13 Octobre 2006
Je ne savais pas la semaine dernière qui était Anna Politkovskaïa. Je découvre au travers des articles qui lui sont consacrés, depuis qu’elle s’est faite assassiner par balle dans l’escalier de son immeuble, une journaliste incroyablement courageuse. Seule à le faire en Russie, elle couvrait inlassablement les évènements en Tchétchénie, enquêtait sans compromission et dénonçait méthodiquement les dérives de la Russie vers ce qu’elle considérait être un fascisme rampant. Le Monde daté d’aujourd’hui publie une interview de Ramzan Kadyrov, vice-premier ministre de Tchétchénie nommé par Vladimir Poutine, que la journaliste assassinée avait rencontré en 2004, qu’elle avait retranscrit dans son journal. On mesure à travers ce récit les risques encourus pour ce travail et surtout le danger que son témoignage représentait pour tous ceux dont elle décrivait les comportements abominables. L’ancien lieutenant colonel du KGB Vladimir Poutine ne devait pas être le dernier à souhaiter qu’elle cesse d’user de sa plume pour révéler les exactions couvertes par le chef du Kremlin.
Depuis quelques jours une polémique s’installe dans les rangs de l’UMP sur l’imprudence diplomatique dont ferait preuve Nicolas Sarkozy lorsqu’il émet des réserves sur les signes de flatterie trop ostentatoires du chef de l’Etat envers Vladimir Poutine qu’il a décoré du titre de grand croix de la Légion d’honneur le 22 septembre dernier. Même chose lorsqu’il exprime des réserves sur nos relations très respectueuses envers les dirigeants chinois.
Je fais aussi partie de ceux qui trouvent quand même assez paradoxal que l’on puisse revendiquer à la fois une France qui parle haut et fort sur la scène internationale et que dans le même temps on considère que la politique du réel nécessite de privilégier les accords commerciaux plutôt que de s’intéresser de trop près aux violations des droits de l’homme. Du Dalaï Lama en passant par l’afghan Massoud, les exemples de prudence coupable pour ne pas froisser les Etats avec qui nous souhaitons commercer, sont légion. Il me semble pourtant que la vraie grandeur de notre pays résiderait d’abord dans un minimum de courage, de cohérence et de constance pour la défense du droit et de la liberté.
Sinon il est inutile de déclamer. Ce serait indécent et insultant au regard du martyr de Anna Politkovskaïa et de tous ceux qui ont payé de leur vie leur combat pour la vérité et les droits de l’homme..
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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