26 Décembre 2006
Certains matins, comme ce samedi 23 décembre, la lecture de Sud Ouest et de la Charente libre me plonge dans une grande perplexité. Comment nos concitoyens, dès lors qu’ils n’ont pour seule source d’information que ces deux quotidiens locaux, peuvent ils se faire une opinion juste de la réalité de l’action de la communauté de communes et de la qualité de la relation avec Barbezieux? Comment aussi contrebalancer maintenant auprès des lecteurs le portrait d’autocrate (excusez du peu car selon le petit Robert il s’agit d’un souverain dont la puissance n’est soumise à aucun contrôle et qui a pour synonymes : despote, dictateur, tyran) qui m’est fait à plusieurs voix, amplifié et imprimé dès la première page de la Charente libre ? En effet seuls les témoignages à charge sont portés à la connaissance des lecteurs. La Charente libre m’a bien demandé de réagir aux propos tenus sur moi et elle a publié mes réponses dans son article, mais cela n’a pas le même effet sur le lecteur que des témoignages extérieurs. Parce que peut-être (mais c’est bien sûr à vérifier) qu’il existe des appréciations différentes tout aussi crédibles sur mon comportement et la façon dont je préside la communauté. Je ne suis pas dupe, relater des faits dans un article peut relever bien plus d’un parti pris que d’une vraie volonté d’informer. Mais bon, il faut faire avec. Heureusement qu’internet existe et que ce blog me permet de m’adresser directement à tous ceux qui savent maintenant qu’ils peuvent connaître mon opinion en direct et sans filtre. Naturellement cette odeur de soufre augmente le nombre des personnes intéressées par mes réponses, l’audience de ce blog s’amplifie donc, comme à chaque fois qu’une polémique se fait jour. La diffusion ne peut pas encore se comparer à celle de la presse mais c’est déjà ça.
Alors les relations entre la communauté de communes et la commune de Barbezieux sont-elles si difficiles que les propos tenus lors de ce conseil municipal semblent l’indiquer? La commune de Barbezieux est elle freinée dans son développement par la communauté et délaissée par celle ci? Suis- je vraiment un autocrate qui pratique le clientélisme et le copinage à la tête de cette communauté ? Et puis enfin quelle valeur doit-on accorder aux jugements des élus dont les propos sont rapportés par la presse ? Qui sont-ils et d’où parlent-ils ces illustres tribuns?
Pour répondre à toutes ces questions il peut-être utile de faire un petit rappel des faits depuis février 2003 ?
Contre l’avis de la plupart des conseillers qui s’étaient opposés au président Vignerie j’avais insisté et obtenu que des élus de Barbezieux et des communes qui soutenaient le président démissionnaire soient vice-présidents et membres du bureau, ce qui fût fait.
Je me souviens aussi avoir sollicité une rencontre avec le maire de Barbezieux moins d’une semaine après avoir été élu à la présidence de la communauté. Je souhaitais dire immédiatement au maire et à ses adjoints qu’il n’y avait pas à mon sens d’opposition entre les petites communes et Barbezieux mais uniquement un rejet très fort de l’attitude des élus de Barbezieux à leur égard.
Jean Yves Mallard assistait à la réunion et je lui ai dit assez brutalement combien son comportement et sa communication dans nos assemblées si elle devait perdurer contribuerait à rendre toute amélioration très difficile à obtenir. Je crois d’ailleurs pouvoir dire aujourd’hui que la détermination de la majorité des élus qui se sont opposés au président, le contraignant ainsi à démissionner, doit beaucoup à Jean Yves. Je me souviens qu’il avait été touché de s’entendre dire aussi clairement tout ceci et il avait marqué un temps de stupeur et d’incompréhension. Mais chassez le naturel il revient bien au triple galop.
La communauté venait d’adopter un an plus tôt la taxe professionnelle unique sur proposition de son président, également maire de Barbezieux. Ce changement dans la répartition de la fiscalité entre les communes et la communauté freinait la progression des recettes des communes les mieux dotées en entreprises et donc en premier lieu de Barbezieux. Comme aucun équipement ou service n’avait été transféré le jour de l’adoption de cette TPU, il se produisait un effet de ciseaux assez brutal entre des recettes freinées dans leur progression et des dépenses en croissance. La situation devenait assez difficile pour la ville centre.
J’avais bien étudié le mécanisme et je savais qu’il était de ma responsabilité d’accompagner cette modification dans la répartition des ressources par un travail de fond sur le transfert de compétences à obtenir de la commune vers la communauté. Mais cela nécessitait du temps et il fallait apporter des réponses immédiates. Alors pour élaborer le budget dans les jours qui ont suivi le changement d’équipe, nous avons multiplié les réunions à huis clos pour rechercher le plus large consensus possible sur les choix budgétaires et pour l’instauration d’une dotation de solidarité, principalement répartie en fonction de l’assiette de la taxe professionnelle des communes. Ceci afin d’atténuer l’impact du passage à la taxe professionnelle unique.
Dès le moi de mai nous avons ensuite entrepris d’aller à la rencontre, dans un temps très court, des 36 communes afin d’écouter les conseils municipaux et tenter de doter la communauté des fondations qui lui manquaient encore. L’objectif était aussi de nourrir notre réflexion pour définir l’intérêt communautaire dans nos statuts, c'est-à-dire la répartition entre ce qui avait vocation à demeurer communal et ce qui devait devenir intercommunal. Je m’attendais à ce que la rencontre avec le conseil municipal de Barbezieux se solde par de nombreuses demandes de transferts qu’il serait difficile de satisfaire. Dès le début des échanges c’est Jean Yves Mallard lui-même, de plus en plus fin stratège, qui coupa court à cette discussion en indiquant qu’il n’y aurait pas de transfert de la commune de Barbezieux vers la communauté.
J’assistais incrédule à ce magnifique tir de balle dans le pied approuvé par le conseil. Pour les modifications de 2003 c’était décidé nous ne devions faire que du neuf. C’est ainsi que nous avons pu prendre la compétence accueil et information touristique pour pouvoir susciter et financer la création de l’office de tourisme intercommunal. Comme rien n’était fait dans le domaine de la petite enfance et que la quasi-totalité des communes souhaitait que la communauté puisse agir nous avons aussi pris aussi cette compétence.
Toujours dans un souci d’alléger les charges des communes et de rendre communautaire ce qui manifestement pouvait l’être j’avais proposé, après l’avoir étudié avec les experts de Philippe Laurent consultants, que la communauté prenne la compétence de l’aménagement hydraulique. En clair cela signifiait que la communauté se substituait aux communes pour financer le syndicat du Né et le syndicat du Trèfle. Et puis pour le cas où des interventions deviendraient nécessaires sur d’autres ruisseaux ou rivières du territoire c’est la communauté qui en aurait la charge. Symboliquement, il me semblait que cet engagement était très pertinent. C’était sans compter avec l’incompréhension très surprenante de mon camarade Alain Testaud, délégué de l’opposition du conseil municipal de Barbezieux et président du syndicat du Né, qui voyait dans ce transfert de compétence je ne sais quelle menace pour son poste de président ou des remises en cause des choix conduits par le syndicat. Malgré l’assurance que les délégués de la communauté au syndicat seraient les mêmes que ceux des communes qui siégeaient déjà, il était obstinément opposé au projet. La majorité des communes était favorable à ce transfert mais je l’ai pourtant retiré parce qu’il me paraissait indispensable qu’il y ait un très large consensus et qu’aucune incompréhension ne devait demeurer. Mais le mal était fait et j’apprenais par les uns et les autres la campagne virulente menée contre moi par Alain, indiquant à qui voulait bien l’entendre que mon ambition était sans limites et que j’étais dangereux. J’avais bien senti qu’il exprimait une espèce de trouille paranoïaque complètement disproportionnée avec le projet envisagé qui était presque totalement neutre pour lui-même et le syndicat du Né. En revanche la légitimité de la solidarité communautaire était évidente pour le réseau hydrographique du territoire. Je crois que depuis cette date on ne l’a plus vu beaucoup en conseil ou en commission. Son ignorance évidente à l’époque des règles qui président à la coopération intercommunale a du encore s’aggraver. J’ai compris depuis que son obstination à ne pas comprendre n’était sans doute pas inspirée que par la seule volonté de défendre l’intérêt général. Cette brouille aura finalement permis d’engager le rapprochement entre Alain et son maire et mettre ainsi un terme à toute velléité d’opposition fertile au sein du conseil municipal.
Début 2004 les choses ont évolué et les conseillers municipaux de Barbezieux ont délibéré pour demander la prise en charge d’un certain nombre de subventions que la commune ne souhaitait plus verser. Ils ont également proposé le transfert à la communauté de la piscine, du cinéma, du centre équestre et du château. Dans un second temps la commune avait également la volonté de transférer le conservatoire de musique. Dès le budget les subventions ont été prises en charge, puis après plusieurs mois de travail tous les équipements proposés sont devenus communautaires avec l’assentiment à la majorité qualifiée des communes. Seul le conservatoire à ce jour reste communal.
Ces transferts ont nécessité beaucoup de travail et de dialogue entre les équipes. Il me semble que nous avons fait les efforts qu’il fallait pour que tout se passe au mieux des intérêts de la population et des associations concernées. Pour chacun de ces équipements nous avons cherché à associer l’élu référent de la commune. Les difficultés, quand il y en a eu, provenaient plus de la large concertation que nous souhaitions assurer que de décisions autoritaires que nous aurions prises.
Qu’avons-nous fait et décidé depuis et quels sont les projets en cours pour la commune de Barbezieux? Le centre équestre sera agrandi et rénové au début de l’année qui commence. Le cinéma pour lequel nous attendons en janvier le soutien du centre national du cinéma sera aussi agrandi et rénové en 2007. Deux bâtiments d’accueil d’entreprises sont en cours de construction sur la zone d’activité de Plaisance dont la fin de commercialisation approche. Un lotissement a été réalisé sur l’avenue de l’Europe et à ce jour les quatre terrains viabilisés sont vendus. Des travaux vont être engagés sur la toiture du château et surtout nous allons recruter un programmiste pour définir précisément les contours d’un projet d’ensemble, patrimonial, culturel et touristique. Nous avons reçu il y a quelques jours six représentants de la direction régionale des affaires culturelles dont le directeur en personne. Nous sommes convenus de travailler ensemble dès janvier pour préciser le cahier des charges du programmiste et élaborer une convention de partenariat entre nous. C’est maintenant la Région que nous allons rencontrer pour recueillir son avis sur notre projet que nous avons souhaité inscrire en priorité dans le contrat régional de développement durable. A chaque fois nous associons le maire ou ses représentants.
Le budget de la crèche halte garderie est maintenant bouclé et nous devons valider l’avant projet définitif pour enclencher la réalisation avec une fin de travaux prévisible en 2008.
Une étude urbanistique vient d’être réalisée à la demande de la commune pour assurer une réalisation de qualité pour la voie verte dans la zone de Plaisance qui va se faire en 2007. Pour permettre à la commune de réviser son plan local d’urbanisme et pour tenir compte de la compétence économie de la communauté nous avons sollicité auprès d’un urbaniste une étude sur le schéma d’aménagement des zones d’activité économique. Tout ceci en étroite concertation avec la ville puisque l’urbanisme est de sa seule compétence.
Pour ce qui concerne le projet de piscine couverte, je suis très attentif à ce que la communauté soit très engagée et très volontaire pour étudier la faisabilité du projet. Et ceci depuis l’annonce par la Région de sa décision de voter deux millions d’euros pour participer au financement de cet équipement. Je ne sais pas si elle se réalisera mais nous ferons tout ce qu’il faut pour que les élus aient les moyens de prendre leur décision en connaissance de cause. Si je peux me permettre de faire un peu de stratégie sur ce dossier il me semble qu’il n’y a vraiment aucun risque pour la commune de Barbezieux de ne pas être associée aux travaux d’étude. En revanche je me préoccupe beaucoup plus de faire participer à la réflexion les délégués de toutes les autres communes. Faut-il une nouvelle fois rappeler que lorsque la communauté est maître d’ouvrage la décision finale appartient aux 57 délégués du conseil communautaire et que je ne suis justement pas un adepte du passage en force. Si j’en crois la presse René Vignerie dit qu’il a exigé que ce soit la Région qui fasse l’étude d’opportunité. En quoi cette démarche (bien inutile puisque nous sommes tous d’accord) garantit elle à la fin que les décideurs de la communauté valident le projet. Puisque ce sont eux et personne d’autre qui décideront et assumeront la décision. René emploie souvent ce terme, il exige que ce soit la région… il a exigé auprès de l’ARH etc…N’est ce pas le vocabulaire de quelqu’un qui se rêve autoritaire avec beaucoup de pouvoir ? Personne n’est dupe. Chacun sait que ces coups de menton sont dérisoires et ne servent à rien.
Tous les projets de la communauté connaissent un très long temps de maturation. Ils sont débattus en groupe de travail, en commission, au bureau, en réunion de travail ou en conseil communautaire. Aucun ostracisme n’a jamais lieu à l’égard d’aucun élu et souvent même des non élus sont invités à participer à nos travaux de réflexion sur les projets.
Un groupe de travail culture se réunit régulièrement. Une commission économie, un groupe de travail sur les projets touristiques se réunissent aussi. La voirie et l’assainissement mais aussi notre travail sur la réduction des déchets donnent lieu à de nombreuses concertations. Une commission essentielle appelée « service aux communes » se réunit aussi sous la présidence de Jacques Chabot. Y participent de nombreux délégués. Cette commission étudie les soutiens à apporter à l’ensemble des communes (c’est ici qu’est née la volonté de numériser le cadastre et d’assurer la couverture en haut débit de tout le territoire) ainsi que le versement de toutes les subventions. Cette commission comme les autres se soucie assez peu de mon autocratie.
Et puis bien sûr depuis un an nous élaborons notre projet à dix ans avec l’assistance de Nathalie Pinel de Cohéo. Il est difficile de mobiliser plus les élus. Et puis ceux qui semblent le plus regretter l’absence de concertation sont aussi ceux qui participent le moins à tout ce travail.
Il faut que chacun sache que je ne fais pas ça tout seul. Les vices présidents et les techniciens de la communauté prennent en charge tous les chantiers qui les concernent tout en participant étroitement à l’ensemble des dossiers de la communauté. Tout ou presque est ensuite débattu en bureau avant le conseil communautaire.
Il semble donc que ce ne soit pas assez. Je vais donc devoir demander à Joël Guern, qui semble très disponible depuis qu’il a pris sa retraite, de me montrer comment il s’y prend pour animer un travail participatif, associer ses collègues à des réflexions ou à l’élaboration de décisions. Si j’ai bien compris il a beaucoup à m’apprendre. Les conseillers municipaux de Barbezieux grâce à lui, les chanceux, doivent bénéficier de débats démocratiques vraiment passionnants pour tous les projets qu’ils travaillent avec lui. Pourtant jusqu’à ce jour je le percevais plutôt donneur de leçons, assez velléitaire et cynique, hautain et condescendant, avec un certain côté dandy triste. Je ne ressentais pas bien son goût pour le débat participatif et le dialogue. Mais je me trompe sans doute.
Le plus fou dans cette affaire c’est que bien que l’action de la communauté de communes à Barbezieux soit très conséquente (2.5 millions d’euros seront investis dans les 18 mois qui viennent), que les lieux de concertation soient nombreux, et que malgré une faible participation des élus de Barbezieux aux travaux communautaires les relations soient plutôt bonnes et sans heurts notables, ce soit la très noble cause de la mission locale et de l’adhésion d’Oriolles qui ait pu servir de prétexte à ce spectacle lamentable.
Je le dis amicalement à La Charente libre, il est bien dommage que tous ces propos absurdes et infondés n’aient pas été tout bonnement ignorés. Ils ne reposent sur rien de pertinent, bien au contraire. En choisissant de leur donner un fort retentissement et une forme de vérité en les publiant, le journal participe plus surement à freiner le développement de Barbezieux que ma supposée autocratie ou une illusoire manque d’attention de la communauté pour la ville de Barbezieux. Il va falloir ramer maintenant pour éviter des règlements de compte tout à fait démocratiques à la communauté.
Je ne sais même pas quoi répondre à l’accusation de clientélisme et de copinage. C’est tellement pas moi. Je suis vraiment ailleurs, à la recherche d’équité et de justice. En revanche je pense que ceux qui profèrent ces accusations gratuites sont sans doute assez familiers de ces concepts.
Mais on peut à juste titre me trouver bien ingrat envers ces politiques bien mal dégrossis. Parce que c’est quand même à eux que je dois d’avoir été élu président de la communauté. Ils ont tellement bien œuvré pour exaspérer les délégués et les radicaliser. Et peut-être que je me trompe finalement sur leurs intentions réelles. Et s’ils venaient tout simplement de décider de renouveler leur exploit pour les futures échéances. Non décidemment je suis trop ingrat. Merci les gars, fallait pas, c’est trop. Et moi qui ne croyais plus au père Noël.
En tous cas à quelque chose bêtise est bonne. C’est de bien montrer l’unité du conseil municipal autour de son maire, Alain y compris. Ce qui clarifie bien la situation et peut permettre de susciter pour les prochaines échéances électorales la constitution d’une offre alternative aux Barbeziliens qui en ont peut-être bien besoin.
Ni la communauté, ni la TPU , ni le climat, ni la fatalité ne sont un problème pour Barbezieux. Le problème est ailleurs, ça crève les yeux et les oreilles.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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