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L'autre façon d'être à la fois petit et patron.

Moi, vous le savez mes chers lecteurs, mon échoppe préférée c’est le kiosque à journaux. Dès que je lève le pied de ma campagne profonde, à la gare, à l’aéroport, sur l’aire d’autoroute, dans la rue ou auprès du vendeur de journaux à la criée du marché Saint Germain qui invente chaque jour un titre évènement décalé et drôle, je me précipite acheter la presse du jour. Mardi après midi en descendant du TGV, gare Montparnasse, je suis donc allé chercher toutes affaires cessantes le Monde daté du lendemain et en ai commencé aussitôt la lecture en tirant ma valise jusqu’à l’hôtel. L’opération est risquée et j’aurais bien pu me prendre cette fois ci un lampadaire quand j’ai entamé la lecture de l’article signé Sylvia Zappi qui relate sa rencontre avec des patrons de PME d’Angoulême. Parce que mes très chers lecteurs qui me savez pourtant rompu aux proses les plus osées, là j’ai quand même été surpris.

Il y aurait donc des patrons de PME sur Angoulême qui en sont réduits à demander l’anonymat pour pouvoir critiquer librement Nicolas Sarkozy devant une journaliste. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais on a quand même un peu de peine à imaginer une telle  couardise, une telle veulerie de la part de dignes entrepreneurs. Mais il est aussi difficile de suspecter Sylvia Zappi, dont la plume dans le Monde en a déjà irrité plus d’un, de mentir et de ne raconter que des bêtises.

Compte tenu de ce qu’au moins un des anonymes cités fait l’objet d’une description qui vaut largement une pièce d’identité, on peut supposer que l’intéressé se reconnaissant, si les propos rapportés n’étaient pas les siens, aurait fait passer un démenti dans la presse. A part le CJD dont l’un des membres me disait tout à l’heure qu’aucun de ses collègues n’était concerné par l’article et que la presse en avait été informée, il ne me semble pas qu’un tel communiqué ait eu lieu à l’heure où je vous écris.

Donc nous devons considérer que ce sont au mieux des propos off qui n’avaient pas vocation à être publiés et au pire des appréciations dont il était souhaité qu’elles le soient. Mais dans les deux cas il s’agirait bien du sentiment  réel de patrons pleutres à l’égard de Nicolas Sarkozy. Le peu de « bravitude » qui leur reste les ferait quand même aller jusqu’à voter blanc dans l’isoloir à l’un des deux tours, ou aux deux, lors de la prochaine élection présidentielle.

Mettons de côté les commentaires du type « avocaillon de Neuilly » à l’adresse du chef de l’Etat qui apportent définitivement la preuve à Jean Luc Mélenchon que l’on peut-être à la fois patron et tête à claques et intéressons nous plutôt à l’affaire des « 35 heures ».

Il revient en boucle cette idée qu’il aurait fallu mettre fin définitivement aux 35 heures, ce que Nicolas Sarkozy n’a pas fait alors qu’il avait la légitimité et la majorité pour l’imposer. C’est un des dégâts collatéraux de cette invention socialiste que de faire perdurer cette lecture désolante des choses.

La question est de savoir s'il était possible de revenir à une durée de travail hebdomadaire légale de 39 heures après qu’elle soit passée à 35 et devenue le seuil de déclenchement des heures supplémentaires. A mon sens la réponse est évidemment non.

Vous imaginez l’ambiance dans une entreprise et dans le pays à l’annonce des 39 heures payées 35. Moi, contrairement à ces « patrons », je la devine sans effort.

Souvenez-vous de ce qu’il a fallu faire dans un premier temps sous le gouvernement de Jean Pierre Raffarin. La réduction du temps de travail labellisée Martine Aubry, c'est à dire avec maintien de salaire, soit 35 heures payées 39, avait donné lieu à l'apparition sur la feuille de paie de l’indemnité compensatrice du salaire perdu en raison du manque d’heures travaillées. Pour sortir de cette situation ubuesque qui faisait qu’un nouvel embauché avait un SMIC inférieur de 11% à celui d’un salarié bénéficiant du SMIC mensuel 39 heures d’avant, il a fallu faire progresser plus vite le taux horaire du SMIC pour réduire jusqu’à zéro l’indemnité compensatrice. Le travailler moins pour gagner plus par heure de travail réussissait parfaitement. A condition quand même de trouver un employeur qui sache rester compétitif dans ce cadre au même moment ou l’Allemagne entamait une sévère modération salariale.

Cette étape de progression historique du SMIC horaire terminée, il restait à déplafonner le nombre d’heures supplémentaires hebdomadaires possibles avant que ne se déclenche le repos compensateur. C’est ce qui a été fait avec la loi TEPA en début de mandat par Nicolas Sarkozy. Il est à noter au passage que les heures supplémentaires qui n’étaient majorées que de 10% pour les entreprises de moins de 10 salariés ont bénéficié du même taux de 25% avec cette loi. Le travailler plus pour gagner plus était bien à l’œuvre.

Depuis 2007, il est à nouveau possible de fixer la durée effective du travail dans une entreprise jusqu’à 42 heures. Evidemment cela a un coût, puisqu’au-delà de 35, les heures sont majorées de 25%. Le salarié est d'autant plus motivé qu'il a l’avantage substantiel de ne pas avoir de retenues de cotisations sur ces heures là. Elles n’entrent pas non plus dans l’assiette imposable de son revenu. En revanche, l’allègement de charges pour l’employeur institué dans un premier temps avec la loi TEPA n'a freiné que très peu la progression du coût de ces heures supplémentaires pour qu’elle se situe un peu en dessous 25%. Cet aide vient de disparaître. Le travailler plus pour gagner plus était là encore à l’œuvre.

Les 35 heures ne sont plus aujourd’hui que le seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Le temps de travail effectif peut être bien supérieur et au moins aussi élevé qu’avant. En cela, il a bien été mis fin aux 35 heures. Mais c’est une évidence, une fois le coup parti sous le gouvernement Jospin, c’est au prix d’une augmentation sensible du coût horaire et encore plus mensuel, dès lors que la durée du travail excède 35 heures hebdomadaires, qu’il y a été mis fin.

Voilà l’historique de l’inversement de la différence du coût du travail entre la France et l’Allemagne dont les conséquences sur la compétitivité nous inquiètent tant. La solution taboue que personne ne veut évoquer pour retrouver de la compétitivité sur le coût du travail dans ce contexte combine une moindre progression du salaire horaire compensée par de l’allongement de la durée du travail. Le chemin parfaitement inverse du début des 35 heures qui risque de nous être imposé à gauche comme à droite par la dure réalité de la compétitivité et du chômage.

Un certain nombre de patrons responsables et capables d’une réflexion approfondie, que je rencontre sur leur lieu de travail plutôt qu’à la chasse ou dans tel et tel club service, comprennent tout cela très bien. J’en rencontre assez peu qui affichent un mépris hautain envers Nicolas Sarkozy comme cela semble être le cas pour ceux que la journaliste semble avoir rencontré sur Angoulême. Méfions nous quand même des contrefaçons mes chers lecteurs.

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À propos

Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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