8 Septembre 2008
A la fin des discours officiels vendredi dernier à Plaisance, un membre du public, à qui je disais ma frustration de ne pas entendre les orateurs s’exprimer sur les actions et les projets qu’ils conduisent et préférer plutôt parler longuement de ce dont ils ne sont en rien responsables, comme le dynamisme de la foire ou le développement des entreprises locales, m’a fait spontanément cette réflexion qui me semblait bien adaptée : « ce sont des suceurs de roue ». Je précise que cela ne concerne en rien les responsables de la foire, bien au contraire, pas plus que mon successeur à la communauté qui a justement eu la bonne idée de faire participer à nouveau les 37 communes en prenant un stand sur la foire, qui trois jours durant a permis au public de prendre connaissance des très nombreux chantiers en cours sur tout le territoire.
La prestation de François Bayrou lors de l’université de rentrée de son parti dans le Var ravive chez moi depuis hier une autre déclinaison possible de cette expression.
Si j’ai bien compris, ce démocrate rigoureux s’oppose de plus en plus durement au président de la République dont il dénonce à peu près tous les faits et gestes. En très hiératique pape du courant alternatif, il est celui qui exprime depuis l’élection présidentielle l’opposition la plus radicale à Nicolas Sarkozy. J’ai bien compris aussi qu’il lui reviendrait de sauver la France en 2012 et que son incontestable sainteté l’autoriserait à ne pas être trop regardant sur le rassemblement hétéroclite qu’il lui faudra réunir pour recueillir plus de la moitié des voix des français. Ainsi, son respect pour la démocratie et l’électeur ne va quand même pas jusqu’à expliquer comment il va rendre compatible son conseiller économique Jean Peyrelevade et ceux à gauche qui se seront débarrassés des oripeaux du socialisme pour être enfin, mais au maximum, sociaux démocrates. Plutôt que de perdre du temps à lire le bouquin de ce banquier à la retraite il suffisait de lire le condensé de ses propositions dans le Nouvel Obs de la semaine dernière pour mesurer le fossé libéral qui le sépare de ceux sur qui compte le télé-évangéliste pour se faire élire demain.
Philippe Arnaud compte parmi les très rares parlementaires restés fidèles à François Bayrou et il est membre des instances dirigeantes du Modem. On peut supposer qu’il assume sa proximité avec le président de son mouvement et les prises de positions qui sont les siennes. L’UMP à Paris, à la suite de savants calculs stratégiques que je comprendrais me dit-on quand je serai plus grand, a choisi malgré les prises de position assassines de Bayrou à l’égard de l’UMP et du président Sarkozy de lui adresser un courrier lui indiquant le soutien du parti pour les élections sénatoriales en Charente. On pouvait penser que conformément à la déontologie que revendique tant son chef, il aurait refusé publiquement ce soutien compromettant. Eh bien je suis désolé de devoir ainsi révéler le peu de dignité et d’amour propre qui se cachent derrière les postures moralisatrices des hommes du Modem, mais il n’en est rien. Face aux grands électeurs plutôt marqués à droite et en proie au doute sur un vote modem, la missive est sensée lever les inhibitions et garantir une solidarité avec le camp de la droite. En revanche face aux grands électeurs de sensibilité de gauche les déclarations du leader de l’extrême centre, toutes tendances confondues, est censé démontrer indépendance et même nette opposition vis-à-vis du pouvoir en place. Je crois utile d’évoquer cet exemple peu reluisant pour démontrer à quel point Bayrou est un danger pour la démocratie et à quel point il se révèle être un tricheur indigne en couvrant de telles pratiques. La cohérence élémentaire commanderait à Philippe Arnaud, s’il revendique le soutien de l’UMP, d’adhérer par exemple au Nouveau Centre comme nombre de ses anciens amis. En revanche s’il souhaite demeurer au modem, ce qui est parfaitement son droit, il doit faire largement savoir qu’il est solidaire de son chef dans l’opposition radicale à l’UMP et à Sarkozy et qu’il rejette le soutien que lui a accordé ce parti.
J’ai vu Philippe à la foire expo vendredi. Il m’a gentiment demandé des nouvelles de ma santé et nous avons échangé quelques sourires. La convivialité naturelle et spontanée ne peut pourtant pas empêcher l’affrontement politique quand il est nécessaire comme aujourd’hui.
Pour ce qui me concerne je vais voter simple le 21 septembre. Deux candidats sont issus des rangs de l’UMP. Ils sont fidèles à leurs engagements tout en faisant preuve d’une grande liberté de parole et d’une belle indépendance d’esprit. Je leur fais pleinement confiance pour œuvrer utilement à l’élaboration de la loi et servir notre département. Je voterai sans hésiter Henri de Richemont et Jean Michel Bolvin.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
Voir le profil de Daniel Sauvaitre sur le portail Overblog