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Alliés au nord de l'Aquitaine

Même avec un tronçon de RN10 à deux voies et tous ces foutus embouteillages du côté de Sainte Eulalie, Reignac est encore bien plus près de Bordeaux que de Nantes ou de Limoges. Dès lors, pas vraiment besoin de faire un référendum pour demander aux heureux habitants de ma commune quelle capitale régionale ils revendiquent si Poitiers n’est plus la leur.

Avec la perspective de la diminution du nombre des régions nous avons enfin un sujet stratégique qui fait la quasi unanimité dans notre département. Politiques, acteurs économiques et population optent presque tous pour une fusion de la Charente avec l’Aquitaine. Peu importent les conséquences géopolitiques immédiates et lointaines de notre divorce d’avec Ségolène Royal et le chabichou. Nous n’écoutons que notre courage. Non mais.

On a beau s’en défendre, rien de tel qu’un débat sur l’identité et les frontières, même régionales, pour réveiller le peuple, les élus et les irrédentismes de clocher. Au diable le politiquement correct. Si « le nationalisme c’est la guerre », comme l’avait dit Mitterrand devant le Bundestag, pour sûr que le chauvinisme c’est la guéguerre.

François Bayrou annonce fièrement qu’il ne veut pas de nous parce que nous n’avons pas la même culture et que nous ne parlons pas la même langue, préférant lorgner vers la région Midi Pyrénées. Alain Rousset s’inquiète cupidement du prix à payer si nous rejoignons l’Aquitaine. Ségolène Royal veut attacher notre destin à sa personne et appelle à une fusion absorption avec les pays de Loire. Jean Pierre Raffarin bande son arc Atlantique depuis Châtelaillon plage et décoche des flèches bien salées. Dominique Bussereau et Michel Boutant électrifient et court-circuitent la voie Royal. Ils sont prêts à croiser le chemin de fer  pour que la Charente se jette enfin dans l’Adour Garonne. Et pour finir Jacky menace ce matin chez Kiki de hisser le drapeau de l’Angoumois sur le fronton de la mairie de Ladiville.

Ça délibère et ça pétitionne de toute part. Bref, c’est la mobilisation générale. Gauche et droite, nous sommes tous unis dans l’adversité. C’est beau, c’est grand, c’est généreux.

Pas vraiment facile dans ce contexte mes chers lecteurs de lever le doigt pour demander aux uns et aux autres en quoi de nouvelles frontières vont stimuler la croissance et remettre à flots les finances publiques. Le sujet est bien trop terre à terre pour intéresser les belles âmes chevaleresques qui nous gouvernent. S’agiter, brasser du vent et se regarder le petit périmètre, tout cela est tellement plus excitant.  

Et pourtant, les limites régionales ne me semblent pas être le problème le plus urgent à résoudre. La révolution des frontières, pour spectaculaire qu’elle puisse paraitre n’est pour l’instant qu’une banale révolution de palais. La vraie révolution consisterait plutôt à simplifier et à rendre efficiente l’organisation de l’action publique, depuis la commune jusqu’à l’Europe. Le salut du pays passe par là. Nous n’en ferons pas l’économie. Mais c’est encore remis à plus tard et toute diversion pour éviter ce travail exigeant est toujours le bienvenu.

Parce qu’annoncer simultanément la suppression des départements et la diminution drastique du nombre de régions avant d’avoir défini clairement le nouveau schéma de fonctionnement ne peut conduire qu’à de l’agitation inutile et détourner l’attention des vrais problèmes.

Le Big Bang territorial annoncé par Manuel Valls tient plus pour l’instant du foutoir et du défouloir territorial. 

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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D
&quot;Là-haut, il pourrait leur arriver des tuiles si on leur présente l'ardoise&quot;<br /> ces matières étant de moins en moins miscibles entre elles.<br /> <br /> Soyons précis, chez ONPC Bayrou n’a fait référence qu’à Bressuire, pas aux Charentes, qui n’allongent la région que de 88km. Jusqu’à Toulouse, tout le monde s’accorde à dire (voir les réactions gasconnes) que les Charentes sont envisageables en Aquitaine. Michel Hortolan Pdt du CESER P.C. estime que la Charente ne montre pas un grand dynamisme, comparée au reste de la région(?). Il prépare peut-être une argumentation en vue de préparer notre mariage avec les régions &quot;boréales&quot; choisies par la Madone du Poitou.<br /> <br /> Ainsi, la Charente serait un département à la traîne... voyons voir... les statistiques de l’INSEE, juste pour rigoler un peu. <br /> Ce département représente 1/5 de population de Poitou-Charentes mais réalise à lui seul 40% de l’économie exportatrice de cette région. Il fut même en 2011 le seul département français excédentaire dans l’import-export et le Cognac n’y compte que pour un peu plus de la moitié*. Le brave charentais, dans sa “ruralitude”, exporte par tête de pipe, DEUX fois plus de valeur que le girondin moyen et le basquo-béarnais moyen, soit infiniment plus que chaque aquitain. Côté Charente-maritime c’est presque aussi “catastrophique”, ce département ayant l’outrecuidance d’être en plus le 1er département touristique de la façade atlantique et devant nombre de départements méditerranéens. <br /> <br /> Faudra dire à A.Rousset que dans la balance commerciale, le Cognac rapporte plus de devises que le vin de Bordeaux, lui qui estime que l’arrivée des Charentes “coûterait” 10 millions à l’Aquitaine. Sur ce fondement, il faudra qu’il pense à virer de l’Aquitaine: la Gironde rurale, les Pyrénées atlantiques, le Lot et Garonne, les Landes et la Dordogne. Donc, si je résume, l’arrivée de la Charente avec son excédent de plusieurs milliards coûterait quelques millions à l’Aquitaine, étonnant non. Visiblement ce garçon nous aime. <br /> Mais comme Paris n’est pas la France, Bordeaux n’est pas l’Aquitaine. On peut construire une région sans parler la même langue, à vérifier chaque jour entre les basques et les gascons. <br /> On parle Saintongeais en Gironde (Blaye, Pays Gabaye (à la latitude d’Arcachon)) et la langue d’Oc en Charente.<br /> La Saintonge est un pays de taiseux qui bossent dans leur coin, en silence, jusqu’à en devenir transparents, donc inexistants. Tiens, ça me rappelle une phrase de Goulebenéze: -”Un charentais arrivant au paradis vit qu’o y avait un provençal qui sentait l’ail à pien nez, un limoustou avec ses châtagnes et un gascon qui... fasait peter sa goule!” (déjà), ...d’où les commentaires publiés sur les blogs du groupe Sud-Ouest. <br /> <br /> Ce serait marrant de voir à l’avenir la métropole bordelaise, bientôt millionnaire en habitants, située à une trentaine de kilomètres de la région Centre ou Pays de la Loire.<br /> Avant ces découpages régionaux insensés, J.Chaban-Delmas avait préparé avec F.Gaillard, un découpage pour que la Gironde puisse avoir une frontière commune avec la Charente, la disparition de F. Gaillard a tout arrêté.<br /> Les publications de la CCI de Bordeaux, les déplacements d’élus girondins en Charente et les cahiers de l’INSEE attestent l’intérêt d’un rapprochement bénéfique pour le monde économique bordelais. <br /> <br /> (*) Outre la Vodka, productions électroniques, électriques, mécaniques, packaging, design avec Rotodesign et le groupe international Vitra design avec le domaine de Boisbuchet, site mondialement connu mais ignoré en France, et tous les autres dans des usines perdues en pleine campagne... et ceux plus discrets et non comptabilisés de l’armement (la fonderie de Ruelle fabrique pour l'export, des choses plus sophistiquées et plus chers que des lance-pierres).
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C
Cher Daniel,<br /> Tu aurais dû te présenter aux suffrages de la commune de La Pallice !<br /> Dommage que le bon sens soit une vérité aussi peu partagée.<br /> J'ai toujours beaucoup de plaisir à te lire.<br /> Amicalement,<br /> Christian
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