Jeudi soir le petit groupe qui s’est mobilisé pour la publication du dossier noir de
la RN 10 (téléchargeable sur le site cdc3b.com) s’est une nouvelle fois réuni pour faire le point sur les réactions qui ont suivi l’envoi de ce dossier et envisager de nouvelles actions. Le bilan à ce jour est plutôt maigre. Un premier courrier du préfet de
la Charente qui répond au député Jean Claude Beauchaud que la priorité c’est le ferroutage. Un second courrier adressé par le ministre Dominique Perben au député de Charente maritime Jean Claude Beaulieu qui stipule que des demandes il y en a beaucoup et que l’argent manque, alors il mandate les préfets de Région pour enquêter auprès des élus afin de définir ce qui est prioritaire et évaluer la volonté locale de cofinancer le bitume. L’assemblée départementale pour ce qui la concerne est déterminée à demander à l’Etat d’assumer seul, comme il s’y est engagé, la mise à deux fois deux voies de
la RN 10 et de
la RN 141 pour ce qui restera à faire quand les crédits antérieurement votés par le département,
la Région et l’Etat auront été dépensés. En revanche toute référence à notre proposition est soigneusement occultée en arguant du fait qu’elle serait contre productive pour l’instant. Le député Jacques Bobe considère quant à lui que nous sommes très injustes et excessifs au regard des formidables efforts effectués et de l’avancée des travaux en cours. Il a bon espoir que la mise à deux fois deux voies du tronçon de RN10 au sud de Reignac soit engagée dès la fin des travaux en cours au nord de Barbezieux. Il manque toujours de s’étrangler de colère quand on ose évoquer une mise en service du dernier tronçon au plus tôt en 2015. Par ailleurs
la RN 141 ne lui semble pas relever de la même priorité ou problématique. Le sénateur
Henri de Richemont soutient la nécessité de poursuivre les cofinancements départementaux et régionaux dans le cadre des contrats d’itinéraires qu’il va falloir négocier avec l’Etat, maintenant que les routes nationales ont été sorties des contrats de projet. Il dit que c’est une connerie de la part du gouvernement que d’avoir revendiqué de garder à sa seule charge les investissements à réaliser sur les routes demeurées nationales. Tout simplement parce qu’il n’en a pas les moyens. Et puis lui aussi pense, après en avoir parlé avec le ministre, que tout cela peut quand même aller bien plus vite que ce que nous proposons. Jean Yves Le Turdu et Patrick Fontannaud respectivement élu régional et élu départemental verts nous ont écrit pour exprimer leur préférence pour le ferroutage associé à un étranglement routier afin de freiner l’expansion du trafic de poids lourds.
Après un tel panorama de la volonté de nos illustres visionnaires je devrais sans doute hésiter à avoir la prétention de rappeler notre analyse et nos propositions qui manifestement n’ont pas semblés suffisamment dignes d’intérêt pour qu’on en débatte vraiment.
Le département de
la Charente est opportunément situé sur l’axe routier géographiquement le plus pertinent entre l’Europe du sud et l’Europe du nord et de l’est. Jour après jour les poids lourds de toute l’Europe malgré des infrastructures d’un autre âge ont tracé leur route en Charente du sud vers l’est. Le corridor de fret qui se développe sans cesse sur notre territoire est devenu l’un des plus importants d’Europe. De cela découle un raisonnement d’une simplicité enfantine. Il est plus que jamais absolument nécessaire de transformer en autoroute
la RN 10 depuis Bordeaux jusqu’à Angoulême puis
la RN 141 jusqu’à Roumazières et poursuivre par la création d’une autoroute concédée jusqu’à
La Croisière pour rejoindre
la Route Centre Europe Atlantique à la jonction avec l’autoroute A20. L’autoroute, solution la plus rapide pour que la traversée de toute
la Charente soit réalisée permet aussi de faire supporter le financement aux marchandises transportée sans solliciter le contribuable départemental, régional ou national. Cette route devient alors un formidable levier pour le développement économique et touristique et une tirelire pour les finances départementales. Le déficit de fonctionnement prévisionnel des Studios Paradis des chais Magélis serait dans ce nouveau cadre regardé très différemment si peu quand même que l’on sache définir une stratégie pour le pôle image et s’y tenir.
Nous n’en sommes malheureusement pas là et dès le lendemain de notre réunion en revenant d’Agen j’ai pu une nouvelle fois ressentir la désolation qui accueille l’automobiliste qui entre dans notre département par
la RN 10 en venant de Bordeaux. Des tas de camions s’éparpillent là où ils peuvent de chaque côté de la route ou sur des parkings de fortune. Les bas côtés sont massacrés et labourés par les roues des camions. Des bâtiments en ruine ou qui souffrent de la proximité du passage de la noria continue des poids lourds confèrent des allures de tiers monde à cette entrée sud de
la Charente. Pour le voyageur qui roule vers l’est cette impression ne cesse vraiment qu’après avoir quitté
la Charente. Les élus du département s’en aperçoivent-ils ? Sans doute pas. Fatalistes et « carbonisés » ils se sont résignés et tournent la tête.
Une nouvelle campagne électorale vient de commencer pour la désignation des quatre députés qui vont représenter
la Charente au Plais Bourbon. Après le deuxième tour de l’élection présidentielle, juste après l’interdiction préfectorale inopinée de circulation pour les poids lourds dans les deux sens sur
la RN 10, nous interpellerons les candidats aux législatives pour qu’ils prennent position sur cette question. Tous ou à peu près ont ouvert un blog. Ça serait bien qu’on puisse y lire des engagements et des convictions qui permettraient d’enrichir le débat. Mais peut-être cela n’intéresse t’il pas les électeurs ? On peut déjà faire un test stimulant pour les candidats. Que chaque lecteur de ce blog réponde par oui ou par non à la question suivante.
L’engagement des candidats aux législatives pour la mise aux normes autoroutière de la traversée de
la Charente du sud vers l’est sera-t-il un élément décisif de votre vote ?
Vous êtes bien sur invités à dire bien plus que oui ou non.