3 Octobre 2014
Monsieur le Ministre de l’Agriculture,
La commercialisation de la récolte française de pommes et de poires subit depuis le mois d’août une pression extrême sur les prix de vente. L’embargo décrété par la Russie contre les importations en provenance de l’Union Européenne en est la cause principale. Une récolte communautaire record de 12 millions de tonnes et la perte de près de 800.000 tonnes de ventes engorgent dangereusement les marchés.
A l’inverse des autres pays producteurs de l’Union, la France effectue cette année sa deuxième plus faible récolte de la décennie. Les fruits sont d’excellente qualité mais d’un prix de revient forcément très élevé. Et à ce jour, au regard des ventes effectuées, les pertes sont déjà considérables.
L’Union Européenne vient d’annoncer cette semaine un budget complémentaire pour réduire l’offre par la destruction de fruits. Pour éviter une nouvelle captation préventive de tout le budget par un seul bénéficiaire, un volume par pays a été défini en relation avec les quantités exportées habituellement vers la Russie. Pour la France, ce sont potentiellement 30 000 tonnes de pommes qui pourraient être détruites pour un montant de près de 3 millions d’euros.
Sans aucune aide, les producteurs ont allégé par eux-mêmes leur faible récolte d’une quantité au moins équivalente au quota qui leur est attribué. Ils ont laissé au verger les fruits les plus petits et les moins beaux. Il n’y a plus aujourd’hui une seule pomme ou poire à détruire. Les écarts de tri à venir tout au long de la saison suffiront tout juste à fournir sans importer les fabricants de compote et de jus. Votre ministère qui s’implique si activement contre tout gaspillage alimentaire ne peut que soutenir ce parti-pris responsable.
Compte tenu de l’écart de compétitivité qui s’accroît entre les arboriculteurs de France et ceux des autres pays européens, nous nous sommes engagés à promouvoir depuis quatre ans une préférence positive auprès des consommateurs pour les fruits issus de nos vergers écoresponsables qui respectent les règles de la Charte Qualité des Pomiculteurs de France et qui sont contrôlés pour cela.
Compte tenu des offres extérieures à très bas prix qui sont proposées sur notre territoire, nous avons décidé d’engager des actions marketing, complémentaires à ce que nous avions préalablement envisagé, afin de renforcer significativement notre signature collective « Vergers écoresponsables ». Pour cela, nous devons réunir immédiatement un budget d’un million d’euros. C'est-à-dire le tiers de ce que l’Europe nous alloue pour un remède inadapté à la crise que nous subissons.
Nous nous adressons donc à vous, Monsieur le Ministre, pour que vous mettiez tout en œuvre pour apporter aux Pomiculteurs de France le soutien financier indispensable à leur survie. Il sera affecté à une action positive pour les consommateurs, l’agro-écologie et l’activation du marché. Nous devons ensemble être réactifs et pragmatiques pour sortir du cadre inadapté et déprimant qui nous est proposé par l’Europe à ce jour.
Les producteurs de pommes et de poires ne sombreront pas sans avoir mis toutes leurs forces, jusqu’à la dernière, dans la rude bataille qui se livre en ce moment sur les marchés. Ils veulent engager dès le mois de novembre l’action de communication décrite dans le document joint à ce courrier. Ils espèrent vivement que cela puisse se faire avec votre aide.
Dans l’attente d’une réponse extrêmement rapide, nous vous adressons monsieur le Ministre tous nos encouragements ainsi que nos respectueuses salutations.
Pour le Conseil d’Administration de l’ANPP
Le Président
Daniel Sauvaitre
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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