30 Août 2012
Les arboriculteurs lecteurs de ce blog ont une nouvelle fois la primeur du message que je souhaite leur adresser bientôt par une lettre.
Mes chers collègues,
Au-delà de la configuration particulière de la campagne de commercialisation 2012/2013 qui commence, marquée par un déficit de récolte important dans la plupart de nos terroirs, il me semble utile de remettre en perspective la vocation exportatrice du verger français de pommiers et de lui fixer de nouvelles ambitions.
A ce jour plus de 80 % de la récolte est destinée au marché des pommes fraiches et près de 20 % de la production est en revanche transformée en jus, compotes où autres desserts préparés.
Alors qu’une moitié seulement des pommes fraiches sont consommées en France, l’autre moitié achalande toujours utilement les étals de nombreux pays d’Europe, d’Afrique, du Moyen Orient et de l’Asie.
Dans un monde où la production et la consommation des pommes est durablement en croissance, la pomme française doit non seulement continuer de s’exporter, mais elle doit encore gagner des parts de marché chez les pays importateurs.
Etre passé, depuis l’an 2000, de la première place des pays exportateurs de pommes à la cinquième, ne doit pas affaiblir la vocation exportatrice de la France acquise de haute lutte depuis les années 60.
Les pommes françaises, dont la qualité est reconnue, sont tout aussi légitimes et attendues sur les marchés en développement dans le monde que celles de l’Etat de Washington aux USA, de la Chine, de la Pologne ou de l’Italie.
Mais il est surtout plus stratégique que jamais et d’une nécessité absolue que nous soyons offensifs à l’exportation. En effet tout affaiblissement des ventes hors de nos frontières sature immédiatement le marché national et impacte durement le compte de résultat des arboriculteurs. La diminution du verger qui s’ensuit ne peut alors qu’alimenter une spirale économiquement dépressive pour la pomme en France.
La réussite du développement continu de nos ventes à l’exportation suppose évidemment que plusieurs conditions qui tendent à faire défaut depuis quelque temps soient à nouveau réunies.
C’est ainsi que l’amélioration de la compétitivité de notre pays est aujourd’hui un préalable indispensable pour que les entrepreneurs du secteur redeviennent confiants et investissent. Efficacité publique, réglementations adaptées, accompagnement solidaire et déterminé par les pouvoirs publics de la volonté de produire et d’exporter, formation et disponibilité de main d’œuvre à un coût de revient compétitif, autant de leviers perdus ces dernières années et qui doivent réapparaître et se réinscrire dans une spirale vertueuse pour donner le signal attendu de la reconquête. Nous n’en sommes plus très loin.
Le mur des réalités conduit par nécessité les responsables du pays vers cette voie incontournable du pragmatisme et du réalisme.
Du côté des entrepreneurs, la construction de puissants réseaux de vergers ou de groupes intégrés d'exploitations arboricoles , maîtrisés par les investisseurs eux-mêmes, est plus que jamais la condition pour atteindre la masse critique qui permet d’accéder aux marchés les plus lointains.
Mais il faut y insister, la prise de risque de l’investisseur qui plante un verger pour un marché ne peut se faire à grande échelle que si l’ambition commerciale est maîtrisée par l’investisseur lui-même. La forme sociétaire de l’entreprise importe peu, société commerciale ou coopérative, seul le leadership clairement assumé par les propriétaires des vergers est incontournable.
Le climat, les terroirs, l’environnement technique, les savoir faire, l’antériorité sur ces marchés sont nos atouts les plus précieux pour réussir le développement de la production et des ventes à l’exportation.
Mais c’est maintenant l’Association Nationale Pommes Poires qui doit mettre en œuvre et accompagner, sous l’impulsion de ses dirigeants et avec ses collaborateurs, une animation dynamique, des plans d’actions et des tableaux de bord pertinents, pour ce projet de développement ambitieux.
Cela suppose une parfaite connaissance du verger comme des hommes et des femmes qui le dirigent. Cela nécessite aussi de bien connaître les stations de conditionnement et tous les metteurs en marché. Il faut bien sûr évaluer la concurrence dans chacun des pays visés et les opportunités de développement qui se font jour. Les obstacles à surmonter doivent être analysés. Et c’est alors en connaissance de cause que l’association doit stimuler énergiquement la réflexion et l’action, les alliances et les synergies vers l’objectif à atteindre.
Information stratégique accessible, veille réglementaire, lobbying, suivi statistique, appui technique et marketing, tous les leviers d’action doivent être opérationnels et compétitifs avec ceux des meilleures organisations concurrentes à la nôtre dans le monde.
Nous avons franchi une première étape en identifiant l’origine contrôlée des pommes et des poires des adhérents de l’association grâce à la Charte qualité des pomiculteurs et son label « Vergers Ecoresponsables ». Nous avons développé le lobbying économique et réglementaire. La collecte des données et l’information interne des adhérents progressent bien. Le soutien marketing et les leviers de communication sont de plus en plus efficaces. Le moment est maintenant venu d’afficher une ambition exportatrice réaliste pour la pomme française et de faire déployer à l’ANPP tous les ressorts qui permettront d’atteindre l’objectif.
Voilà mes chers collègues le nouvel horizon stimulant vers lequel je vous propose de nous diriger tous ensemble.
Qu’en pensez-vous ?
Avant d’en débattre bientôt, je vous souhaite une bonne récolte à tous et je vous incite plus que jamais à rechercher la meilleure valorisation possible pour chacun de vos précieux fruits cette année.
Le président,
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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