17 Avril 2011
Mardi 5 avril :
Je rejoins en début d’après midi le Forum « Végétable », animé par Jean Hartzig, le directeur de la rédaction de l’hebdomadaire du même nom, dans les salons de l’Aveyron à deux pas de Bercy.
Parmi les interventions, toutes intéressantes, je goûte tout particulièrement une annonce de Tomas Garcia Azscarate, chef d’unité à la direction générale « agriculture et développement rural » de la commission européenne.
Pierre Diot, le président de l’AOP « tomate » l’interpelle sur l’aberration qu’il y a de devoir vérifier si « un risque de position dominante sur son marché pertinent » existe pour une AOP (Association d’Organisations de Producteurs), qui n’intervient pas dans la commercialisation effective de la production des membres, avant de lui accorder sa reconnaissance officielle. En effet, alors que l’objectif de chaque association nationale est justement de couvrir la plus grande part de la production du pays, dès que les membres en réunissent plus de la moitié, la direction de la concurrence, en application des textes en vigueur, rechigne à donner son agrément.
La bonne nouvelle du jour est donc que nous apprenons de la bouche de Tomas qu’il est l’auteur de ce critère, institué pour prévenir les risques de limitation de la concurrence, et qu’il est tout à fait possible de le supprimer. C’est seulement l’abus de position dominante, lorsqu’il est avéré, qui doit être sanctionné. Dans la mesure où les AOP n’accomplissent pas l’acte commercial et dès lors que la probabilité d’entente entre les membres est quasi nulle, ce risque n’est qu’une hypothèse d’école.
Cette évolution est tellement attendue que je demande à Tomas de répéter afin d’être bien sûr que nous avons tous bien compris. Ce qu’il fait. J’attends quand même que la bonne nouvelle se traduise dans les faits pour le couvrir de pommes.
En revanche je remercie déjà vivement Tomas de m’avoir apporté publiquement son soutien ce même jour face au mauvais traitement médiatique dont j’ai fait l’objet récemment.
Il y a longtemps aussi que je souhaitais entendre Michel Griffon développer sa proposition d’une agriculture écologiquement intensive. Cet ingénieur agronome doublé d’un économiste, directeur général adjoint de l’Agence Nationale de la Recherche, exprime parfaitement la voie à suivre pour l’agriculture. Mais y en a-t-il jamais eu une autre qui ait vraiment durablement réussi ?
Mercredi 6 avril :
Nouvelle réunion de travail au siège de l'Anpp en vue de la constitution d'un GIS (groupement d'intérêt scientifique. L'objectif est de réunir tous les acteurs, depuis les laboratoires de recherche jusque dans les vergers, dont les travaux nourrissent l'innovation et concourent a la résolution des problèmes techniques rencontrés pour la production des fruits. La motivation du projet est d'une telle évidence qu'il peut paraitre saugrenu de dire que le chemin est parsemé d'embuches. Et pourtant il est préférable de bien mesurer les logiques économiques internes qui président au comportement de chacun pour trouver la voie qui permettra d'amener tous les organismes concernés a servir les objectifs d'intérêt général poursuivis. L'éternelle question à laquelle nous souhaitons apporter une réponse est la suivante: comment réussir la production écologiquement intensive, dont parle Michel Griffon, qui satisfera les consommateurs, les citoyens et les producteurs.
Jeudi 7 avril :
Déplacement à Carquefou pour évaluer de visu la qualité des pommes Belchard de mes excellents collègues en Loire Atlantique. J’en profite pour faire un léger détour et me rendre au siège des vergers de pommes bios dont Isabelle Saporta vante les mérites dans son enquête bidonnée et grotesque qui fait un tabac en librairie en ce moment. Ce qui est très dangereux pour la santé psychique des lecteurs et pourtant toujours pas mentionné sur la couverture.
Un champ couvert de tas de pommes pourries qui fermentent naturellement, des pulvérisateurs sales près de l’aire de chargement des expéditions, un capharnaüm inhabituel pour des bâtiments dédiés au travail des fruits et une odeur de moisi qui prend au nez m’incitent à vérifier que je ne me suis pas trompé d’adresse. Le bio dispense sans doute de respecter les règles élémentaires d’hygiène et de sécurité sanitaire. La foi protège, c’est bien connu. Mais enfin le pourri ça pue et je repars très dubitatif sur les exigences du cahier des charges à respecter en Agriculture Biologique.
Samedi 9 et dimanche 10 avril.
La société archéologique fête ses cent ans d’existence. Les documentalistes Alain Bourgoin et Daniel Redeuilh exposent pour l’occasion et une nouvelle fois une petite partie de leurs collections de précieuses photos et d’articles de presse, classés par thèmes. J’achète le livre édité par la société pour le centenaire. Je vous le conseille, il est contient une mine d’informations passionnantes pour les amateurs d’histoire locale.
Alain me fait d’ailleurs l’immense plaisir de me donner trois coupures de presse qui me ravivent quelques bons souvenirs, mais aussi le gel du 21 avril 1991. Cette année là nous n’avions récolté qu’une moyenne de 7 tonnes à l’hectare contre 45 en année normale. Et en plus elles étaient très moches pour la plupart. (Gel, vergers du Tastet, moi plus jeune).
J’avais déjà entendu l’historien François Dubasque au lycée de Barbezieux lors de la commémoration des 500 ans de la naissance d’Elie Vinet. Son intervention m’avait captivé et j’avais très envie de le réentendre ce dimanche après midi au château. Son sujet traitait des hommes politiques de la Charente de 1848 à nos jours. De la seconde république à la cinquième en passant par le second empire, ce brillant pédagogue, habité par son sujet, a réussi une mise en perspective lumineuse de cent cinquante ans d’histoire politique de la Charente.
Pour ce qui concerne les hommes politiques charentais, ce qui frappe c’est leur origine aristocratique ou grande bourgeoise jusqu’à ces dernières années. Jean ou James Hennessy, Raymond Réthoré, Pierre Marcilhacy, Félix Gaillard, François Mitterrand font place aujourd’hui à des élus beaucoup plus représentatifs du peuple. C’est le se signe sans doute d’une plus grande maturité démocratique.
Trois jours après l’annonce par Jean Lois Borloo de sa volonté de prendre la tête d’une alliance des centres et de quitter l’UMP, l’évocation du radicalisme incarné par Félix Gaillard en France, en Charente, à Barbezieux et sur le canton de Baignes, avait une saveur toute particulière. C’est le sujet dont je veux vous entretenir en suivant complété de mon sentiment sur la CDCI qui s’est réunie dans sa nouvelle composition jeudi dernier.
A suivre….
En attendant je vous propose de lire un article qui introduit bien le sujet signé alain Madelin dans La Tribune.
Et puis je vous propose de lire la chronique de Bernard Henri Levy publiée dans le Point de cette semaine qui peut étonner quand on sait l'opposition frontale de l'auteur au président depuis qu'il avait choisi de soutenir et de conseiller Ségolène Royal lors des élections présidentielles.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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