9 Mars 2009
Une amie me disait hier que son père qui réside à la Réunion une bonne partie de l’année pour justifier de sa retraite majorée de 40% (c'est plutôt 50% sur cette île) avait participé à une manifestation contre la vie chère et quelques autres problèmes de l’île en arborant fièrement, lui qui a quelques ceps de vigne en Champagne, ce slogan décalé: « DOM Pérignon moins cher ». Dans les manifs aussi c’est l’humour que je préfère.
En revanche je trouve beaucoup moins drôle la déclaration d’Elie Domota, le guadeloupéen porte parole du LKP et directeur adjoint de l’ANPE locale lui aussi majoré de 40%, qui menace de bouter hors de l’île les employeurs qui refuseraient d’appliquer l’accord sur les salaires ajoutant qu’il « ne laisserait pas une bande de béqués rétablir l’esclavage ». Depuis le début du mouvement de grève, il esquive les questions relatives à son engagement indépendantiste et à la part de motivation qu’il faut lui attribuer dans les revendications affichées. Cette déclaration plus proche de la haine raciale que du souhait de voir s’appliquer la loi républicaine n’est que le coming out de ce que chacun devine à chaque fois qu’il s’exprime. Sommes-nous alors dans un processus inéluctable qui conduira à terme à l’indépendance ? La France peut-elle racheter son passé colonisateur et esclavagiste par un transfert de fonds continu et de plus en plus important? Je ne sais pas. Mais il me semble prudent et urgent de cesser de maintenir sous perfusion les anciennes colonies pour les conduire enfin vers un une plus grande autonomie. Défiscalisation des investissements, majoration de la rémunération des fonctionnaires, soutiens spécifiques sur les salaires, droit de la concurrence approximatif, sur-administration et autres joyeusetés créent un engrenage pervers et sans fin qui aggrave la dépendance alors qu’il est indispensable de favoriser l’autonomie et la responsabilité de la population locale. D’autant plus que l’effet boomerang en métropole des concessions à la violence n’est pas la meilleure sortie de crise que l’on peut espérer. Le stage récent sur place de notre ange facteur a d’ailleurs de quoi inquiéter il me semble.
Un rhume qui dure avant un dernier shoot mardi pour clore six mois pénibles et je suis resté sagement à la maison ce week-end à lire ou devant ma télé. Arrivé un peu en avance jeudi pour un rendez-vous j’ai pu pousser la porte de la magnifique librairie Galignani, rue de Rivoli, et acheter le dernier Denis Tillinac « Rue Corneille ». C’est toujours le dernier livre acheté que j’ai envie de lire en premier. Je l’ai dévoré hier soir et ce matin. Littérature, art, histoire, politique, rugby, portraits, bars, restaurants, quartier de l’Odéon et sa maison d’édition la Table Ronde, tout y passe. C’est un peu comme les précédents mais je ne m’en lasse pas. Sans doute parce que Tillinac raconte les hommes et les femmes, les amis, les copains, les grands de ce monde, Paris, la Corrèze, la France, l’Afrique, avec la formule qui fait mouche, le style vif et allègre, inimitable. Les grands desseins pour le pays, le courage, l’engagement, la passion, l’amitié, la convivialité, la littérature, voilà ses vrais sujets et son intérêt pour les hommes et les femmes qu’il rencontre et qu’il raconte. Spectateur enjoué et désenchanté, libre, son point de vue me captive.
Ce matin j’ai été l’un des destinataires d’un mail adressé par Jean Yves Le Turdu. Il pointe une nouvelle fois le recours aux heures supplémentaires qui lui semble aggraver l’augmentation du chômage. Il prend pour exemple la Charente ou 900.000 heures supplémentaires ont été faites au 4ème trimestre 2008. Mathématiquement ce sont près de 2250 emplois qui pourraient être pourvus rappelle t-il. Je ne doute pas de son engagement sincère pour un monde plus équitable et plus écologique. Mais sur ce sujet du temps de travail, malgré les apparences, il se trompe nettement. Je l’ai déjà dit ici, compte tenu du coût des heures supplémentaires les entreprises devraient tout naturellement embaucher plus de salariés pour ne pas laisser filer leur prix de revient, si ce raisonnement purement mathématique avait du sens. Comme ce n’est pas toujours le cas et loin de là, il doit bien y avoir une autre explication.
Mais il est un peu tard pour que je la donne ce soir et je vais devoir vous proposer d’attendre demain….
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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