18 Novembre 2009
Je voulais être là. Je savais que ça ne serait pas facile pour François Fillon cet après midi au congrès des maires à la porte de Versailles. Tous les journaux l’avaient annoncé, les élus locaux étaient très remontés contre les deux réformes en cours, la suppression de la TP et la simplification du mille feuilles. Pas étonnant d’ailleurs, compte tenu de ce que j’ai vu dans mon département. Je sais de quoi nos sénateurs ont été capables pour faire peur et désinformer. Ils n’ont semble t’il pas été les seuls. J’ai réussi à me glisser jusque devant la scène pour soutenir le premier ministre qui allait forcément en avoir bien besoin. La première intervention de Jacqueline Gourault, la présidente de la commission intercommunalité a été plutôt soft. Idem pour le trésorier qui n’avait que des bonnes nouvelles à annoncer. Assez de sous dans la tirelire pour construire de nouveaux locaux sans emprunter et une hausse des cotisations juste symbolique et dans le seul but qu’on ne les confonde pas avec celles de l’année écoulée (sic). Un coup de chapeau au passage à celui qui a assuré pendant 10 ans ce même boulot de trésorier et qui a laissé les caisses pleines, le ministre du budget de Mitterrand, Michel Charasse. Il était assis pas très loin de moi et affichait un air plutôt jovial. Je pense que c’est à ce moment que sont venus s’asseoir au premier rang pas très loin, Fabius, Montebourg, Guigou et Huchon. Une nuée de caméras et de micros les suivaient. Je les avais vus un peu plus tôt à l’entrée en train de distiller tout sourire et à tous les micros qui se présentaient des bons mots sur l’horreur des réformes en cours. Paraît qu’ils avaient passé le message pour que les élus socialistes soient présents en masse pour huer Fillon. En fait j’ai vraiment commencé à souffrir quand André Laignel à pris le micro. Sur le programme il y avait marqué « présentation du rapport d’activité ». S’est pas emmerdé avec ça le secrétaire général adjoint de l’AMF. Il avait mieux à faire. L’heure était grave comme l’ont dit localement nos pensionnés du Luxembourg. Il a bien détaillé lui aussi toute l’horreur des réformes en cours. Et l’assistance comme au cirque applaudissait à tout rompre les âneries auxquelles il semblait lui-même croire. Le clou pour moi c’est quand il a dit : « les participations de l’Etat vont augmenter l’an prochain de 0.6%. Est-ce que vos dépenses, elles, n’ont augmenté que de 0.6% ? ». Non, a répondu l’assistance en applaudissant à tout rompre. La récession, la baisse du PIB, la crise, il s’en tape comme de sa première écharpe, l’édile André. Ce n’est pas son problème. Lui il a besoin que l’Etat lui donne autant en plus qu’il a vu ses charges augmenter. Faut oser après tout. Et puis c’est bien à ça qu’on les reconnaît. Il les a bien chauffé les maires. Totalement déculpabilisés les premiers magistrats communaux. Convaincus qu’ils étaient dans le vrai en refusant les réformes du gouvernement. Et puis enfin quelqu’un qui leur disait qu’ils étaient parfaits et que c’était rien que des méchants graves ceux qui proposaient des réformes aussi nases. Je ne le connaissais pas ce PS de Laignel. La peur du changement des maires le libérait dans cette enceinte. Il pouvait faire de la politique partisane que ça ne se verrait même pas. Tous ils seraient d’accord, les maires, tellement ils n’aimaient pas le changement à droite comme à gauche. Des conneries historiques qu’il a dit pourtant Dédé. Là encore il faut garder les enregistrements. De la plus pure tradition du congrès de Rennes décliné aux maires et aux collectivités. Bertrand Delanoé à son tour nous a souhaité la bienvenue. La parole consensuelle a été de courte durée là encore. Il a dit : « comment peut-on manquer de respect aux maires en proposant une réforme dans l’urgence sur laquelle tout le monde n’est d’accord que depuis 25 ans ? ». Comment peut-on dire que les maires dépensent trop alors qu’eux ils doivent équilibrer leur budget ? Et c’est pas un maire d’une petite rurale qui dit ct’ ânerie c’est çui d’Paris. Pelissard, le président UMP de l’AMF a pris la parole à son tour pour dire des choses plus acceptables et d’autres qui l’étaient moins, mais vu le rapport de force dans l’amphithéâtre, il devait sans doute donner des gages.
Un petit break et ça allait être le tour de Fillon. Il est venu avec une palanquée de ministres le premier d'entre eux. A voir leurs têtes quand ils sont entrés sous les huées d’une bonne partie du public, je suis sûr qu’ils auraient préférés continuer leurs devoirs chacun dans son ministère. J’ai bien vu que Roselyne n’en revenait pas. Elle s’est arrêtée un temps pour regarder la foule en train de la huer pour être bien sûr qu’elle ne rêvait pas. On se disait qu’il faudrait au moins une Ségolène pour calmer une telle fronde.
Et Fillon est arrivé au micro. Début assez dur. La foule voulait des réponses aux questions qu’elle se posait et pas des explications sur des trucs importants importants sans doute, mais trop sérieux pour qu’on s’en occupe au moment ou chacun a envie des jeux du cirque. Et bin, vous me croirez peut-être pas mais lentement, le troubadour de la réforme François Fillon, a calmé la salle. Un a un, tous les arguments spécieux des démagogues ont été démontés. Eux qui pensaient réussir à faire passer en force l’immobilisme, grâce à leur plaidoirie auréolée de leur dignité de maire que le monde entier nous envie, étaient pris à contre arguments imparables. Un pur bonheur pour moi. Dès que j’ai le texte je vous le mets en lien. Enfin vous qui lisez ce blog, vous ne serez pas vraiment surpris parce que vous êtes préparé à ce qu'a annoncé Fillon. La réforme communes communautés s’annonce vraiment magnifique et rapidement les mêmes qui hurlaient encore cet après midi en seront j’en suis sûr les premiers défendeurs. En tout cas à la fin de l’intervention du premier ministre les applaudissements étaient plus forts que les sifflements. Soutenir Fillon aujourd’hui, pour moi c’était que du bonheur. J’aime être maire, j’ai aimé être président d’une communauté de communes, je vis la ruralité et j’y investis, presque de façon déraisonnable. Ces réformes sont dans le droit fil de ce que j’attendais et savais nécessaire pour améliorer l’efficacité des collectivités et de notre pays tout entier. Je ne pensais pas un seul instant qu’après le nombre de débats et de rapports sur le sujet, on puisse assister à une telle résistance et à aussi peu de volonté de participer au travail de réforme que chacun sait pourtant nécessaire. Mille bravos François Fillon pour cette prestation exemplaire de pédagogie et de courage politique.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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