10 Novembre 2013
Un nouveau massacre à la tronçonneuse menace la Route Nationale 10.
Le budget nécessaire à la mise à deux fois deux voies des 11 derniers kilomètres entre Reignac et Chevanceaux est réévalué à 82 millions d’euros contre 73 précédemment. Le Plan de Développement et de Modernisation des Itinéraires (PDMI) 2009 / 2014 n’a alloué que 55 millions pour ce tronçon. Il manque donc 27 millions pour boucler le budget nécessaire. Mais qu’à cela ne tienne après tout, compte tenu de l’énorme retard déjà pris, il suffit de réserver cette somme dans le prochain PDMI 2015/ 2020 pour que le chantier se poursuive et se réalise d’une seule traite.
Seulement voilà, il se dit maintenant que l’enveloppe allouée et non consommée dans le PDMI qui s’achève (37 millions d’euros) ne sera pas forcément reportée et maintenue pour ce tronçon et que l’enveloppe qui sera réservée dans le prochain PDMI sera loin de couvrir les 64 millions nécessaires. Ce qui justifierait que les travaux se décomposent en deux tranches et s’échelonnent encore sur quelques années supplémentaires au-delà du futur PDMI. La fin des travaux dépasserait alors allégrement 2020.
Mes très chers lecteurs, vous qui suivez depuis le début sur ce blog les péripéties liées à cette route, vous comprenez forcément la gravité de la situation. Et tout cela ne continue d'arriver que parce qu’il n’est toujours pas possible de faire reconnaître à Paris le corridor de fret national et européen qui traverse la Charente du sud vers l’est en passant par Angoulême. Vu de la haute administration, toutes nos demandes ne sont que de la gesticulation locale pour obtenir un confort régional aucunement prioritaire.
La note que je vous avais mise en ligne, lors du dernier article consacré à cette route, explicite très clairement tout cela. Circulez ailleurs, contournez ce département, vous n’obtiendrez rien de stratégique en terme de routes en Charente, nous répète depuis des lustres l'administration centrale, sans que nous fassions preuve de la lucidité nécessaire pour accepter de les entendre afin de mieux nous rebeller et réagir. Les autoroutes A10 et A89 et leurs tracés improbables sont censées avoir résolu le problème des flux internationaux et il n’est toujours pas envisagé d’affaiblir le chiffre d’affaires des concessionnaires autoroutiers en offrant trop rapidement aux véhicules une bien meilleure alternative.
Sauf que maintenant ça suffit. On en a vraiment marre de se faire ballader sur cette route dangereuse. Il n'est plus possible de reculer une fois de plus. Les bretons ont réenfilé leurs bonnets rouges pour rappeler que leur détermination est restée intacte depuis leur révolte de 1675 contre les nouveaux impôts institués par Colbert. C’est sans doute le moment de rappeler par ici que c’est dès 1548 que les Pitauds de Saintonge se sont mobilisés contre l’Etat et sa gabelle. Et qu’ils ont fini par obtenir de haute lutte la suppression de cet impôt.
Alors que l’on reparle aujourd’hui d’activer l’écotaxe au 1er juillet 2014, comment pourrait-on imaginer que la taxation de l’usage de la RN10 commence sans que la qualité de route due à un trafic international n’ait été auparavant garantie. Que l’on puisse envisager tout en haut de l’Etat d’instituer un péage sur une RN10 à deux fois une voie totalement insécurisée et dont le budget nécessaire pour sa mise aux normes pourrait être relégué une fois de plus aux calendes grecques est intolérable.
Je viens de voir dans le journal que quelques Pitauds qui sommeillaient alentour depuis la fin du 16èmesiècle viennent de reprendre du service. Deux bornes écotaxe ont flambé hier. La Charente retrouve ainsi les honneurs de la presse nationale dans de tristes conditions. Elle apparait dans la contestation aux côtés de la Bretagne. Cela incitera t-il les décideurs à regarder très attentivement le dossier de la RN10? Plus de bienveillance et de considération à notre égard seraient évidemment les bienvenues.
J’ai cru comprendre lors d’une discussion rigolarde au café hier matin que le portique au nord de Barbezieux avait une assise assez frêle. Et que la clé nécessaire pour le déboulonner était assez répandue dans les boites à outils des artisans, des paysans ou des bricoleurs du dimanche.
Plutôt que d'attendre que la grogne enfle et que la population locale perde son sens de l'humour, Je ne saurai trop conseiller à nos grands élus charentais de se mobiliser pour obtenir d’urgence des engagements clairs et définitifs de l’Etat pour le financement de la mise à deux fois deux voies immédiate de la RN10 entre Reignac et Chevanceaux, comme cela n’a cessé d’être promis depuis plus de 35 ans maintenant. C'est une priorité nationale qui doit être enfin reconnue.
L’écotaxe, qu’il vaut mieux appeler par son vrai nom de péage du réseau national routier, était ressentie comme légitime ici quand elle ciblait le fret international de longue distance. Parce qu’elle devait préserver durablement le porte monnaie des charentais. Si elle devait s’appliquer maintenant, avec un impact assez fort sur le consommateur local, sans que le budget de la création du nouveau tronçon de la RN10 ne soit bouclé et les travaux accélérés, la colère des nouveaux Pitauds aurait alors un beau symbole devant lequel manifester pour se faire entendre.
Qu’en pensez-vous mes chers lecteurs contribuables aspirants Pitauds?
Consulter PDMI 2009 / 2014
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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