3 Janvier 2024
On ne voit bien qu’avec des semelles de vent, en plus du cœur, pourrait dire le poète. On sait bien que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Mais y aller permet souvent de s’apercevoir qu’elle l’est bien plus d’où l’on vient qu’on ne le pensait. L’année qui s’est terminée dimanche soir m’a donné plusieurs fois l’opportunité de le vérifier.
Le paysan sur son lopin de terre, en France comme ailleurs, malgré tous les aléas à affronter ne jette pas le manche après la cognée. Mais c’est vrai, compte tenu des affres des climats de toute nature qu’il subit, il doit voyager de plus en plus loin pour se convaincre qu’il a raison de persévérer.
Que l’année 2024 ait commencé par un lundi renforce sans doute aujourd’hui mon envie de vœux d’espérance pour la suite…
Il faut en ce début 2024 une fois encore poser le diagnostic pour l’arboriculture et plus spécifiquement pour les pommes et les poires en France. Exercice qui vaut aussi pour la plupart de nos productions agricoles, fruitières et légumières comprises.
Du côté des forces, et elles sont nombreuses, il suffit pour les évaluer d’aller de verger en verger à la rencontre des arboriculteurs du pays et de leurs organisations collectives. On y apprend que compte tenu de la dureté économique, agronomique et humaine de la compétition, ceux qui sont encore dans la course sont nécessairement des professionnels hors pair. Le compliment vaut aussi pour l’écosystème des services techniques et des fournisseurs d’intrants comme de solutions matérielles qui gravitent autour.
Les faiblesses ne sont alors que la contrepartie de la sélectivité sévère qui s’opère dans les rangs des producteurs. Il est en effet difficile de renouveler une population d’arboriculteurs entrepreneurs au regard du seuil de performance dans tous les domaines qu’il faut franchir dès l’entrée dans le métier. D’autant que la prise de risque économique s’élève d’un cran chaque année. Entre capitaux à mobiliser et incertitudes sur les récoltes futures ou les marchés, seuls les candidats les mieux formés, les mieux armés, les plus intrépides et courageux ont vocation à se lancer dans l’aventure.
Mais après tout, si l’on regarde d’où l’on vient, peut-on raisonnablement dire que cela n’a pas toujours été le lot de l’agriculture ?
C’est donc bien plus en termes de menaces et d’opportunités qu’il faut s’interroger sur les perspectives du métier.
L’érosion lente et continue de la consommation des fruits et légumes frais est évidemment inquiétante. L’évolution du climat liée à la hausse progressive de la température moyenne à la surface du globe ajoute aux éprouvantes vicissitudes habituelles de la météo. Les maladies et ravageurs qui s’attaquent à nos récoltes ne faiblissent pas et même s’enrichissent de nouvelles espèces venues d’ailleurs. La main d’œuvre se fait toujours un peu plus rare et difficile à trouver pour les travaux saisonniers. La concurrence des importations à bas prix est stimulée par le retour de l’inflation et les arbitrages nécessaires des consommateurs…
La liste des dangers qui montent est vraiment bien fournie et elle n’est pas exhaustive. Mais il est une menace profonde et insidieuse qui tend à rendre insurmontables tous ces écueils qui, s’ils sont évidemment loin d’être anodins, peuvent pourtant se gérer.
L’obstacle principal tient à ce que produire n’est plus la priorité de nos politiques publiques. La réduction de l’usage des pesticides, des engrais chimiques, de l’eau et des énergies fossiles sont des objectifs politiques devenus prioritaires qui se suffisent à eux-mêmes. Les conséquences sur la production, si elles semblent être prises en compte dans le discours, ne sont dans les faits et en dernier ressort que peu déterminantes pour les arbitrages finaux.
Depuis le premier plan Ecophyto initié en 2008, le mot d’ordre est qu’il faut réduire l’usage des pesticides en agriculture de 50%. Quinze ans plus tard et le constat qu’avec le mode de calcul défini rien n’a vraiment changé, un nouveau plan Ecophyto est annoncé pour le même objectif de réduction de 50%, à horizon cette fois-ci de 2030.
Une commission d’enquête parlementaire vient de remettre son rapport d’évaluation des raisons de l’échec des premiers plans Ecophyto. Il est symptomatique de ne pas y trouver la moindre critique sur la pertinence de l’objectif de ces plans Ecophyto. Le postulat de départ était qu’à production équivalente en France il était possible, selon quelques indiscrétions de l’INRAe au pouvoir politique, de réduire de 50% l’usage des pesticides. Ce message évalué au doigt mouillé d’une science devenue approximative et magique a été bêtement entendu et repris au sommet de l’Etat pour en faire un plan. L’approche était absurde. Elle l’est toujours. Mais il ne vient à l’idée de personne d’en changer.
Une stratégie intelligente viserait à produire ce que l’on souhaite selon les principes de la production intégrée tels qu’ils ont été définis par l’OILB au début des années 90. Ils n’ont pas pris une ride. Le terme agroécologie a remplacé depuis production intégrée. Il veut dire à peu près la même chose. Avec peut-être le pilier économique du développement durable insuffisamment affirmé.
L’absurdité du postulat de départ d’Ecophyto continue de faire son œuvre maléfique. Au lieu de mobiliser les intelligences de la recherche, de l’expérimentation et du développement sur le chemin de crêtes du développement durable, tout l’aéropage s’inscrit dans un scénario de Shadock. Ce qui n’est drôle qu’un temps. Ça coûte, ça épuise et ça ne produit rien ou presque. Le dogmatisme pervers de l’objectif initial a mis en marche une formidable machine à perdre. La très mauvaise nouvelle c’est que notre projet national a pourtant séduit à Bruxelles. Green Deal et sa déclinaison agricole Farm to Fork veulent promouvoir une stratégie Ecophyto pour toute l’Europe.
Pour accompagner un changement de pratiques, il faut en effet fixer un objectif. La production intégrée alias agroécologie en est un. Pour progresser dans cette voie il est nécessaire d’agir simultanément pour visser la contrainte et former aux solutions qui permettent d’obtenir l’objectif attendu. Mais attention, si la contrainte est trop forte et la pédagogie pour donner la capacité à réussir différemment insuffisante, l’arboriculteur, l’agriculteur, se retrouve en PLS. Voilà avec le bon dosage et un système de progrès efficient le cheminement vertueux qu’il serait nécessaire de suivre, bien moins simpliste, mais ô combien plus réaliste et productif. C’est par exemple la méthodologie adoptée depuis le début, dès 1997, par la Charte Qualité des Pomiculteurs de France et son label Vergers Ecoresponsables.
Imaginons maintenant dans quelle situation nous serions aujourd’hui si la stratégie définie au départ en 2008 avait été la bonne. Au lieu de ce malthusianisme lyssenkien imbécile vendu au politique, c’est le fil conducteur de la production fruitière intégrée qui aurait guidé les politiques publiques. Formation et implication des agriculteurs, des techniciens, chercheurs, expérimentateurs, administration, messages politiques, tout aurait concouru pour réussir dans cette voie de progrès. Si en plus au passage la représentation nationale ou le juge ne s’étaient pas substitués à l’ANSES ou à l’EFSA pour dire ce qui doit être autorisé ou pas en termes de matières actives phytosanitaires, nul doute que notre agriculture serait déjà bien plus verte et nos intelligences de l’écosystème plus productives.
Le plan de souveraineté pour les fruits et légumes qui a été annoncé dès le salon de l’agriculture de février 2023 est né de la prise de conscience de la dégradation de notre autonomie depuis plus de vingt ans. Des investissements dans des matériels, des équipements ou du matériel végétal innovants issus d’appels à projet vont être soutenus dès ce début d’année. On en connait maintenant la liste. Gageons que les maraichers et les arboriculteurs sauront optimiser tout ce qui peut l’être des moyens financiers alloués.
En revanche du côté des impasses qui se profilent pour la protection des cultures, malgré l’immense travail d’inventaire et de mesure des difficultés rencontrées, l’accompagnement proposé relève plus des soins palliatifs que d’un plan de survie. L’idéologie puissante qu’il faut respecter et satisfaire n’autorisera pas beaucoup plus. L’importation repoussera encore un temps la prise de responsabilité qui deviendra tôt ou tard nécessaire. L’exemple du nucléaire vient de nous montrer combien c’est facile quand la réalité devient aveuglante et que l’on touche trop violemment aux portefeuilles des citoyens. Mais ce sera bien tard pour l’agriculture aussi. Peut-être un peu trop.
L’eau nécessaire à l’irrigation pour le maraichage et l’arboriculture est également soumise à cette paralysie de l’action publique. En matière de gestion, le principe de précaution s’applique très sévèrement pour l’eau. Il est étayé par tout ce que des blouses blanches pétries d’idéologie peuvent trouver d’arguments foireux pour ne plus creuser un trou ou élever une digue. Un parcours ponctué des plus belles études n’empêche plus un projet d’être retoqué par un juge administratif qui démontrera qu’au regard des multiples lois et obligations à satisfaire il en manque encore.
J’étais à l’insu de mon plein gré à Creys-Malville en 1977 pour participer à la manifestation contre le réacteur nucléaire Superphénix. Le nucléaire faisait légitimement peur et était prétexte à concentrer tout ce que la France et l’Europe comptait de manifestants à la recherche d’affrontements et de petites guerres. Près d’un demi-siècle plus tard leurs descendants prennent de paisibles mares et de très beaux étangs artificiels comme cible. Ils réussissent, malgré leur motivation dérisoire et pathétique, à ne pas s’attirer de dérision dans les médias et auprès du public. Etonnant non ?
Le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique est en cours d’achèvement et finit cette année son remplissage sur le Nil bleu en Ethiopie. Jusqu’à 74 milliards de mètres cubes d’eau vont être retenus derrière ce barrage. Le pays doublera ainsi sa production électrique. Le Soudan et surtout l’Egypte s’inquiètent de la régulation du débit du Nil qui va en résulter. Les inondations qui traditionnellement enrichissaient par les sédiments la fertilité de certaines terres en bordure du fleuve n’auront sans doute plus lieu. Mais il y a fort à parier que la régulation des débits aura plus de vertus pour l’agriculture de ces pays que d’inconvénients.
Le barrage de Serre-Ponçon dans les Alpes ou les barrages de Lavaud Mas Chaban en amont de la Charente ont été des réalisations offensives en leur temps. Personne ne remet en cause aujourd’hui leur existence et leurs bienfaits. Mais en aucun cas un nouveau projet de cette nature ne pourrait aboutir avec le jeu de contraintes que l’on s’est donné.
Le message politique actuel est que nous devons irriguer plus de surfaces mais avec moins d’eau qu’aujourd’hui. Comme pour Ecophyto en 2008, quelque autorité scientifique drapée dans sa blouse blanche immaculée a dû dire qu’avec la même quantité d’eau prélevée aujourd’hui par l’agriculture on peut irriguer bien plus de surface. Le gaspillage actuel étant ce qu’il est.
La situation est d’autant plus ubuesque que depuis des semaines une partie du pays boit la tasse et que les chaines d’infos montrent en boucle les inondations. Mais pas une voix ne s’élève pour dire qu’il serait judicieux d’en mettre de côté quand il y en a trop pour en disposer quand on va en manquer. La connexion dans les têtes entre sécheresses et inondations ne se fait plus. On reste béats de bêtise et d’impuissance face aux deux situations. On est dans une sorte de nouvel animisme face à la nature. Elle doit être subie avec résignation parce qu’au fond tout cela est mérité. L’apocalypse d’ailleurs ne va plus tarder si l’on continue de vivre et de respirer au rythme actuel de nos niveaux de vie.
Le refus de stocker de l’eau et de disposer de moyens efficaces de protection des plantes sont les deux exemples qui me semblent exprimer le plus clairement le mauvais coton que l’on file en matière de politique agricole en France. Avoir l’objectif d’en utiliser le moins possible pour la nourriture que l’on consomme ne sera pas atteint en s’y prenant comme ça. Nous ne réussirons qu’à recevoir d’ailleurs ce que nous ne saurons plus produire ici. La liberté des échanges commerciaux nous autorisera un temps à fermer les yeux sur les conditions de production de ce qui nous vient d’au-delà nos frontières et que nous n’aurons pas voulu assumer, même en mieux ici. Jusqu’à ce que comme pour l’électricité, il faille décider à nouveau de s’organiser pour produire. Le compte à rebours a déjà commencé.
La logique à l’œuvre sur ces deux thèmes instille tous les autres aspects de l’environnement légal et réglementaire qui encadre l’agriculture. C’est donc bien cette idéologie sous-jacente qui constitue la menace agissante la plus dangereuse pour notre arboriculture aussi. D’autant plus quand cette idéologie qui diffuse dans les profondeurs de notre organisation publique s’accompagne de raisonnements superficiels.
Quoi de plus évident par exemple que de considérer que les fruits et légumes frais doivent être présentés à la vente en dehors de tout emballage plastique ? Christophe Béchu lui-même, ministre de l’Environnement et du développement durable, nous disait lors du dernier salon de l’agriculture en picorant dans la corbeille de fruits et après avoir entendu nos complaintes que l’on avait tous connu le temps ou l’on s’en passait très bien et qu’il fallait y revenir.
Une loi pour interdire les emballages plastiques pour les fruits et légumes frais est donc légitime avec son bon décret d’application. Le problème c’est que la distance entre les lieux de production et de consommation, la fragilité de certains fruits et légumes et le comportement à l’achat des consommateurs ont conduit au fil du temps à l’utilisation d’emballages de protection. Et pour cela le plastique c’est fantastique. Après des mois d’auscultations fruit par fruit et légume par légume de ce qui devait être préservé ou pas, un dernier décret d’application est en vigueur depuis le 1er janvier. L’EU qui s’est fait bâcher son projet qui va dans le même sens par le Parlement en fin d’année passée considère que ce décret français n’a pas lieu d’être. Mais pour l’instant, jusqu’à plus ample informé, il s’applique. Et côté français on espère que le choix qui sera fait tôt ou tard par l’Europe se superpose pile poil sur la nouvelle réglementation française. Passons sur le fait qu’une fois de plus l’initiative française ne joue pas le jeu du collectif européen. Mais regardons surtout si par cette loi et son décret la quantité globale de plastique au rayon alimentaire va baisser. Et posons-nous la question de savoir si la consommation de fruits et légumes frais sera impactée et comment.
Prenons l’exemple de la pomme. Le plastique n’est plus utilisé pour les emballer en dessous d’un lot de 1.5 kilogramme. Compte tenu du comportement des consommateurs qui en ville goûtent la praticité et la protection des barquettes de 4 ou 6 pommes, le carton recyclable a remplacé le plastique. Le résultat n’est plus tout à fait le même. Le carton masque les fruits là où le film plastique les rendait bien visibles et brillants. Le carton est plus lourd et volumineux à transporter et il prend l’humidité. Les clients au rayon déchirent quelque fois le carton pour mieux voir les pommes. Pour finir, le coût est plus élevé et le client est mécontent. Des études plus précises seront nécessaires pour évaluer la perte de consommation qui sera liée à cette nouvelle règle et vers quel autre produit s’orientent les consommateurs déçus de ce qu’on leur propose.
Est-ce que le peu de poids que représentent ces films participe d’une baisse globale du plastique au rayon alimentaire ? Il y fort à parier que non et cela pour les raisons qui vont suivre.
Le ministre aurait aussi pu rappeler qu’en son temps la compote de pommes s’achetait dans des grands pots de fer blanc ou plus luxueusement dans des bocaux en verre. Maintenant ce sont des coupelles en plastique qui contiennent 90 ou 100 grammes et des gourdes pour la même quantité unitaire. Des gourdes qui sont des trésors d’ingéniosité de l’injection plastique avec leur petit bouchon à visser. Ces coupelles ou ces gourdes par 4 ou 8 ou 12 sont emballées dans de beaux cartons couverts de messages qui vantent les méritent nutritionnels et la qualité de l’origine des fruits. On peut aussi participer à des jeux. Enfin tout ce que le marketing peut passer comme messages trouve sur ces petits pots ou gourdes en plastique en plus des cartons qui les regroupent des supports de communication de rêve. Autant de moyens dont on prive les pommes à croquer.
Cependant si l’on compare nos 6 pommes pour une barquette d’environ 1 kilo qui était avant recouverte d’un film plastique tout fin et transparent avec la quantité significative de plastique et de carton pour une dizaine de coupelles ou de gourdes de compote, il n’y a pas photo.
Pour les pommes fraiches c’était un drame. Mais pour les pommes en compote c’est une vertu. Résultat des courses au supermarché, les pommes fraiches voient leurs ventes baisser quand la vente de compote augmente. En conséquence, la quantité globale de plastique au rayon est donc en augmentation. Etonnant non ? Bon, de là à suspecter qu’il y ait anguille sous roche entre les industriels de la compote et la député Graziella Melchior dont l’amendement déposé et adopté le 20 novembre 2019 est à l’origine de l’interdiction, il y a un pas qu’il n’est pas utile de franchir. Pour cette initiative aussi, la superficialité du raisonnement, le courte vue et le coup politique suffisent à comprendre pourquoi on a tiré une balle de plus dans le pied de nos pommiers.
Il est épuisant de devoir ramer à contre-courant des initiatives malheureuses qui s’enchainent. Mais on comprend bien aussi que nos faiblesses sont essentiellement liées à des erreurs d’analyse et de mauvaises méthodes. On vient de le voir, un mauvais cap, l’absence d’étude d’impact et un chantier pris à l’envers mènent dans le mur.
Mais c’est aussi une belle opportunité de savoir que ce qui nous menace le plus est de cette nature. Puisqu’il suffit de changer de logique et de méthode pour retrouver une dynamique positive. Ce qui évidemment ne coûte rien et permet en revanche de faire de la dépense publique un vrai levier de développement.
Les voix professionnelles doivent faire entendre que la priorité c’est de produire, de maitriser les maladies et les ravageurs, d’optimiser l’eau qui tombe en abondance sur notre pays à un moment ou à un autre de l’année, de favoriser la mise à l’étrier pour l’emploi qu’est le travail saisonnier, tout cela en valorisant auprès du consommateur les vertus de consommer des pommes et des poires comme d’autres fruits et légumes d’origine France. Parce que tout cela doit se faire dans une dynamique permanente de progrès agroécologique contrôlé.
C’est une opportunité qu’il faut se donner de ne pas laisser croire que la stratégie suivie actuellement est la bonne en pensant pouvoir sauver ce qui pourra l’être. Il faut en revanche enrichir et affirmer un autre discours réaliste et ambitieux qui tienne compte des réalités technico-économiques des fermes fruitières et bien sûr des hommes et des femmes qui en ont la charge. Repenser par nous-mêmes sans tabou et sans crainte à partir des réalités vécues. En démocratie, c’est en formant et en informant le politique et le décideur public qu’il est toujours possible de gagner en efficience collective. C’est du terrain que doit venir la légitimité de l’action conduite. Le piège c’est toujours celui de la servilité volontaire dont parlait déjà Etienne de La Boëtie. C’est la révérence obséquieuse au pouvoir qui le maintient dans l’erreur et l’ignorance. L’heure est au renforcement des voix des acteurs de terrain qui se confrontent chaque jour au marché et à la concurrence. Il se trouvera toujours assez d’acteurs pour promouvoir l’incrémentation des normes et des règles. La balance n’est pas près de pencher trop du côté des producteurs. Et il sera toujours temps si la machine s’emballe de la calmer. Ce sera plus facile dans ce sens que pour remettre en ordre de marche le système pour produire.
Et puis nous avons une autre opportunité pour reprendre notre destin en main. C’est que l’importation à partir d’autres pays à meilleur prix et où les conditions de productions sont plus favorables n’est finalement pas si simple. Nos compétiteurs affrontent aussi des difficultés de toute nature. Les productions pérennes s’inscrivent dans des marchés et pour des consommateurs qui ne sont pas ceux des matières premières. Les différentiels de compétitivité ne modifient pas instantanément les circuits commerciaux. Mais ils agissent évidemment au fil du temps en faveur des plus séduisants et attrayants parmi les producteurs.
J’ai pu constater sur place les difficultés dans lesquelles se débattent aussi nos collègues Moldaves et Polonais.
Il va donc falloir un numéro trois à cette série puisque le numéro deux, déjà très long, n’a servi qu’à ressasser une fois de plus en ce début d’année notre mal français. Mais aussi à renforcer ma motivation pour inverser la tendance tant nos potentiels sont enthousiasmants.
A suivre….
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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