1 Juin 2014
Comment imaginer mes chers lecteurs que je me défile face à vous et que j’évite de vous parler de la désolante actualité de l’UMP ? C’est tout simplement impossible. Vous le savez bien. Parce qu’être franc et dire les choses, c’est justement le contrat de confiance que j’ai avec vous. Et que la confiance, c’est le bien le plus précieux qui soit quand on se mêle d’intervenir dans le débat et l’action publique pour y tenir un rôle.
Les révélations de la semaine passée ont une nouvelle fois en deux ans mis un mauvais coup des califes dans ce fameux contrat de confiance entre les français qui se revendiquent du centre et de la droite avec l’UMP. Selon les aveux du directeur de cabinet de Jean François Copé, Jérôme Lavrilleux lui-même, les coûts de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy ont largement dérapé. Et c’est par un transfert de charge du surplus vers le parti que les collaborateurs zélés ont choisi de camoufler l’affaire.
Jusqu’à plus ample informé, il ressort que la loi sur le financement de la campagne électorale présidentielle a donc été largement enfreinte. La motivation de l’invalidation des comptes du candidat se trouve ainsi mille fois confortée. C’est un choc immense. Impossible de prêcher le respect de la loi par tous quand on s’affranchit soi même de cette obligation fondamentale.
J’entends après coup que la loi est trop contraignante et qu’elle limite à l’excès le budget nécessaire à ce grand rendez-vous démocratique qu’est la présidentielle. Peut-être. Mais alors il faut la changer d’abord. Les élus sont faits pour ça. En attendant, la loi doit être respectée tant qu’elle est en vigueur.
Lorsque le 15 octobre 2012, Nicolas Sarkozy a remis les insignes de l’Ordre National du Mérite à Jérôme Lavrilleux, il lui a adressé un compliment qui prend une résonnance particulière aujourd’hui. En voilà les termes selon la presse : « Voilà un homme qui a le talent de ne pas embêter les personnes pour qui il travaille avec des problèmes qu’ils n’ont pas à connaître ».
La presse et la justice vont faire leur travail et nous saurons forcément tout à la fin. Le JDD d’aujourd’hui est déjà très précis sur le mécanisme de la tripatouille. Pas de quoi fouetter un chat sur le fond, puisqu’il s’agit de l’argent du parti. Et que l’argent du parti sert justement à la promotion des idées de son candidat. Mais la forme est totalement inacceptable.
Les subordonnés ont choisi d’assumer seuls et de protéger les chefs qui auraient été, disent-ils, soigneusement tenus à l’écart de cette intendance explosive. D’autres avant eux ont payés pour savoir ce qu’il peut en coûter d’occuper des postes où la loi du silence est la règle.
Alain Juppé, François Fillon et Jean Pierre Raffarin sont donc en charge d’un intérim apaisant à la suite de la démission de Jean François Copé et dans l’attente d’un congrès qui doit avoir lieu à l’automne, après les élections sénatoriales. Il reste quand même à donner une légitimité au dispositif qui n’est pas statutaire en l’état.
Mais dans la tempête et au moins jusqu’à novembre, il faut tenir. Je tiendrai. Ici en Charente, nous tiendrons. C’est ce que j’ai dit en réponse aux questions qui m’ont été posées mercredi 28 mai lors du journal de midi sur FR3 Poitou Charentes. (Cliquez ici pour le lien vers ce journal)
En revanche, ces moments de crise à tous les étages, du parti jusqu’au pays tout entier, invitent à s’interroger fermement sur ses propres engagements.
Lors de la campagne électorale pour les législatives de juin 2012, j’avais rédigé une courte note des principales responsabilités que j’ai assumées un temps ou que j’occupe encore. Elle reste d’actualité à peu d’évolutions près. Je partage toujours mon temps entre mon travail dans l’entreprise, à la mairie, dans des organisations professionnelles nationales et la présidence du comité départemental du parti. Et comme chacun sait, pour la suite, « il n’y a rien de permanent si ce n’est le changement ».
Je considère depuis bien longtemps qu’avoir des responsabilités familiales et professionnelles nécessite de s’engager aussi dans l’action publique. Pour ne plus simplement subir et critiquer, j’ai fait le choix en 1995 de participer à la vie de mon territoire et si possible à l’organisation politique du pays. J’ai pris une carte à Démocratie Libérale en même temps que je suis devenu conseiller municipal à Reignac.
Ma famille de pensée, c’est le libéralisme politique. Peu d’élus s’en revendiquent publiquement. Ce n’est pas, loin de là, le courant majoritaire dans notre pays. Le simple qualificatif de libéral vaut le plus souvent excommunication de la part de l’intelligentsia politique et médiatique à celui qui en est affublé. Il vaut mieux parler alors d’humanisme libéral.
Quand en 2002 l’UDF, le RPR et Démocratie Libérale se sont réunis en un seul mouvement, j’ai adhéré sans difficulté au projet. Parce que pour gouverner, il faut réunir une majorité d’électeurs et d’élus. Les institutions de la 5ème république privilégient le bipartisme et l’entière responsabilité politique d’un camp. Toute la difficulté réside alors dans l’animation libre et démocratique du débat interne pour trouver les consensus nécessaires. L’expérience montre que c’est rarement parfait. Mais je persiste à penser que l’UMP doit être le parti qui réunit la majorité du camp de la droite. Le stress que nous subissons doit être surmonté avec cet objectif réaffirmé.
Valéry Giscard D’Estaing rappelait il y a quelques jours dans un entretien au Point, à la date anniversaire de son entrée à l’Elysée, qu’il avait toujours été clairement de droite tout en sachant qu’il devait gouverner la France au centre. C'est-à-dire en cherchant à faire adhérer deux français sur trois à sa politique. Plus la situation devient difficile, plus il est nécessaire d’avoir cet objectif à mon sens pour pouvoir mener à bien les réformes exigeantes sans cesse repoussées.
A la suite des élections municipales qui ont sensiblement modifié le paysage en Charente, j’ai envisagé de me présenter aux élections sénatoriales. Sans doute ai-je pensé que l’affirmation de la volonté du mouvement en Charente a été déterminante pour Angoulême face à des choix extérieurs que l’on souhaitait nous imposer. J’ai préféré cependant me désister depuis, compte tenu des deux autres candidatures de Jean Michel Bolvin et d’Henri de Richemont.
Je me suis donc prononcé pour deux candidatures UMP. Ceci impose, je le sais bien, un premier tour entre candidats UMP et candidat(s) UDI. Avec les risques que cela comporte bien sûr pour les reports de voix au second tour. J’ai pourtant tenu à privilégier un raisonnement simple et sans calcul politicien qui fait totalement confiance aux électeurs.
Parce qu’il n’y a que deux ans, lors de la dernière élection présidentielle, le président du Modem d’alors avait choisi François Hollande au deuxième tour. Tel candidat aux législatives de ce mouvement en Charente interrogé par la presse avait déclaré ne pas suivre la position de son président et préférait s’abstenir. Dans ma conception du mandat que l’on sollicite du peuple, il fallait obligatoirement choisir l’un ou l’autre et le dire. Plus récemment, lors des élections municipales, je me souviens aussi d’un étonnant flottement entre les deux tours de la part du Président du parti radical à Angoulême. Et puis, l’abstention « d’encouragement » d’un grand nombre de députés de l’UDI lors du vote sur le programme de stabilité du gouvernement m’a également laissé perplexe.
L’assemblage des partis du centre est encore récent en Charente comme ailleurs. Alors, en ces temps de crise qui vont nécessiter des militants et des élus clairs dans leurs engagements, capables de faire preuve de beaucoup de courage, j’ai pensé que je devais cette ligne de conduite à mes adhérents. La commission nationale d’investiture en décidera peut-être autrement. Nous verrons bien.
Les 25% de voix pour le front national et les révélations de la semaine passée à la tête de l’UMP m’incitent en revanche à préparer les futures échéances en allant dès maintenant à la rencontre des militants de mon mouvement bien sûr, mais aussi bien plus largement de tous ceux que la situation de notre pays préoccupe gravement. En commençant par la deuxième circonscription, naturellement, que j’ai abondamment sillonnée il y a deux ans. C’est en pensant par nous-mêmes sur les territoires que nous influeront le mieux sur le cours des choses. En constituant une force et un réseau autour d’une volonté.
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Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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