11 Juillet 2011
J’ai presque eu une fraction de seconde de doute vendredi dernier. Mais non, ce n’était pas le Figaro mais bien Sud Ouest que j’avais entre les mains et l’article était signé Mauricette Boutin et pas Alexandre Adler. Ainsi donc, la volonté des maires de Saint Laurent des Combes et de Châtignac de quitter la communauté de communes des 3B serait le fruit d’une réflexion rien moins que géopolitique. Une géopolitique du pauvre alors. Parce que c’est assurément un bel exemple de masturbation intellectuelle parfaitement stérile à laquelle se livrent joyeusement mes deux collègues. A mon sens, la probabilité pour ces deux communes de quitter la communauté de communes à laquelle elles ont adhéré librement en 1995 pour rejoindre aujourd’hui celle de Chalais est proche de zéro. Et c’est tant mieux. Le législateur a bien heureusement pris quelques précautions pour garantir une certaine stabilité à long terme aux EPCI (Etablissements Publics de Coopération Intercommunale). L’humeur vagabonde d’un maire ou la révision opportune de sa vision « géopolitique » antérieure ne suffisent pas pour réussir à ébranler un édifice communautaire construit pas à pas. Les liens budgétaires et juridiques tissés au fil des années entre les communes qui coopèrent ensemble ne se dénouent pas si facilement. Du passage à la taxe professionnelle unique qui a donné lieu à des attributions de compensation, positives ou négatives, en passant par un bout de voirie communautaire ou l’appartenance à un SIVOS du territoire à abandonner, la liste de l’interdépendance patiemment construite rend parfaitement scabreuse toute supposée nécessité géopolitique à se séparer.
Si l’on peut concéder à Christophe une sorte de pensée géographique en apesanteur, loin des contingences, on ne peut que s’étonner une nouvelle fois du numéro de trapèze politique de Jean Yves. C’est de la très haute voltige à laquelle il nous convie cette fois ci encore. Quelle souplesse, quelle légèreté dans le raisonnement! Parce que quand même, quand on a été le cofondateur de la communauté de communes des 3B, élu dès le premier jour vice président à l’insu de son plein gré, été pendant près de dix ans l’un des acteurs les plus impliqués de la coopération entre nos communes, quand on a envisagé d’en prendre la présidence et que l’on se rend compte 15 ans plus tard que c’est à la communauté de communes de Chalais que sa commune, Châtignac, a vocation à appartenir, il faut être un sacré contorsionniste pour accomplir un tel exploit.
J’imagine, mes chers lecteurs, que comme moi vous devez considérer que les défis que nous avons à relever pour améliorer au plus vite la compétitivité du pays devraient interdire que l’on s’astique de façon aussi éhontée le petit périmètre.
Samedi la presse se faisait aussi l’écho du match nul en conseil municipal de Brossac entre les partisans du maintien de la commune dans la communauté des 3B et les autres qui aimeraient plutôt coopérer avec Chalais. Il me semble que c’est Jean François Baudet qui aurait dit que le péché originel des 3B serait d’avoir été le fruit d’un choix « politique » de Pierre Rémy Houssin. Mais bien sûr que c’était de la politique, mais dans ce qu’elle a de meilleur et qui fait honneur à son auteur. A l’heure où l’Etat vient de se réveiller pour inciter hardiment à constituer des blocs communautaires qui réunissent plus de cinq mille habitants, nous ne pouvons que nous féliciter sur ce territoire du courage et de la hauteur de vue des fondateurs de notre communauté, au premier rang desquels se trouve Pierre Rémy Houssin.
Je ne ressens malheureusement rien dans l’envie furieuse de changer de communauté qui puisse ressembler à un projet politique utile aux habitants ou au territoire. Et puis c’est tellement abracadabrantesque quand on connaît un peu de quoi il retourne que par charité il est prudent que je me retienne d’exprimer trop franchement ce que j’en pense.
En revanche je suis d’accord avec l’opposant brossacais, il n’a pas de leçon à recevoir de quiconque. Et c’est tout simplement au conseil communautaire que d’avoir le minimum de cohérence politique en lui retirant, tout comme à Jean Yves, le mandat de représentation de la communauté de communes des 3B au Syndicat mixte du Sud Charente. Alors que ce syndicat a pour membres les cinq communautés du Sud Charente, il y a plus que du masochisme pour la communauté de communes des 3B à se faire représenter par des élus qui s’empressent de rompre leurs liens avec le conseil communautaire dont ils sont censés être les porte parole. La chienlit nait toujours de la fuite devant les responsabilités.
Enfin mes chers lecteurs, aimons nous les uns les autres quand même et que vive la coopération intercommunale durable.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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