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Cochon qui s'en dédit....

Elle était interminable cette troisième séance plénière de la Nouvelle Aquitaine mercredi dernier. Suffisamment en tout cas pour que je reconsidère avec une extrême bienveillance cette  proposition de limiter par le règlement intérieur à 5 ou 6 minutes les interventions dans l’hémicycle.

Je me demande combien de citoyens sont restés devant leur écran jusqu’à 10 heures du soir après s’être cognés in extenso depuis le matin les débats de la rue de Sourdis. Pourtant, c’est peut-être la dernière motion déposée par Europe Ecologie Les Verts qui aurait mérité la meilleure audience.

Les verts sollicitaient l’assemblée pour qu’elle donne un avis défavorable à un projet d’extension d’un élevage de porcs en Gironde. L’éleveur ambitionne en effet un quasi doublement de sa capacité de production pour passer de 700 truies à 1300 (de mémoire). Pour cela, il doit obtenir une autorisation au titre des installations classées pour la protection de l’environnement. Ce qui n’est pas une mince affaire, comme peu d’élus s’en doutent.

Au-delà du respect de toutes les contraintes réglementaires, une enquête publique permet de recueillir les avis de la population concernée ainsi que de la commune d’accueil et des collectivités voisines. En revanche, je ne pense pas que la procédure exige que le conseil régional se prononce sur le projet. D’ailleurs, faire débattre sur ce sujet 183 élus qui ont à gérer plus de 2 milliards d’euros de budget avec des compétences bien définies n’est évidemment pas une priorité. L’exercice est même parfaitement inutile.

Sauf à considérer que c’est une occasion de plus à saisir pour dénoncer le modèle agricole productif honni. Et donc pour les verts de dire que cette agriculture va dans le mur et que c’est du côté d’élevages plus modestes, en plein air, voire bio, que se trouve le salut des agriculteurs, des consommateurs et de la planète.

Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de soutenir une dépense publique géante et donc un prélèvement de près de la moitié  de la production nationale tout en s’émouvant de l’hyper productivité qu’il faut atteindre dans les entreprises pour tenir tant bien que mal les équilibres financiers du pays. Concilier décroissance, gains de pouvoir d’achat, lois sociales et réduction du temps de travail, c’est bien plus compliqué que de résoudre la quadrature du cercle.

Il est pourtant si simple d’accepter qu’une fois les règles du jeu définies ce soit l’entrepreneur qui assume ses risques et le consommateur qui décide par ses choix de l’intérêt qu’il y a à produire ce qu’il souhaite acheter. Du cochon élevé en liberté dans de petites unités par des éleveurs qui acceptent une présence à la ferme 365 jours par an ou du cochon issu de grands élevages qui permettent un travail d’équipe et des jours de repos.  

C’est donc dans un hémicycle qui s’était déjà bien vidé que Stéphane dans un humour transgressif inattendu s’est réjoui qu’à l’UDI on aime « les petits cochons et les petites cochonnes ». Que Jacques Colombier a justifié la non-participation au vote du FN après avoir précisé que lui aussi aime le cochon et que sa religion ne lui interdit pas d’en manger. Et qu’Arnaud Tauzin pour notre groupe CNPT Les Républicains a fait part de son argumentation contre la motion castratrice verte qu’il a travaillée toute la feinte journée.

Respect pour le courage d’un entrepreneur qui se bat pour être compétitif dans un marché mondialisé, lecture positive d’un dossier d’autorisation qui satisfait aux exigences réglementaires, réappropriation de la production en région du jambon de Bayonne déficitaire de 50 %, autant de points positifs relevés qui devaient faire mouche du coche.

Mais les esprits étaient déjà ailleurs. Alain Rousset venait de passer la main à son vice-président limougeaud et avait quitté l’hémicycle. Une fois la parole reprise sur les bancs roses et verts le passage au vote fut sans surprise. Le FN s’est abstenu, LR CNPT et UDI ont rejeté et verts et roses ont approuvés.

Il aurait été intéressant de connaitre la position du président qui évalue toute chose à l’aune de l’emploi et du développement économique. Aurait-il suivi cet argument entendu sur les bancs de son parti selon lequel cet agrandissement n’allait susciter qu’un seul emploi et que ce n’était donc pas un enjeu important de ce point de vue. Des élevages plus modestes avec du cochons plus valorisé en créeraient bien plus. Encore faut-il trouver les candidats pour ces projets rêvés et suffisamment de clients en face. Tout l’argent du contribuable devenu subvention d’incitation politique n’y suffira pas. Le monde réel est têtu.

J’étais tout près de Shanghai dimanche en visite avec la délégation européenne conduite par Phil Hogan le commissaire à l’agriculture. Guillaume Roué, éleveur et président d’INAPORC est du voyage. Je l’écoutais commenter la tenue d’un élevage visité. Le moindre détail attirait son attention. Gaspillage de nourriture, sevrage trop tardif, autant d’appréciations qui m’étaient invisibles étaient évidentes pour ses yeux d’expert. Je lui ai évoqué cette motion votée la semaine passée. Je l’ai senti désabusé. Un haussement d’épaules et puis sa surprise d’apprendre qu’Alain Rousset ait laissé passer cette motion. Pour me dire aussitôt en voyant l’utilisation du lisier pour composter des déchets verts qu’il le pratiquait lui-même à grande échelle sous un hangar couvert de panneaux photovoltaïques. Et que c’était devenu la partie la plus rentable de son élevage.

Avec ses collègues des autres pays d’Europe présents pour ce périple, le marché chinois difficile d’accès est essentiel pour la valorisation de certaines parties du cochon et donc pour rester compétitif. Je suis à leur côté.

C’était à dix mille lieues des préoccupations nombrilistes de l’éther vert et socialiste du conseil régional aquitain. 

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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