2 Juillet 2006
Professeur,
Je serai absent de Barbezieux lorsque vous recevrez l’association des élus dans le cadre de la mission d’accompagnement des hôpitaux en difficulté qui vous a été confiée par l’agence régionale de l’hospitalisation. Je prends donc l’initiative de vous formuler par écrit mon appréciation sur la situation actuelle de notre hôpital et de son service de chirurgie mais aussi et surtout sur les choix opérés par la direction de l’établissement et l’ARH lors des six derniers mois.
Je précise au préalable que je suis également préoccupé par le développement du territoire couvert par les 36 communes qui composent la communauté que je préside et par l’amélioration de l’efficacité de notre organisation collective nationale.
Tout d’abord, et selon les informations dont je dispose et ma perception subjective liée aux témoignages que j’ai pu recueillir auprès de différentes personnes, quel est encore la situation du service de chirurgie de Barbezieux à ce jour?
Un chirurgien généraliste et un chirurgien orthopédiste entourés de l’équipe nécessaire et suffisante d’anesthésistes et d’infirmières assument le service de chirurgie ouvert 24 heures sur 24.
La continuité du service est toutefois imparfaite une semaine sur deux mais la complémentarité avec l’hôpital de Girac permet de palier à cette carence et d’assurer la prise en charge optimum et en toute sécurité des patients.
Ramenée individuellement à chaque chirurgien l’activité est tout à fait conforme aux ratios en vigueur dans les hôpitaux publics. La fréquence des gardes très élevée et acceptée par les deux chirurgiens demeure possible du fait d’une activité nocturne et les week-ends et jours fériés plutôt faible. De nombreuses et anciennes coopérations se traduisent par des interventions importantes de praticiens de Girac dans le bloc opératoire de Barbezieux. Les plus significatives étant celles d’un urologue et d’un gastro-entérologue. Bien que non exclusive la population dominante des patients concernée par ce service est plutôt peu mobile et dispose de faibles revenus. A ce jour et depuis longtemps la réputation de qualité et d’efficacité du service est louée par tous et les témoignages de soutien n’ont cessé d’affluer depuis que sa pérennité a pu être remise en cause. A ce titre le témoignage du Docteur Philippe Sourdille mérite d’être lu avec attention.
Cette situation selon moi donne bien toutes ses chances à un renforcement de la coopération avec Girac afin d’optimiser l’utilisation des blocs opératoires et les complémentarités entre les équipes médicales pour réussir à rendre les meilleurs services au meilleur coût au plus près des patients.
Ce n’est pourtant pas la voie qui a été choisie par la direction de l’hôpital et le conseil d’administration pas plus que par l’ARH.
C’est à partir d’un analyse financière que je considère réductrice et faussement analytique que la direction de l’hôpital a cherché à démontrer le coût insupportable du maintien de la continuité du service 24 heures sur 24. Avec ce mode de calcul et, compte tenu de l’activité pendant les gardes et des charges à assumer pour les maintenir, un déficit important est constaté. La direction dit alors rechercher la limitation du déficit par la suppression des gardes et le maintien de la seule activité de jour, ce qui on le verra est une impasse complète. Bien au contraire il me semble que l’analyse des coûts doit être faite globalement et rapportée aux services rendus pour les comparer aux coûts des mêmes services qui devraient être rendus ailleurs si la suppression devait avoir lieu. En procédant ainsi, et même si je suis convaincu que des optimisations peuvent et doivent être obtenues pour le fonctionnement actuel, on s’apercevra que la facture collective des soins s’alourdirait et que les services perdraient en qualité .
Dès janvier la direction de l’hôpital a proposé au conseil d’administration, qui l’a accepté, de faire le choix de fermer le service la nuit, les week-ends et les jours fériés en arguant d’une recherche d’économie. L’ARH après avoir proposé la fermeture complète du service est revenue sur sa décision, à la demande d’élus, pour entériner cette stratégie dans le SROS qui a été adopté. A ce jour l’application en a semble t’il été confirmée par le dernier conseil d’administration pour une date maintenant très proche.
Vous savez mieux que moi professeur que ce fonctionnement est totalement contraire aux principes et aux normes qui régissent un vrai service de chirurgie.
Un vrai service de chirurgie ne peut pas ne pas être ouvert 24 heures sur 24. Votre influent confrère Guy Vallancien ne cesse de le répéter depuis des mois au nom du conseil national de la chirurgie. La direction de l’hôpital et l’ARH le savent aussi. Ce choix de fermeture partielle est bien l’expression évidente de la volonté de fermer le service totalement mais en refusant de l’assumer ouvertement.
Je vous épargne la litanie des arguments qui justifient la dégradation rapide du service à laquelle on assisterait à la suite de la fermeture partielle, vous les connaissez mieux que moi. ce sont, pêle-mêle, la diminution des actes opératoires et la limitation des interventions à la bobologie, la perte de notoriété rapide du service auprès des patients,le désintérêt des praticiens et enfin l'aggravation des déficits.
Il m’est totalement insupportable d’assister depuis des semaines à cette manipulation démagogique de l’opinion publique et des personnels de l’hôpital qui laissera longtemps des traces sur ce territoire. Que votre venue permette, ce que j’espère vivement, de maintenir le service en renforçant la coopération avec Girac, ou qu’elle se traduise par la fermeture, ce que je redoute, qu’au moins cela se fasse dans le respect de tous avec le langage de vérité que nous méritons.
De grâce professeur ne cautionnez pas cette fermeture partielle, proposez un choix clair qui ne cache pas ses objectifs.
En vous remerciant de l’attention que vous m’avez accordée et dans l’espoir qu’une solution ambitieuse et juste soit retenue pour notre hôpital et notre territoire, je vous adresse professeur mes respectueuses salutations.
PS : j’ai beaucoup écrit sur mon blog, souvent de façon vive pour susciter un sursaut. Vous pourrez trouver l’ensemble de mes commentaires qui compléteront cette lettre ouverte à l’adresse suivante : http://www.daniel-sauvaitre.com/.
Les articles concernés sont les suivants :
- C’est quand qu’on va où ?
- Et moi je fais quoi pour l’hôpital ?
- L’ARH c’est nous.
- Pour réussir au delà du moratoire.
- Mort sur ordonnance.
- Où elle est la concertation ?
- Complément d’enquête sur l’hôpital.
- La population la vraie force était là.
- En clair on doit comprendre quoi ?
- Témoignage précieux d’un patient de l’hôpital.
- Légitime défense.
- Dangereux sous tous rapports.
- Pour sortir de l’impasse.
- Silence hôpital.
- Pièce à conviction.
- A l’hôpital rien de nouveau.
- L’appel du 17 juin.
- Surveillance rapprochée.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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