2 Février 2016
Hier, se tenait la deuxième session plénière de la mandature au Conseil Régional d’Aquitaine. Inutile de disserter encore sur la longueur du bouchon avant Bordeaux et les deux heures de route nécessaires pour rallier mon siège depuis Reignac. Je vous promets que la prochaine fois que je vous raconte le parcours ce sera après avoir réussi à coller à l’évaluation optimiste d’une heure et dix minutes de mon GPS en partant bien plus tôt.
Rien d’affriolant dans l’ordre du jour qui nous était proposé. L’heure est encore à la mise en place des commissions, au déblocage de quelques sous en attente du vote du budget en avril et au peaufinage des règles de fonctionnement.
Virginie Calmels a quand même réussi à faire monter une première rumeur houleuse dans l’hémicycle depuis les bancs de la majorité en indiquant que les décisions budgétaires, bien qu’ elles soient essentiellement techniques, n’indiquaient en rien une volonté de contenir les dépenses au maximum cumulé de ce qu’elles étaient dans les trois régions.
Mais c’est évidemment lors du vote des indemnités des élus que les esprits se sont un peu échauffés. Parce que, bien qu’elles soient fixées par la loi, rien ne s’oppose à ce qu’elles diminuent. Et que l’on peut donc en débattre.
Le problème c’est de savoir qu’elle est la juste indemnisation d’un élu. Chacun se souvient que François Hollande lorsqu’il est arrivé à l’Elysée se savait trop payé et avait demandé à réduire ses propres indemnités. Au regard des résultats obtenus, il avait en effet vu juste. Dommage qu’il ne l’ait pas dit clairement avant à ses électeurs. Pour quelques euros de plus, il aurait évidemment mieux valu avoir un bon Président. La France y aurait gagné au centuple.
Du côté des partisans de la baisse des indemnités, c’est le symbole politique qui est mis en avant. Au moment où les français souffrent et voient au mieux leur pouvoir d’achat stagner, l’affichage d’une diminution se veut être un message à l’adresse des électeurs pour retrouver leur confiance. Le FN demandait ainsi 20% de baisse et l’UDI 10%.
Du côté des défenseurs de l’indemnité légale, c’est la nécessité d’attirer des compétences en provenance de la société civile à la hauteur des enjeux publics, plutôt que de ne recruter que des apparatchiks ou des retraités qui est mise en avant. La fin annoncée du cumul des mandats renforçant cette exigence. Si diminuer les indemnités devait conduire à être définitivement dirigés par des brêles, le coût incident serait on le comprend bien plus élevé. Dans ce domaine là aussi, « pas cher égal très cher », comme le dit la sagesse populaire. Verts, PS, PRG, Modem et Républicains étaient sur cette position.
Virginie Calmels a complété ce parti pris en rappelant que cette fusion de régions aurait nécessité de se traduire par une réduction sensible du nombre d’élus. Ce qui n’a pas été fait par la majorité au pouvoir. On pourrait ajouter que c’est aussi du côté de l’épaisseur du millefeuille, plutôt que du seul élargissement des périmètres que la réforme et les économies se font toujours attendre.
C’est donc le Président qui a eu le dernier mot en prenant position catégoriquement contre la baisse des indemnités. Et pas rancunier envers Virginie Calmels, Alain Rousset de répondre du tac au tac à Jacques Colombier sans craindre de faire tousser ici ou là, que quelquefois le LRPS le satisfait.
FN contre, UDI s’abstient, Verts, Socialistes, Modem et Les Républicains approuvent la délibération qui fixe les indemnités à leur taux légal.
Il était enfin l’heure d’aller déjeuner. Après une matinée qui témoignait cette fois encore de la difficulté pour l’intergroupe Modem, UDI et Les Républicains de trouver sa cohérence. Les enjeux en valent pourtant la chandelle qu’il faut tenir bien haut. De bonnes résolutions ont été prises en ce sens.
Le cargo Modern Express étant remorqué vers un port espagnol, c’est la grave crise aviaire qui a mobilisé les élus en début d’après-midi avant de clore la séance.
En fin de matinée, les différents groupes se sont retrouvés pour fusionner les deux motions déposées, l’une par le Modem, l’autre par l’UDI, afin de travailler à une version qui pourrait recueillir le soutien de l’assemblée tout entière.
Pascale Requenna, Modem, et Arnaud Tauzin, Les Républicains, tous les deux au cœur du territoire où se trouvent les éleveurs et les entreprises de la filière les plus touchés, sont intervenus efficacement l’un et l’autre pour soutenir la motion commune et décrire une situation économique très alarmante.
Cette crise est conjoncturelle. Elle est donc surmontable. C’est l’objet de la motion que d’ajouter aux mesures gouvernementales et au soutien des autres collectivités locale toute l’aide régionale qui peut être apportée en complément.
Xavier Argenton pour l’UDI a quand même souhaité attirer l’attention de l’assemblée sur les autres graves crises que connait l’agriculture en ce moment. Paradoxalement, la crise aviaire touche une filière qui garde de bonnes perspectives économiques. Malgré la gravité de la secousse, à la condition de dépasser l’obstacle, il y a lieu de rester confiant. Alors que les autres crises agricoles du moment, lait, porcs et autres viandes, céréales, sont autrement plus complexes à résoudre tant leurs causes sont devenues profondément structurelles.
Les élus verts ont demandé pour prix de leur soutien à la motion que l’affirmation que l’engraissement serait naturel et traditionnel soit retiré du texte. Il se trouve comme chacun sait qu’ils ne partagent pas l’analyse d’Arnaud Tauzin qui a rappelé que ces braves bêtes se gavent volontairement elles-mêmes. Et que l’on ne fait qu’exploiter leur penchant boulimique.
Le président n’a pas semblé très ému par la pudeur verte et a mis aux voix la motion. Les groupes ont voté pour, sauf les verts qui ont du s’abstenir puisqu’ils n’obtenaient pas gain de cause.
Il ma semblé que le peu d’écoute de leur revendication de la part de leur allié du deuxième tour leur est resté sur l’estomac. Ça les a gavé je crois.
Je suis depuis ce matin à Berlin et au salon Fruit Logistica jusqu’à la fin de la semaine. Je participe à plusieurs rencontres et réunions sur l’économie des fruits et légumes en France et en Europe. Vendredi matin aura lieu l’annonce des prévisions de récolte des pommes et des poires en hémisphère sud lors de la réunion des représentants des 18 pays producteurs de pommes et de poires membres de l’association WAPA que je préside jusqu’à février 2017. Les fruits et légumes sont des productions importantes dans notre grande région Aquitaine et j’espère pouvoir leur être utiles aussi par ma présence ici.
Je serai lundi à Angoulême pour assister à l’assemblée générale des irrigants de Charente. J’y participerai à une table ronde aux côtés de mon collègue conseiller régional Benoît Biteau. Débats nourris en perspective. Heureusement il a déjà beaucoup plu.
A suivre…..
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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