24 Décembre 2016
Début de séance plénière haut en couleurs lundi dernier avec la présentation du blason et de l’identifiant retenus pour la Région. La Nouvelle Aquitaine sera donc à l’effigie du lion. Les contours graphiques de sa géographie s’y prêtaient et son histoire lointaine le suggérait. Ne restait plus qu’à symboliser une crinière en figurant le réseau hydrographique de cet immense territoire.
L’influence lointaine de Lascaux à l’honneur ces temps-ci sans doute, le résultat est…comment dire….rupestre. Oui c’est ça, une sorte de tag pariétal primitif tout ébouriffé. Un logo mi figuratif, mi graphique, avec une palette de messages à la clé, fruit d’un travail créatif interne des grapheurs de l’âge de béton à la Région.
Ce qui a d’ailleurs fait dire abusivement à Alain Rousset que ce logo n’avait pas coûté un centime. Car comment peut-on dire que le travail d’agents de la Région ne coûte rien? Sans doute parce qu’il est considéré qu’ils sont déjà budgétés et donc qu’il n’y a pas eu lieu d’ouvrir une ligne supplémentaire pour la création de ce logo. Cependant chacune des productions des agents de la Région a bien un prix. Et ce logo a donc nécessairement eu un coût de création que nous ne connaîtrons pas, noyé qu’il est dans les lignes salaires, cotisations sociales et frais de structures.
Il serait pourtant respectueux pour les agences et les élèves graphistes qui ont bénévolement eux fait des propositions de reconnaître que ce travail a eu un coût. Qui n’est pas forcément anodin au regard du prix de revient réel d’une heure de travail à la Région quand on y intègre, comme il se doit pour toute entreprise qui doit déterminer son coût de fabrication, les frais de structure, la hiérarchie et l’administration. A cette aune, les agences soumises à la dure loi de la concurrence ressortiraient à mon sens étonnamment compétitives comparativement à ce travail interne.
J’ai la conviction que l’on ne pourra commencer vraiment à comprendre comment redonner du pouvoir d’achat aux français que le jour où l’on s’interdira de dire et de penser que le logo de la Région n’a rien coûté aux contribuables parce qu’il a été réalisé en interne.
Mais en matière d’enfumage sur les comptes publics, cette entrée en matière relève du dérisoire comparativement à ce qui nous a été servi ensuite.
Le rapport de la Cour Régionale des Comptes est un morceau d’anthologie de l’exception comptable dont bénéficient les collectivités ou l’Etat. Parce qu’aussi détaillé soit-il, il demeure une simple analyse budgétaire de la situation. Ce n’est pas demain la veille que l’on s’obligera à présenter les comptes sous la forme universelle d’un compte de résultat et d’un bilan. Pour qu’enfin il soit possible d’appréhender la situation patrimoniale de la collectivité, ses immobilisations, son résultat réel, sa capacité d’autofinancement, le tout avec l’incontournable obligation de rattacher les produits et les charges à l’exercice. Engagements hors bilan figureraient en annexe, tout comme le tableau d’amortissement des emprunts. D’un seul coup d’œil, le gestionnaire évaluerait les ratios de manière simple et objective.
Au lieu de cela, c’est à l’infini que l’on peut disserter politiquement sur les chiffres des collectivités avec des approches opposées et contradictoires sans que le malheureux contribuable sache à quel saint (ou sainte) se vouer pour savoir qui dit vrai.
Que retenir de la situation laissée par Poitou Charentes ?
D’abord, une sorte de grosse cavalerie budgétaire qui s’est traduite par d’énormes dépassements d’engagements quasi systématiquement occultés et reportés sur l’exercice suivant.
Un stock d’emprunts à intérêts extrêmement volatils non renégociés à ce jour, contrairement à ce qu’ont fait nombre d’autres collectivités.
La particularité gravissime que ces emprunts aient pu être souscrits par un cadre n’ayant pas de mandat pour le faire et sans qu’un organe délibérant ne soit préalablement sollicité.
De tout cela résulte un étranglement budgétaire qui n’avait pour issue possible qu’une hausse d’impôts (la taxe sur les carburants) ou une improbable baisse des dépenses. Ou une fusion dans la Nouvelle Aquitaine, ce qui fut décidé par François Hollande.
Et puis la partie moins visible, mais à mon sens bien plus catastrophique, comme les soutiens volontaristes à perte d’entreprises en difficulté. Et des politiques de guichet signées Royal, populaires mais ruineuses pour les contribuables.
Le système qui a permis ces dérives a été longuement analysé et déconstruit en séance sur les bancs de l’opposition. C’est Pierre Durand, champion olympique mais un temps administrateur judiciaire qui s’y est collé pour Les Républicains CPNT. Puis Jean Dionis Du Séjour pour l’UDI et enfin Joan Taris pour la Modem.
Un réquisitoire sans concessions qui a conclu sur la nécessité de poursuites pénales à l’encontre du cadre identifié pour avoir souscrit des emprunts à taux volatils sans mandat de la collectivité. Mais un réquisitoire qui a aussi mis en évidence les conflits d’intérêts d’élus et de cadres qui bénéficient aujourd’hui de promotions au plus près de Ségolène Royal ou dans des sinécures prestigieuses de la République.
S’il n’est que temps de regarder vers l’avenir comme cela a été dit à de nombreuses reprises par Alain Rousset, il est salutaire d’aller au bout de l’analyse de ce passé proche pour en tirer les leçons et éviter qu’il ne se reproduise.
Mais le plus extravagant réside évidemment dans l’attitude et la communication offensives de Ségolène Royal. Poitou-Charentes était bien gérée nous assène-t-elle. Si des difficultés ont été relevées ici ou là, c’est du côté des vice-présidents aux finances qu’il faut questionner. Les politiques conduites étaient bonnes et Alain Rousset serait bien avisé de les rétablir. Et pour ce qui concerne les investissements en pure perte dans la voiture électrique, c’est la faute au gouvernement de l’époque. Sa seule erreur est d’avoir été trop en avance.
Comme pour le tapis photovoltaïque qui a été déroulé sous ses pieds pour un prix de revient dix sept fois supérieur aux installations au sol sans doute ? Voilà bien le principal calvaire du contribuable. Elire des politiques qui par la légitimité que leur donne le suffrage universel s’imaginent sans rire qu’ils sont nécessairement qualifiés pour infléchir le cours de l’économie, de l’innovation, de l’offre comme de la demande.
Ségolène Royal a cet égo catastrophe que payent très cher tous ceux qui ont un jour été séduits par son air de pipeau écolo. Ordre juste, un euro dépensé doit être un euro utile et tutti quanti. Il semble que la princesse du chabichou puisse être exfiltrée bientôt au machin que l’on appelle encore l’ONU. Détestable mais un moindre mal et pas de quoi en faire tout un fromage.
Pour ce qui est des autres rapports ou délibérations à l’ordre du jour, que nos votes soient pour, contre ou que l’on s’abstienne, Alain Rousset a toujours la majorité de voix qui lui permet de mettre en œuvre toute sa politique sans encombres.
Il est un point qui aurait à mon sens mérité plus d’échanges approfondis. Il concerne la politique unifiée de contractualisation avec les territoires qui nous a été présentée.
Grande nouvelle région oblige, le président Rousset a fixé comme objectif un nombre restreint de contrats. Avec cette noble idée qu’il faut que les maîtres d’ouvrages s’associent entre eux pour élaborer une vision prospective commune.
Pour ce qui nous concerne, la contractualisation devrait être faite sans intermédiaire entre les communautés de communes et la Région. Parce qu’au-delà des grands principes théoriques, l’échelon virtuel de projet souhaité par Alain Rousset se traduit toujours par un échelon administratif et même politique parfaitement anachronique au regard de l’efficacité et de la dépense publique.
Le fourre-tout critique contre la contractualisation proposée a eu raison de ce débat pourtant essentiel.
Et comme toujours à la fin, ce sont les motions qui libèrent la parole et le chahut. Cette fois-ci c’est la demande d’installer une crèche dans l’enceinte du Conseil Régional par le FN qui a suscité de vifs échanges et assez peu de charité chrétienne sur tous les bancs de l’hémicycle
La séance s’est terminée quand les élus FN ont entonné « il est né le divin enfant ». La trêve de Noël pouvait alors commencer.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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