12 Décembre 2012
Les crânes d’œufs et autres apparatchiks du développement durable, tous d’obédience soviétique, engagent un nouveau combat. Du haut de leurs statistiques compilées, ils ont récemment été pris de vertige devant la masse de nourriture qui se perd avant d’être consommée.
Bien qu’incapables, sans doute, de se faire cuire un œuf, ils n’en ont pas moins des idées pour enfin remédier au problème. Commissions, études, réunions, l’Etat n’a pas lésiné sur le coût carbone de l’usine à gaz administrative pour produire toutes les idées de solution les plus éculées et les impôts qui vont avec pour pouvoir les commettre.
Je sais, c’est bien joué. Détourner l’attention du mal Kafkaïen profond qui nous conduit tout droit à la famine en pointant du doigt les comportements supposés négligents de toute la chaine alimentaire, du producteur au consommateur, ça ne mange apparemment pas de pain et ça préserve durablement des travaux dans les champs.
Il y a quand même un hic à la manip. C’est d’avoir lancé une campagne de communication en montrant sur une affiche une bien vilaine pomme. Les pomiculteurs de France à qui nous avons mal intentionnellement déposé dans la boite mail ladite affiche et son image choc en sont tombés du pommier.
Eux, qui sont menacés des pires sévices verbalisateurs dès lors qu’ils dérogent des critères qualitatifs réglementaires pour leurs fruits dûment étiquetés, voient l’Etat inviter les consommateurs à manger des pommes qu'il interdit dans le même temps de vendre sur le marché du frais. Ces pommes abimées ne sont bien évidemment pas perdues pour l’alimentation puisqu’elles fournissent le marché grandissant de la compote en tube et en pot.
L’outil le plus redoutable pour limiter durablement et puissamment les gaspillages de tous ordres s’appelle le marché. Du producteur au consommateur, la rentabilité des fruits et légumes dépend de la maîtrise des pertes. Inutile de préciser que l’intérêt du consommateur est identique. Tout est donc affaire de maîtrise technique et logistique, de savoir faire et de responsabilité économique. Autant de domaines où l'Etat ne démontre pas au quotidien sa compétence.
Inciter à manger des pommes pourries, à part empoisonner les enfants à la patuline, ne remédiera en rien au problème.
Je dédicace ce petit coup de gueule à mon ami arboriculteur Daniel Dubroca qui a mis à profit hier tout son vocabulaire rugbystique Lot et Garonnais pour dénoncer vertement cette campagne nationale de pub étatique et véreuse.
Cliquez ici pour voir le site du ministère.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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