Vendredi matin, quelques chiffres de trafic et dossier noir de
la RN
10 en main, avec
Daniel Herbreteau
nous sommes allés rejoindre à Confolens la petite délégation réunie par Pierre Baudriller, le président de l’association « Axe Nantes Méditerranée » pour nous rendre ensemble au rendez vous obtenu auprès de Daniel Barillot, le directeur général adjoint de
la Région Poitou-Charentes.
Au siège de la communauté de communes du Confolentais (confortable et fonctionnel avec un bel amphi pour les réunions) nous attendaient donc Guy Traumat, président de la communauté de communes du Confolentais, Bruno Vétillart, directeur de la chambre de commerce de
la Haute
Vienne
, Christian Faubert, président du pays du Nord Charente et Philippe Pringault, président de l’association « Grain de sable » de Chabannais. Claude Redien, élu de la communauté de communes « cœur de Poitou » (Melle) nous a rejoint à Poitiers où Daniel Barillot nous a reçu seul. Il est très bien informé du projet d’autoroute concédée de Niort à
La Croisière
(point de jonction avec
la Route
Centre
Europe Atlantique) qui passerait par Melle et Confolens avec un embranchement sur Roumazières pour capter le gigantesque flux de poids lourds en transit international en provenance de la péninsule ibérique par Bordeaux, Barbezieux, Angoulême et
La Rochefoucauld.
A
tour de rôle chacun explique la pertinence du projet. Il est rappelé que l’Etat depuis le 1er janvier 2006 est seul responsable du financement de l’investissement et de l’entretien des routes demeurées nationales, ce qui est le cas de
la RN
10 et de
la RN
141. Le problème c’est qu’il manque cruellement de moyens (voir pour cela le chapitre qui indique que l’entretien des routes se dégrade en France dans le rapport de la direction générale de la modernisation de l’Etat accessible sur le site http://www.lesechos.fr/medias/2006/1226//300125993.pdf) et que le chantier s’annonce interminable. Personne à ce jour n’est capable d’annoncer une échéance crédible. Ceux qui défendent cette solution indiquent déjà que le contribuable départemental et régional devra à nouveau être sollicité. Irréaliste, sans fin, ruineuse pour le département et
la Région
, cette solution est indéfendable selon notre groupe. Et puis bien sûr elle occulte la nécessité de ne pas faire passer les poids-lourds par Limoges pour qu’ils rejoignent ensuite
la RCEA
à
la Croisière
, ne serait-ce que parce que l’allongement de parcours est de 40 kilomètres et que certains lieux au nord de Limoges, trop pentus, sont impraticables l’hiver par les poids lourds.
La concession autoroutière au regard de cette impasse présente tous les avantages. Coût assumé par le fret et retombées financières très importantes, développement économique certain et boosté. Et puis bien sûr délais les plus optimisés possibles.
Le principal argument développé contre cette proposition pour certains décideurs locaux c’est selon eux le risque de renvoyer aux calendes grecques la mise à deux fois deux voies et le contournement des bourgs sur tout le tracé de
la RN
141 entre Roumazières et Limoges. Paradoxalement si l’on suit le raisonnement tenu par le groupe réuni ce jour là, ce serait exactement l’inverse parce que les retombées financières et le trafic attendu permettrait d’aller beaucoup plus vite pour financer ces travaux indispensables.
Maintenant l’autre opposant principal c’est l’Etat qui lors de la réunion de septembre à Poitiers a martelé que le trafic ne permettrait pas la rentabilité du projet sur le tracé Niort
La Croisière.
En
fin de réunion il se trouvait quand même des responsables pour reconnaître que le tronçon Bordeaux
La Croisière
serait obligatoirement très rentable compte tenu du trafic supporté. Selon les techniciens experts de notre groupe le projet global de concession autoroutière (Niort,
La Croisière
, Bordeaux) serait très rentable sans apport de fonds de la collectivité et au contraire serait générateur de beaucoup de retombées financières.
Alors pourquoi cette solution qui devrait avoir le soutien de l’Etat ne l’a-t-elle pas ? Pourquoi minimiser et masquer la réalité du trafic ? Puisque c’est tout le travail de l’association que de démontrer avec les chiffres officiels accessibles à tous que l’Etat arrange les chiffres et les études dans le seul objectif de démontrer le coût excessif pour les finances publiques de la concession autoroutière. Une explication évoquée par certains spécialistes est difficile à admettre. Il semblerait que les gratifications versées (tout à fait légalement) sur les montants des travaux réalisés influeraient assez fort pour que le choix soit toujours préférentiellement pour des travaux réguliers et interminables. En cas de concession autoroutière ces montants n’existent plus. L’Etat a intérêt à ce que la route ne soit jamais terminée alors que le concessionnaire est pressé d’encaisser son retour sur investissement. Ce ne sont pas les hommes qui sont en cause mais le système et les comportements qu’il détermine. L’exemple de la concession de la future autoroute Pau Langon est entre autres citée tant elle a apporté un cinglant démenti aux services de l’Etat qui affirmaient qu’il faudrait un financement public de 70% alors qu’à l’arrivée il n’y en a aucun. Les élus ne se sont pas laissés impressionner en Aquitaine.
La Région
avait déjà délibéré pour soutenir ce projet. L’objectif de la démarche conduite par Pierre Baudriller avec la vigueur qu’on lui connaît était de solliciter
la Région
et sa présidente à un moment stratégique propice au moins aux promesses. C’est une maîtrise d’ouvrage déléguée qui est demandée à
la Région
(à obtenir de l’Etat) comme cela s’est fait en région Aquitaine avec le soutien de tous les élus droite et gauche confondus.
Daniel Barillot nous a confirmé en fin de réunion qu’il y aurait une réponse à cette demande.
Que pensez-vous de la démarche ?