8 Novembre 2012
Je dois bien vous l’avouer, mers chers lecteurs incrédules, je finissais par ne plus y croire moi même. Après avoir longtemps dit que l’exercice des responsabilités conduirait François Hollande, sous la contrainte des dures réalités, à prendre des décisions contraires à ses promesses électorales, au fur et à mesure des annonces gouvernementales mon optimisme s’étiolait irréversiblement.
Et puis, tous les commentateurs semblaient tellement sûrs d’eux quand ils annonçaient que le rapport Gallois était enterré avant d’être publié que je m’attendais malheureusement à la poursuite de la politique du pire. Alors vous pensez bien qu’en apprenant que le gouvernement avait décidé de diviser par deux le produit de l’impôt sur les sociétés en reversant aux employeurs de main d’œuvre près de 6% de leur budget salaires et charges sociales, il m’a fallu me pincer plusieurs fois pour être sûr que j’avais bien compris en quoi consistait la proposition choc.
Contrairement à ce qui a pu être dit, ce n’est pas une mesure usine à gaz. Enfin si j’ai bien compris. Une déclaration d’un montant de salaires et charges sociales, type DADS (déclaration annuelle des salaires), un coefficient et on obtient en multipliant l’un par l’autre le crédit d’impôt à percevoir. Les salaires concernés sont ceux compris entre 1 et 2.5 fois le SMIC.
Evidemment il faut une contrepartie à cette baisse d’imposition des entreprises. Eh bien là aussi c’est une surprise. C’est une pudique "restructuration" des taux de TVA qui va permettre de compenser dans les comptes de l’Etat la baisse des sommes perçues au titre de l’impôt sur les sociétés. Enfin pas tout à fait puisqu’il est prévu de créer une fiscalité écologique pour compléter la somme.
Ça ne vous rappelle rien tout ça mes avisés lecteurs ? 6% du montant des salaires, cela correspond au basculement du coût de la politique familiale de l’entreprise vers le budget de l’Etat que Nicolas Sarkozy avait fait voter en début d’année. La compensation nécessaire était obtenue par le relèvement du taux de la TVA. On appelait ça TVA sociale ou TVA anti délocalisation.
Vu de la gauche, c’était tellement antisocial que l’annulation de cette loi avait été votée dès l’installation des nouvelles équipes au pouvoir.
Malgré les prouesses rhétoriques dont font preuve depuis hier les ministres et le premier d’entre eux, il n’y a pas un français qui soit dupe de ce que tout ça c'est un peu du pareil au même.
J’en entends même quelques uns mécontents qui rejoignent Pierre Desproges qui disait: « À part la droite, il n'y a rien au monde que je méprise autant que la gauche ».
En revanche, j’en rencontre beaucoup moins qui philosophent comme Sacha Guitry lorsqu'il dit: "il faut changer d’avis comme de chemise, c’est une question d’hygiène ».
Avant de prendre mon clavier pour vous écrire, j’ai eu envie de visiter les blogs des 5 parlementaires socialistes de Charente pour voir comment ils s’enorgueillissent de cet élément phare du choc de confiance qui doit contribuer à redonner un peu de compétitivité à la France.
Martine, Michel et Jérôme se gardent bien de livrer leurs commentaires ouvertement aux électeurs. Google ne révèle aucun blog pour ces trois là. Nicole et Marie Line en revanche ont leur site. Pour autant, elles observent une certaine retenue dans leur expression écrite et les billets sont assez rares. Discrétion qui je le reconnais humblement ne les empêche pas d’être tous brillamment élus par les charentais.
Faute d’un avis récent, je me disais qu’il pouvait être rigolo quand même de vous mettre un lien vers ce billet collector de Marie Line dans lequel elle dénonçait il y a peu l’épouvantable TVA Sarkozy.
Après la baisse des salaires des travailleurs accros aux heures supplémentaires, cette hausse de la TVA décille un peu plus les yeux des électeurs marris qui avaient cru pouvoir, grâce à la gauche, reporter sur d’autres bien plus riches la charge du redressement du pays.
Marie Line et ses petits camarades ont décidément bien du mal à tenir leurs promesses envers ceux qui leur ont fait confiance. Et ce n’est pas fini. Pour la remise en cause des fondamentaux de l'économie de marché, il faudra donc attendre encore un peu.
Pour ce qui me concerne, mes très vertueux lecteurs, je trouve assez agréable de ne pas devoir me livrer, comme mes petits camarades très gauches, à une énième révolution idéologique copernicienne pour parler comme Pierre Moscovici. Ou d'être une vraie girouette pour parler comme tout le monde.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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