29 Janvier 2009
Notre pays progresse. Alors que plus d’un million de grévistes selon la police, ou plus de 2.5 millions selon les syndicats, ont manifesté un peu partout en France, le service minimum dans les transports en commun et le service minimum d’accueil dans les écoles primaires ont plutôt bien fonctionné. Concilier le droit de grève avec le droit au travail devient donc désormais possible en France.
L’objectif des grévistes était de protester contre la crise, les réductions d’effectifs, la politique économique du gouvernement, les menaces que le président est suspecté faire peser sur les libertés publiques et pour la défense du pouvoir d’achat. Les salariés de la fonction publique et des entreprises publiques étaient une nouvelle fois très largement majoritaires dans les rangs des grévistes, même si les médias ont pu signaler la présence d’une part non négligeable de salariés du privé.
L’ensemble des partis politiques de gauche, tout comme François Bayrou, soutenaient bien entendu le mouvement. Certains comme François Hollande ou Vincent Peillon s’interrogent quand même sur le risque pour le PS d’abandonner progressivement la culture d’un parti de gouvernement en draguant très à gauche.
La particularité de ce mouvement c’est qu’il se déroule dans un contexte de crise économique et financière mondiale qui laisse peu de marges de manœuvre pour satisfaire classiquement les revendications. Le FMI prévoit un PNB en retrait de 1.6 % en 2009 pour la France et un peu plus pour nos partenaires européens. Notre endettement va dépasser 70% du PNB (22000 euros par habitants) et près du double si l’on intègre les engagements de l’Etat pour ses retraités présents ou futurs. Didier Migaud, président PS de la commission des finances de l’assemblée nationale, met en garde le gouvernement sur la dérive de nos comptes publics accentuée par le plan de relance pourtant principalement consacré à l’investissement. Il soutient sans doute le plan de relance alternatif et tardif du PS, qui double la mise de celui présenté par le président avec des mesures de soutien au pouvoir d’achat, parce qu’il sait qu’il n’a pas vocation à être appliqué mais seulement à séduire les électeurs pour demain.
A mon sens la grève d’aujourd’hui participe de l’aggravation de la situation économique pour le pays et rend encore plus incontournables les réformes à venir. RGPP, organisation territoriale, tous les chantiers qui visent à améliorer l’efficacité de notre organisation collective doivent être poursuivis à vive allure pour redonner du tonus au secteur marchand et donc des moyens pour financer l’action publique. Heureusement la loi TEPA de 2007 a permis de mobiliser ceux qui croient à la dynamique créatrice du travail et de l’investissement en valorisant nettement les heures supplémentaires et en fixant une limite maximum à 50% du revenu le montant de l’impôt qu’un contribuable doit verser à la collectivité.
Je sais, c’est incompréhensible pour les grévistes d’aujourd’hui et cela rend forcément l’issue de la crise totalement incertaine. D’autant plus que la gauche, les médias en général, les syndicats et nombre d’intellectuels professent exactement l’inverse.
Et qui peut bien avoir envie d’entendre Poutine lorsqu’il dit à Davos : « Il ne faut pas avoir une foi aveugle dans les états, il faut avant tout améliorer le fonctionnement des marchés ». Un fin connaisseur des performances que l’on peut attendre de l’Etat ce Poutine.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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