15 Mars 2009
J’ai regardé hier soir à la télé « on n’est pas couché », l’émission de Ruquier. L’un des invités Didier Wampas, que tout le monde doit connaître sauf moi, était l’une des bonnes
surprises de la soirée. Je ne connais rien de sa musique pour l’instant (enfin un tout petit peu depuis hier soir et promis, je vais m’acheter le dernier album « les Wampas sont la preuve
que dieu existe ») et c’est l’originalité du modèle économique du type que j’ai trouvée attachante et drôle. Il continue de bosser à la RATP tout en menant sa carrière de rockeur alternatif
commencée au début des années 80 qui marche plutôt très fort. Manifestement il fait tout ce qu’il faut pour réussir musicalement et il y parvient assez bien, provoc comprise, mais dans le même
temps il fait aussi tout ce qu’il faut, volontairement ou malgré lui, pour éviter que ça ne devienne une vraie réussite économique. Grosso modo, il dit garder son boulot pour ne pas avoir à
vendre trop de disques pour vivre. Pascal Nègre le patron d’Universal Music n’a sans doute pas les mêmes appréhensions quand il produit le groupe.
Ce matin, j’ai reçu un mail d’un autre artiste de la même veine, Daniel D, bien connu sur ce blog sous le pseudo Vinosse, qui annonce aux heureux destinataires de sa mailing-list les nouveautés botaniques à acquérir dans sa boutique en ligne. En bonus il invite à cliquer sur le lien qui conduit au blog de Vinosse et à la lecture de son dernier et très poétique article « Premiers soleils chez Ellébore ». D’où que vous soyez dans le monde lorsque vous tapez « Petits fruits » sur Google le premier site repéré est le sien « petitsfruits.com ». C’est un chef d’œuvre de boutique en ligne. Concept, photos et surtout les textes qui décrivent groseilles, myrtilles, mures ou même Hellébores transportent le visiteur dans un univers tout en rêves, poésie, odeurs, couleurs et goûts. Le catalogue « Les petits fruits de Daniel Duret » qui s’achète en ligne peut ainsi figurer en bonne place dans une bibliothèque au milieu d’ouvrages littéraires.
Il y a des années que je sais qu’il y a tout ce qu’il faut pour construire un beau projet d’entreprise autour de la marque unique Daniel Duret. Enfin presque tout. Parce qu’il manque quand même quelque chose d’essentiel et de pourtant bien plus simple à acquérir pour un entrepreneur qu’une offre originale et un style. Il s’agit de méthode, d’organisation, de sens commercial, de management des ressources humaines, de business plan, de relation client, de rigueur administrative et comptable et de capitalisation en fonds propres. Mais voilà, Daniel D n’est pas construit pour être à la fois l’artiste, le botaniste et dans le même temps un champion de l’économie de marché. Ce n’est même pas une question d’engagement politique parce qu’il y a quand même quelques encartés au PS comme lui qui excellent à gagner de l’argent et à développer de l’activité économique. Non, son handicap entrepreneurial, comme pour Wampas sans doute, est consubstantiel de sa révolte, de son nombrilisme éclairé et de son enfermement. Tout irait bien sûr pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si cette situation était réellement choisie et le rendait heureux. Mais ce n’est pas le cas comme j’ai pu le vérifier une fois encore ce matin autour d’un café et d’un jus de fruit (ceci pour désamorcer la rumeur qu’il a rapportée sur ce blog selon laquelle « je me serai remis à boire ») au Café de Paris à Baignes.
C’est de la croissance verte qui se perd du côté du Tâtre et c’est bien dommage. Parce qu’il y a vraiment de quoi chez Daniel D faire la nique à la crise, qu’on se le dise.
PS : on en reparle quand tu veux Daniel.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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