16 Avril 2014
Le législateur voulait donner plus de légitimité démocratique à l’assemblée délibérante des communautés de communes et d’agglomération. Il a donc institué le fameux fléchage. En mettant le bulletin dans l’urne lors des élections municipales, l’électeur vote maintenant à la fois pour élire les conseillers municipaux et les conseillers communautaires.
On peut malheureusement supposer qu’ici ou là dans le pays les électeurs auront du mal à percevoir la subtilité de ce plus démocratique à la suite de ce qu’il faut bien appeler le troisième tour des élections municipales.
Il sera ainsi difficile pour les électeurs de la commune centre d’Angoulême de comprendre comment le maire sortant sorti de son fauteuil avec moins de 40 % de leurs suffrages peut être démocratiquement légitime pour présider l’assemblée qui réunit les maires des 16 communes de l’agglomération.
J’ai pensé jusqu’à hier que les maires du Grand Angoulême ne tomberaient pas dans le piège infernal que leur à tendu le législateur à l’insu de son plein gré et dans un de ses moments d’absence si fréquents ces temps-ci. Mais voilà, si j’en crois Charente Libre qui boucle décidemment fort tard, le groupe majoritaire des élus de l’agglomération a finalement confirmé à 23 heures hier soir que Philippe Lavaud serait bien leur candidat pour la présidence.
De nombreuses voix de gauche s’étaient pourtant élevées pour dire leur désapprobation de ce choix. L’envie bravache d’enfoncer le clou a semble t-il été la plus forte. La chronique quotidienne des petites et des grandes paralysies du territoire angoumoisin peut donc commencer.
Le fondement de la coopération intercommunale, c’est la mutualisation des moyens. Le résultat du fléchage des conseillers communautaires à Angoulême, ce sera la délimitation au scalpel des compétences et des moyens entre communes et communauté. Avec la compétition politique permanente en plus nourrie de petites guerres secrètes entre cabinets et de scuds médiatiques de toutes portées.
Ne nous y trompons pas, tout ceci confirme que le pays s’enfonce aussi dans une vraie crise institutionnelle des libertés locales et de la décentralisation. La construction européenne révèle aussi des faiblesses de cet ordre qui ne sont pas pour rassurer. J’en reparlerai bientôt. Ça commence à faire beaucoup.
En pariant sur le mauvais cheval pour enfoncer la cité des Valois, le groupe majoritaire de gauche préfère les tiraillements à hue et à dia entre l’agglo, Angoulême et Soyaux à la coopération progressiste. Un comble.
Mais c’est le premier fédéral de Charente Jonathan Munoz lui-même qui le dit dans SO ce matin : « notre parti va même jusqu’à renier les fondements de la gauche. »
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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