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La môme Stellia.

C’est l’article qu’il fallait lire dans Sud Ouest aujourd’hui. Il est signé de Christian Seguin et s’intitule : « Et si Edith Piaf avait été noire ? ».  Je vous ai trouvé une vidéo sur You Tube qui permet de deviner le talent de cette chanteuse. Et puis je vous ai recopié l’article.

Et si Édith Piaf avait été noire ?

C’est un voyage pour redécouvrir les terres, les combats et les bonnes raisons de vivre ici. Son tour de chant est sidérant. Stellia Koumba Koumba, 23 ans, s’approprie le mythe Piaf et chavire les publics.

 

Les fées se cachent mais le conte est palpable. C’est l’histoire d’une jeune femme qui marche. Elle vient de Libreville, au Gabon. Ses parents, un jour, vont prier pour appeler une fécondité introuvable. Stellia naît. L’Église protestante Bethel devient son territoire naturel. Henri, le père, crée un groupe de louanges dont il est le leader. Miracle ou pas, Stellia est un cadeau. Elle est intégrée à 5 ans et demi au groupe familial de gospel Réconciliation. Six mois plus tard, elle enregistre son premier CD, « J’ai trouvé la vie ». Elle arrive à l’âge de 13 ans à Agen, s’intègre tout de suite. Les terres du Lot-et-Garonne ont appris à accueillir. La particularité de Stellia, c’est qu’elle chante pour donner de l’importance aux oiseaux, pour tout et pour rien. Elle chante pour vivre en harmonie. Elle chante pour remercier la vie. La douche, version Olympia, peut lui suffire. Son père est le pasteur de l’Église évangélique de Bon-Encontre. Chaque dimanche, elle y anime le culte. Stellia entreprend des études à Bordeaux, travaille un master, mais uniquement pour s’engager un jour en politique, aider son pays, bâtir, grandir avec du sens. Si elle n’avait pas cette lumière, elle ne puiserait qu’au chant, « son extase ». Les fées la distraient. Elles l’emmènent sur la colline de Monclar, où vit une tribu enivrée de théâtre, les Baladins en Agenais. Elle chante et gagne le concours dit des Nuits de Monclar. Le public exulte. Elle naît une deuxième fois. Roger Louret, le père naturel de la troupe considérable, l’accueille au foyer.

Combien connaît-elle de chansons de Piaf ? Cinq. Il lui demande d’en apprendre 60 de plus. Que sait-elle de la petite femme de 1,47 m drapée de noir qui fait chialer les dockers de l’après-guerre et embrase le Paris populaire ? Qu’elle chante l’amour sans modération et qu’elle en souffre dans les mêmes proportions. C’est tout. Elle pleure en regardant « La Môme », le film d’Olivier Dahan. L’autre particularité de Stellia, c’est qu’elle croit au grand, au monumental amour en forme de paquebot blanc, qui fend la vie. Elles ont ça en commun. Stellia, en attendant le prince charmant, s’approprie un territoire inconnu : l’archétype de la chanteuse française du XXe siècle, la fleur des faubourgs dont les tripes disent vrai. Pour Stellia, chanter, c’est faire éclore, partager des sentiments autour d’une histoire. Comment une jeune femme africaine de 23 ans a-t-elle cette force de raviver la flamme d’un album de photos sépia ? Elle n’imite pas Piaf. Elle lui emprunte des textes pour parler d’elle-même. « Je découvre, dit-elle, une femme blessée, profonde, universelle. Ses mots révèlent ce que chacun porte en soi. Elle est en confidence. S’approcher de cette belle personne m’émeut. Je constate que je me confie moi-même. » Les vieux routiers du spectacle se pincent. Roger Louret, qui en a vu des vertes et des très mûres, sait tout de suite que l’on n’oublie pas cette demoiselle. Des gens pleurent dans la salle. Incomparable, inclassable, bouleversante. Ho ! Les fées, expliquez-nous ! Comment parvient-on à mettre en fusion deux cultures, deux époques, deux chemins de femmes aussi dissemblables ?

Tendons le micro à Alban Lapeyre, son ancien professeur de musique, qui l’a repérée à l’âge de 14 ans dans la cour du collège Ducos-du-Hauron, à Agen, et qu’elle appelle son « Papounet blanc ». « J’avais perçu son timbre de voix et sa capacité extraordinaire de rayonnement. Ce qu’elle fait aujourd’hui est sidérant. Elle a un pouvoir particulier, un grain dans la voix, un vibrato, une magie qui vous électrise. Elle est Piaf sans le savoir. »

C’est une émotion majuscule qui passe par cette tessiture qu’elle n’a jamais identifiée. Elle n’est pas basse, mais elle peut chanter grave. Sans rien avoir appris, elle s’offre la vaste étendue comprise entre une voix d’alto et celle d’une soprano lyrique. À cet endroit, sa félinité, sa vérité sans filtre et son audace lui font attraper le public avec les doigts. Près d’elle, l’excellent pianiste Gabriel Sarrou-Vergnac magnifie ce long moment de grâce. Les salles de toutes générations se lèvent. Elle remercie longtemps, comme si elle était dépassée par ce qu’elle produit.

Que dit madame aux cheveux blancs, là, qui a pris le temps d’intérioriser le patrimoine de la môme Piaf depuis cinquante ans ? Que Stellia, « c’est au-delà… ». Prenons date avec l’au-delà. Avant que la scène parisienne ne s’en empare et qu’elle parte construire un orphelinat au Gabon, il faut couper l’eau, louer des cars, regrouper les familles, emmener tous les blessés de la vie, sonner le tocsin dans les grandes surfaces et les lieux-dits. Il y a quelque chose de miraculeux sur la colline de Monclar.

 

(1) Représentations à Monclar les 5, 10, 11, 12, 18, 19 octobre à 21 h; les 6, 13, 20 octobre à 15 h.Réservations : 05 53 01 05 58/05 53 36 76 29. Ou par mail : lesbaladinsenagenais@yahoo.fr

 

 

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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S
<br /> Merci de votre soutien. <br /> <br /> <br /> J'étais encore jeune à l'époque de cette vidéo! :p <br /> <br /> <br /> 4 années se sont déjà écoulées! <br /> <br /> <br /> Encore merci.<br /> <br /> <br /> Musicalement,<br /> <br /> <br /> Stellia Koumba Koumba<br />
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F
<br /> Waouh!!! Merci.<br />
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