8 Novembre 2010
Presque tout juste quarante ans après la mort du général de Gaulle, j’avais presque envie de plagier l’éditorial sacrilège de Charlie Hebdo, censuré à l’époque, en titrant « Bal tragique à Europe 1, Dominique de Villepin politiquement mort». Parce que le contraste est saisissant entre le comportement assez minable dudit Dominique cet après midi et le legs politique du Général. Celui que tout le monde respecte aujourd’hui, avait une si haute idée de la France et de ce que devait être un homme d’Etat que lors des élections présidentielles de 1965, pourtant en ballotage, il hésitait encore à faire campagne et à critiquer son challenger François Mitterrand. Non pas qu’il ait une tendresse particulière pour le personnage, mais parce qu’il ne voulait pas affaiblir un possible président de la République de la France. Dominique de Villepin ne met pas son lyrisme au service de la même ambition que le général. Son discours à l’ONU est déjà bien loin. Depuis la dissolution foireuse de 1998, sa proclamation de l’Etat d’urgence lors des émeutes en banlieue, le ratage du CPE, son excitation en entrant un jour dans le bureau ou se tenait Jean Pierre Raffarin et Jacques Chirac pour s’exclamer : « ça y est cette fois ci on le tient », DDV est assez Clairstream sur sa pratique de la politique. A part ce pauvre Jean Pierre Gand, il ne s’est pas trouvé grand monde aujourd’hui pour approuver les déclarations de l’auteur de l'échevelé « Cri de la gargouille », dont Henri Emmanuelli avait dit un jour qu’on avait toujours l’impression qu’il était sur son cheval d'arçons prêt à charger sabre au clair. Il m’arrive de penser que la surenchère à laquelle il se prête n’est sans doute pas étrangère à son retour en mai prochain devant les tribunaux avec ses trois avocats, ce qui , comme le faisait un jour remarquer Claude Guéant, est quand même beaucoup pour un innocent. Montrer jusqu’où il est prêt à aller est sans doute dans sa stratégie tactiquement utile pour amener la partie adverse à négocier et à renoncer plus ou moins aux poursuites.
Plus utilement je profite de cette note pour vous proposer la lecture de deux articles publiés dans le Monde de samedi à la page Débats en réponse à la question « Pourquoi la France doute de son avenir ? »
Le premier est de Pascal Bruckner : « cessons ces trépignements d’enfants gâtés », et le suivant est à nouveau de Jacques Attali et terriblement pertinent : « L’urgence politique est de s’occuper des générations futures ».
Pour ceux qui s’intéressent à la vie du journal le Monde, je propose de lire un éditorial assez inattendu de son directeur, Eric Fottorino, et les vives réactions qu’il a suscitées chez une partie des journalistes du quotidien, et surtout de la part de son ancien directeur Jean Marie Colombani, aujourd’hui à la tête de Slate.fr. Les nouveaux maîtres du monde, Pierre Bergé, Xavier Niel, Mathieu Pigasse, associés au quotidien El Païs ont un sacré challenge à relever.
Pour ceux qui comme moi n’avaient pas bien saisi dans le discours de Dakar ce que voulait dire le Président lorsqu’il a déclaré que « l’homme africain n’est pas entré dans l’Histoire », je vous recommande la tribune de Luc Ferry dans le Figaro de la semaine passée.
Et comme j'évoque De Gaulle je vous offre aussi une évocation du grand homme par Jean Lacouture parue dans le Monde aussi.
Marie Line Reynaud m’a écrit, comme à tous les maires de la deuxième circonscription, pour me dire qu’elle se bat au parlement contre la mauvaise réforme des collectivités territoriales tout en étant vachement pour l’achèvement de l’intercommunalité. Dommage que je n’aie pas la version électronique du courrier. Je vous en aurais fait profiter. Pas facile quand même de comprendre de quoi elle cause, où est le problème et ce qui serait mieux. C’est vrai que comme le disait Nicolas Boileau « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément ». Ca me semble encore assez embrouillé dans sa tête si j’en crois sa missive. Depuis la commission mixte paritaire qui réunit des sénateurs et des députés s’est mise d’accord sur le texte commun à adopter. Les conseillers territoriaux seront élus au suffrage uninominal à deux tours, comme nos conseillers généraux d’aujourd’hui. C’est une bonne nouvelle dont je commençais à douter qu’elle n’arrive, tant le lobby des partis risquait de passer avant la nécessité de la plus belle des élections démocratiques qui soit. Pour ce qui est de la clause de compétence générale, c’est un peu plus flou. Elle sera supprimée un peu plus tard que prévu, mais pas complètement, puisque tous les échelons de collectivité pourront intervenir pour la culture, le sport et le tourisme. Et pour ce qui concerne les investissements ces mêmes collectivités pourront toujours intervenir. En fait c’est par la contrainte budgétaire que les financements croisés diminueront au fil du temps. C’est moins brutal sans doute, mais tellement moins ambitieux à mon sens. Ce n’est pas demain la veille que les contribuables en auront complètement pour leur argent avec les politiques qui les représentent. Dommage.
A part ça je suis allé voir samedi au cinéma le Club le magnifique film de Xavier Beauvois : « Des hommes et des dieux ». Les bouddhistes parlent d’un cheminement vers l’éveil. J’ai été subjugué par la précision du texte des dialogues qui évoquent avec une clarté rare à mon sens cette révélation. Je suis très heureux que ce film ait autant de succès.
Et puis je vous offre aussi Dominique-nique-nique pour clore avec un message spirituel de circonstance.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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