce qui est pourtant élémentaire, par je ne sais trop quel intérêt inavouable ou courte vue, on dépense une énergie folle, et donc un pognon fou, des contribuables pour serrer le frein. C’est de cette responsabilité face à l’Histoire qu’il va falloir parler.
Parti comme c’est parti, je peux vous assurer que ce qui menace historiquement le département de la Charente c’est tout simplement d’être mené par des pleurnichards incapables d’agir et de participer au défrichage de voies nouvelles dans un monde qui ne nous fera pas de cadeaux. Dommage. Parce que nous avons tout ce qu’il faut pour nous adapter à ce monde qui bouge et faire réussir la Charente. Alléluia.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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