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Il faut un visa de travail pour Ali.

J’ai appris l’existence d’Ali en janvier de cette année, lorsque le maire de Barbezieux a évoqué sa situation déroutante auprès du Préfet venu visiter le territoire de la communauté de communes des 4B.

Je l’ai rencontré un peu plus tard, le 16 janvier, alors qu’il devait être emmené le jour même à l’aéroport de Bordeaux pour être reconduit au Maroc. Le collectif « Accueil Migrants de Barbezieux » s’opposait à son expulsion et mobilisait les élus pour leur demander d’agir.

La tension était vive. Après de rapides échanges avec Ali et ses soutiens d’un côté et la Préfecture de l’autre, il est apparu légitime qu’il ne se rende pas à l’aéroport de Bordeaux et qu’avant de retourner au Maroc il doive s’assurer que, promesse d’embauche de son dernier employeur en poche, un visa de travail longue durée lui serait accordé avec certitude une fois là-bas.

Nous sommes en juin et le processus d’agrément du recrutement d’Ali par son employeur dont le siège social est en Haute Vienne a échoué. L’administration locale considère qu’au regard des textes, il n’y a pas de carence démontrée de demandeurs d’emploi sur l’offre proposée par l’employeur.

J’ai eu il y a plusieurs semaines déjà un long entretien avec l’employeur. Il me disait son entière satisfaction du travail d’Ali. Il me disait aussi combien il était difficile en ce moment de pourvoir ce type d’emploi. Les réponses à l’offre qu’il a diffusée depuis l’ont clairement démontré. Mais c’était sans compter avec les statistiques et les codifications accordées aux demandeurs d’emploi. L’administration les a consultées et en tire argument pour désavouer l’employeur. Selon les services de l’Etat en Haute Vienne, il y a un vivier immense de chauffeurs routiers sur courte distance dans la zone à couvrir par l’emploi qu’il propose. Le fait qu’il n’ait reçu que trois réponses à son offre ne serait que la conséquence de l’imprécision de son offre.

Je suis employeur moi-même et je n’ai à ce jour jamais recruté un code ROME. J’imagine sans peine que le 4105 ne doit pas plus qu’un autre être utile ou pertinent pour un employeur. La vie de l’entreprise et l’emploi échappent aux codifications et aux normes. La relation de travail est bien heureusement plus riche et subtile qu’une appellation administrative.

Combien de fois ai-je coopéré avec Pôle Emploi pour recruter des saisonniers pour la récolte des fruits ? Pour une journée spécifique dédiée à l’opération, l’agence, grâce aux codifications enregistrées, adressait près de 400 courriers aux demandeurs d’emploi susceptibles d’être intéressés. Le record a été la venue de 70 candidats à la présentation du travail offert. L’autre record s’est limité à une vingtaine d’inscriptions à l’issue de la journée. A la fin de la récolte, le constat décevant qu’il a fallu faire au moins une fois, c’est qu’aucune candidature par cette méthode ne s’est trouvée concrétisée.

L’argument de l’imprécision et de la faible attractivité de l’offre qui justifierait le peu de réponse alors que le vivier de demandeurs est immense est abracadabrantesque. Si les candidats sont si nombreux comme le dit l’administration, comment imaginer alors qu’ils n’aient pas la motivation d’en savoir plus sur l’offre d’emploi qui leur est communiquée? Comment expliquer que seuls 3 d’entre eux parmi plus de 2000 susceptibles de candidater se soient manifestés ?

A mon sens, l’entreprise 2CS a pleinement justifié qu’Ali a peu de concurrents sur le poste qu’il occupait. Ce n’est donc pas un gros effort pour l’administration française que de donner son accord au chef d’entreprise pour qu’il puisse à nouveau faire travailler Ali et qu’il lui soit pour cela accordé un visa de travail longue durée.

D’autant plus que la situation tout à fait exceptionnelle d’Ali Barkache mérite une attention et une bienveillance toute particulière de la part de l’administration française.

Ali est né à Hénin Beaumont dans le Pas de Calais en 1988 de parents marocains. En 1991, après le décès de son père, sa mère  décide de retourner vivre au Maroc.   

Ali grandit au Maroc où il se forme à la mécanique, passe ses permis poids-lourds et travaille pour un transporteur.

En mars 2013, avec un visa de tourisme, il rejoint sa sœur, dans le Pas de Calais à Courrières.

La mairie d’Hénin Beaumont lui délivre un extrait de naissance avec lequel il effectue une demande de carte d’identité française à la mairie de Courrières. Cette carte lui est délivrée le 30 août 2013 par la Sous-préfecture de Lens.  

Compte tenu de la situation de l’emploi dans le Pas de Calais, Ali décide de rejoindre un ami à Cognac. Inscrit à Espace Intérim, il effectue différentes missions. Il vient ensuite habiter à Barbezieux et continue de travailler comme intérimaire.

La préfecture de la Charente lui accorde l’équivalence pour ses permis VL, PL et SPL. Il décroche alors un emploi en CDI dans l’entreprise 2CS dont le siège social est à Limoges. Il assure alors pour toute la région des transports pour la base logistique d’Intermarché.

Bien implanté, avec un travail, Ali souhaite retourner en vacances au Maroc. Il fait alors une demande de passeport à la mairie de Barbezieux. C’est à cette occasion que les services de la préfecture constatent qu’il n’a pas de certificat de nationalité et que sa carte d’identité lui a été délivrée par erreur. Elle lui est donc retirée. Comme lui sera retiré un peu plus tard son passeport marocain.

Naître en France n’est pas suffisant, il faut y avoir séjourné 5 ans.

Dès lors toutes les demandes d’Ali se voient refusées. Depuis juin 2016, Ali est sous le coup d’une mesure d’éloignement.

L’administration française lui a délivré par erreur une carte d’identité française sans vérifier qu’il ait un certificat de nationalité. Malgré cette erreur qui a légitimement permis à Ali de se croire français, aucune bienveillance pour lui permettre de régulariser positivement sa situation n’est venue de la part de cette même administration.

Ce n’est qu’à partir du 16 janvier 2017 qu’il a pu être envisagé de régulariser la situation d’Ali en lui accordant après qu’il soit reparti au Maroc un visa de travail long séjour d’un an. Pour cela il fallait que son employeur ait obtenu l’accord de l’administration pour sa demande d’intégration de main d’œuvre étrangère. Demande qui vient de lui être refusée.

Cette demande d’intégration doit être accordée et Ali doit avoir l’assurance que sa demande de visa qu’il effectuera au Maroc auprès de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration sera acceptée. La position de l’administration doit être revue.

Un large élan de solidarité s’est manifesté pour Ali au regard de l’injustice flagrante qui lui est faite et de sa parfaite intégration par le travail qui force le respect.

Le Collectif appelle à un grand rassemblement de soutien à Ali mardi prochain à 18h30 devant la mairie de Barbezieux.  

J’ai la conviction qu’il est nécessaire de tout faire pour qu’Ali puisse travailler sur notre territoire et acquérir la nationalité française.

Je serai mardi et mercredi à Paris et ne pourrai malheureusement pas être présent à cette manifestation qui je l’espère réunira beaucoup de monde.

J’entends dire depuis quelques jours par le ministre de l’économie, normalien et agrégé de lettres modernes, qu’il faut enfin en France que le travail paie. Alors pour Ali aussi le travail doit payer. C’est une première opportunité à peu de frais pour que cette promesse ne soit pas tout à fait que de la littérature.  

Il faut un visa de travail pour Ali.
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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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D
Sa commence a etre énervant des gens comme vous mr sauvaitre .deja que les français ont pas de travaille. Et vous le donner au étrangers pff
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A
jeu voi que tu sai bien écrir le français…<br /> <br /> T’as eu tai papier toi ???