9 Novembre 2010
Je sais, ça commence à faire un peu beaucoup. Tant pis. Je viens de lire un "point de vue" dans Les Echos de ce jour sur la situation de l'agriculture française comparativement à celle de l'Allemagne. Il me parait très explicite et d'une lecture si aisée que j'ai pensé que vous pourriez être intéressés. Pour plus de confort je vous recopie cet article directement ci- dessous.
Quatre millions de personnes travaillent dans l'agroalimentaire, dans un pays qui est le premier exportateur de produits agricoles (et notamment de fromage) en Europe… Ce pays, ce n'est pas la France, mais l'Allemagne ! Et le rapport de force de nos agricultures n'est pas près de s'inverser en l'état actuel. La tendance depuis plus d'une décennie est catastrophique. Prenons deux exemples illustratifs : au cours des dix dernières années, les surfaces cultivées de légumes ont explosé en Allemagne alors qu'elles reculaient en France. De même, les exportations de viande ont augmenté de 400 % en volume depuis dix ans en Allemagne alors qu'elles ont quasiment stagné en France sur cette période.
Pourtant, vous ne rêvez pas, la surface agricole française est plus de 50 % supérieure à celle de l'Allemagne, les climats et les sols y sont plus diversifiés et plus propices à l'agriculture, et notre pays était bien le premier exportateur agricole jusqu'en 2007. Comment, compte tenu de ces indéniables avantages comparatifs, comment en est-on arrivé là ? Certes, les Allemands ont de l'avance dans l'agriculture biologique et ont rationalisé la production, notamment dans les exploitations de l'ex-RDA. Mais, surtout, ils ont appliqué la bonne formule mercantiliste de la modération salariale et des gains de compétitivité-coût.
Dans un secteur aussi intensif en main-d'oeuvre, le coût de l'emploi saisonnier est clef. Or il est d'environ 6 euros de l'heure en Allemagne, alors qu'il est l'un des plus élevés d'Europe en France (plus de 10 euros de l'heure). En Allemagne, les travailleurs étrangers d'Europe de l'Est sont payés au salaire de leur pays d'origine. A cela s'ajoute l'exonération totale de charges sociales pour les travailleurs saisonniers employés dans les exploitations agricoles.
Le prisme de l'agriculture nous ramène à un problème beaucoup plus général en France : la fiscalité pesant sur le travail est beaucoup trop forte et une des plus élevées au monde. Les cotisations sociales employeur amenuisent la compétitivité-coût des entreprises, qui ne peuvent compter sur la dépréciation du change pour résorber les déséquilibres compétitifs existants avec leurs concurrentes de la zone euro. En outre, les cotisations sociales payées par les salariés amputent le pouvoir d'achat des actifs, à tel point que le revenu total des retraités est supérieur de 14 % à celui des actifs, un plus haut historique.
Comment, dans ce contexte, valider notamment le fait que le financement de la retraite, et surtout de la santé dont les principaux bénéficiaires sont les retraités, pèse essentiellement sur les actifs, amputant leur pouvoir d'achat et augmentant leur coût pour les entreprises ? Alors que la situation budgétaire actuelle va conduire à des coupes dans les dépenses publiques et des hausses d'impôt, n'oublions pas que la soutenabilité de la dette publique dépend aussi de la capacité de l'économie française à accroître son potentiel de production. Dans ce cadre, il est essentiel de répartir le poids de l'inévitable ajustement fiscal de manière équitable et efficace.
Les réformes de la fiscalité doivent avoir ainsi comme objectif central de réduire massivement le coût du travail en France et d'élargir la base fiscale en préférant les impôts à bases larges touchant la consommation et le patrimoine au sens large (TVA, CSG, taxe sur la rente et le patrimoine fixe, etc.), quitte à rendre l'impôt sur le revenu plus progressif par exemple. Il n'y a rien de nouveau dans l'analyse, mais l'urgence de la réforme est criante dans un contexte de chômage durablement plus élevé et de politiques commerciales de plus en plus agressives de la part de nos partenaires commerciaux.
Lors des deux ou trois dernières décennies, les pays développés ont vécu au-dessus de leurs moyens en s'endettant (bulle du crédit immobilier, hausse de la dette publique, accroissement du levier du système financier). Aujourd'hui, ils doivent reconstruire un modèle économique tiré par les gains de productivité et la préparation d'un nouveau cycle d'innovation. Il est donc essentiel de donner aux entreprises les moyens d'y parvenir en s'appuyant notamment sur le capital humain. En outre, le désendettement global des pays développés va conduire à un environnement de croissance modérée pendant de nombreuses années : dans ce contexte, le chômage aura du mal à diminuer. L'emploi doit donc être une priorité nationale. Taxer le travail, c'est exposer la France au désastre social, humain et économique.
Pierre-Olivier Beffy et Amélie de Montchalin sont respectivement chef économiste et économiste Europe à Exane BNP Paribas.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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