11 Juillet 2008
Après que les présidents aient quittés la Mutualité, samedi, se sont succédés à la tribune quelques hauts responsables du mouvement. Tous ont insisté pour que le parti stimule un débat très libre. J’ai aimé la formule employée par Nathalie Kosuisko Moriset selon laquelle « nous ne sommes pas à l’UMP pour nous ressembler mais pour nous rassembler ». N’en déplaise aux conservateurs de tout poil, c’est bien Nicolas Sarkozy qui a insufflé cette liberté de penser et de s’exprimer quand il a pris la tête du mouvement. Je m’amuse de voir les commentateurs qui hier n’avaient pas de mots assez durs pour dénoncer un parti de godillots s’offusquer maintenant des dissonances et des différences. Sarkozy applique aujourd’hui les mêmes principes à l’échelon européen et justifie à peu près ainsi l’expression de ses multiples désaccords : « la démocratie c’est le débat. Si le président de la république française ne peut pas exprimer une opinion différente de celle d’un commissaire ou de la commission, même s’il se trompe, c’en est fini de la démocratie et c’en est fini de l’Europe ».
Je regarde LCI à l’instant ou j’écris ces quelques lignes. Le député PS Didier Migaud commente les orientations budgétaires du gouvernement. Il le fait en tant que président de la commission des finances de l’assemblée nationale, poste qu’il occupe contre la volonté de la majorité des députés et grâce à la promesse du candidat Sarkozy de confier le poste à l’opposition et qui n’a pas faibli lorsqu’il a fallu passer à l’acte. Je me demande où sont les vrais démocrates. Est-ce que ce sont ceux qui dénoncent doctement les couacs ou bien ceux qui autorisent la « couac attitude » et la liberté de parole ? On sait le traitement qui a été réservé au vice président de la Région, Jean François Fountain, après qu’il ait exprimé un désaccord avec Ségolène Royal sur les moyens de l’équilibre budgétaire à la Région.
Jean François Copé, qui est décidemment un excellent orateur, se félicitait de ce que la façon de faire de la politique avait changé. Maintenant on peut parler plus simplement et plus directement de tout. Le discours politique redevient plus frontal et les joutes oratoires ont à nouveau de la saveur nous a-t-il dit.
Avec le secrétaire départemental de l’UMP, Xavier Bonnefont, et toutes les bonnes volontés du mouvement, nous avons organisé un rassemblement festif à Lignières Sonneville qui a connu un franc succès. J’avais une petite appréhension quant à la rencontre entre nos militants et notre invité Frédéric Lefebvre. Je ne le connaissais pas avant dimanche autrement qu’à travers son blog, les articles qui lui ont été consacrés et ses prises de position reprises par les médias. Je repensais en allant à sa rencontre vers Poitiers, d’où il arrivait en taxi parce que le train qu’il devait prendre avait plus d’une heure de retard, à NKM qui disait la veille qu’il fallait engager des controverses entre nous et ne pas avoir peur de décoiffer. A priori nous étions sur la bonne voie.
Je n’ai pas été déçu. L’homme est très atypique et a réellement du charme. Look et fringues ajoutent à l’originalité de Frédéric. J’ai forcément profité du temps passé à rejoindre le méchoui pour le questionner tous azimuts. Très simple et direct celui qui m’a dévoilé son principal trait de caractère, n’avoir peur de rien, s’est livré facilement à cet échange vraiment libre. Réforme des institutions, 35 heures, France Télévisions, mais aussi la déclaration du président la veille à la Mutualité par laquelle il illustrait auprès des présidents de la commission et du parlement européen, la Fance qui change, en s’exclamant : « désormais quand il y a une grève en France plus personne ne s’en aperçoit ». Bien que n’ayant dormi que trois heures avant de nous rejoindre, parce qu’il assistait au stade de France à la performance des meilleurs DJ’s du monde, il s’est livré à l’explication suivante. Bien sûr que cette déclaration était utile. Depuis l’étranger on continue de considérer que la liberté de circulation en France est régulièrement compromise par l’effet des grèves. L’attractivité du pays est bien plus importante que l’émotion suscitée dans le monde syndical. Et puis le fait des blocages a toujours été l’œuvre d’une minorité qui se bat pour ses seuls intérêts.
Hier matin c’est Daniel Cohn Bendit qui a interpellé durement et méchamment le président pour dénoncer sa présence à la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques. Cette fois ci la réponse a été bien plus courtoise et à la fin de l’échange les deux hommes se sont retrouvés. Le président a alors proposé de porter aux autorités chinoises une liste de prisonniers politiques que doit lui établir Dany le Rouge. Quelques heures plus tard sur France Info le ton du leader vert vis-à-vis du président était déjà beaucoup plus posé. Quelle est la meilleure stratégie pour un dirigeant pour faire évoluer les droits de l’homme en Chine et ailleurs ? A partir de quand faut-il rompre le dialogue ? Nicolas Sarkozy au début de son mandat, agacé par les commentaires et les conseils proférés ici où là, remarquait qu’il y avait des métiers beaucoup plus tranquilles que le sien, éditorialiste par exemple. Je repense à Raymond Aron qui revendiquait un rôle de spectateur engagé en ce qu’il essayait de se mettre à la place de celui qui agit pour envisager les autres décisions ou stratégies à avoir afin d’intervenir avec plus de pertinence. C’est toujours le bon comportement à avoir et il rend forcément plus modeste dans la critique.
Je fais partie de ceux qui pensent que l’énervement suscité dans notre pays par le style et le langage de Nicolas Sarkozy est salutaire. Il met en évidence les clivages et les blocages dans notre société. En réveillant le débat il favorise le mouvement et les évolutions des consciences et des comportements. Il est d’ailleurs symptomatique de constater que c’est parmi ceux qui usent des discours les plus durs pour dénigrer et dénoncer à tout va, que l’on s’offusque le plus du style direct du président. Pour ce qui me concerne cela me convainc plutôt pour considérer que c’est bien la stratégie qui convient.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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