15 Mai 2006
J’ai acheté mon pain ce matin à Chatignac, chez Lise. Sa boulangerie s’appelle « la main à la pâte ». Elle a eu avec son mari un gros coup de cœur pour une maison au centre du petit village de Chatignac dans laquelle se trouvait un magnifique four à pain en briques encore en assez bon état. C’est un pari économique un peu fou qu’ils tentent de réussir depuis qu’ils ont renoncé à leur emploi salarié. Mais déjà le lieu revit et les habitants du village et des alentours ont été séduits par leur bon pain cuit au feu de bois. Le président de la fédération des boulangers de Charente que j’avais rencontré il y a plusieurs mois lors d’une réunion organisée par le maire de la commune pour la présentation de leur projet était lui aussi présent dans le village ce matin. C’est en effet à Chatignac que les boulangers de Charente ont choisi d’organiser la fête du pain cette année, avec produits locaux et musique. Il était pourtant aussi dubitatif que moi sur les chances de succès des futurs boulangers. Mais voilà, la volonté de Lise était forte et réfléchie et malgré les embûches la boulangerie est à nouveau ouverte. Chatignac n’est bien entendu pas n’importe quel village non plus. Chaque année à lieu la randonnée des fours à pain dans la commune. Ils sont au nombre de dix sept je crois et ils sont jalousement préservés. Les places pour le repas convivial du midi sont si prisées qu’il faut s’inscrire un an à l’avance, et encore. Le théâtre patoisant, le bar associatif, les fours à pain et maintenant le pain donnent une identité toute particulière à ce magnifique petit village. La campagne environnante est vallonnée. Elle ajoute à l’harmonie que l’on ressent quand on entre dans ce lieu du Brossacais. Il ressort du travail engagé par la communauté pour son projet de territoire que c’est sans équivoque dans cette partie de notre espace que réside l’attrait touristique. J’en ai bien une nouvelle fois apprécié la pertinence ce matin.
Dans le même temps se tenait une compétition hippique au centre équestre à Barbezieux. Il avait plu juste ce qu’il fallait pour que la lumière et le terrain soient parfaits pour les chevaux et le public. J’ai appris avec plaisir que le nombre de cavaliers inscrits aujourd’hui, mais plus encore dimanche prochain battait les records. Il semble même qu’avec 320 cavaliers ce sera peut-être le meilleur chiffre pour un concours de ce type en Charente. L’aura du club grandit, en même temps que s’affirme le professionnalisme du directeur, des dirigeants et des bénévoles de l’association. Une motivation supplémentaire pour la communauté s’il en était encore besoin pour réussir les travaux d’agrandissement des locaux. Les instances dirigeantes de l’hippisme en Charente et à la Région l’ont bien compris. Ils nous ont fait savoir qu’ils soutiennent le projet.
Hier c’est à Guimps que je devais vérifier l’irremplaçable apport de l’engagement des élus communaux, lors de l’inauguration des travaux d’agrandissement et d’amélioration des locaux de l’école. Le directeur de l’école en quelque mots dans sa classe m’a confié le plaisir qu’il avait à trouver autant de réactivité pour satisfaire aux besoins de l’école auprès de l’équipe municipale. Mais son témoignage allait aussi au delà. J’ai écouté avec respect et admiration ce qu’il m’a dit de son métier et la façon dont il a choisi de l’exercer. Au delà de la transmission d’un savoir, il consiste aussi et surtout à permettre aux enfants de se construire, à apprendre à apprendre, à découvrir les bénéfices et le plaisir de l’effort quotidien, à consentir à la rigueur pour être autonome et se réaliser. Je ressens toujours un gros effet madeleine (de Proust) quand j’entre dans une salle de classe à la vue du tableau, au milieu des livres et des cartes. Ça n’a pas manqué ce coup ci encore et je me suis bien embrouillé au moment des discours.
Vendredi soir à Montchaude ce sont les musiciens et les danseurs du sud de Madagascar qui ont enchanté les jardins de la mairie et la salle des fêtes. Sourires lumineux, joie visible et communicative, à les regarder on relativise nos difficultés. Christian Moussset avait fait le déplacement et ce n’était pas rien d’entendre ce grand bonhomme découvreur infatigable de talents musicaux du monde présenter après Renaud le groupe Nainako . Toute une semaine réussie dans le cadre de la décentralisation de « musiques métisses » grâce à une vraie dynamique liée au travail conjoint de l’animation culturelle 3B, du centre socio-culturel, de la rock school et des écoles. Que du bonheur.
Un commentaire sur l’article « silence hôpital » me demande ce que Christian Cahut m’a dit lors de l’entretien que j’ai eu avec lui ainsi qu’avec madame Thomes. Pour faire court le message était le suivant : « le Sros3 est maintenant adopté et publié. Il doit s’appliquer. En revanche il n’y a pas de date couperet immédiate. Vous avez au plus tard jusqu’au 31 décembre, date de la révision, pour me présenter une organisation du service chirurgie avec Girac que je puisse accepter. J’attends également, mais beaucoup plus tôt le projet d’établissement. De nouveaux services de santé pourraient être rendus. Pourquoi les malades atteints d’un cancer ne pourraient-ils pas recevoir à Barbezieux leur chimiothérapie? »
J’ai cru comprendre que l’avenir de cet hôpital, comme je le dis ici souvent, dépend de nous localement (enfin surtout de ceux qui ont le manche) beaucoup plus qu’on ne l’imagine. C’est bien à l’établissement d’entreprendre et de réussir le meilleur pour notre territoire. J’aimerais pouvoir ressentir autant d’enthousiasme pour le travail conduit pour diriger et animer cet hôpital et le territoire qui va avec que j’en ai ressenti ces trois derniers jours à Chatignac Guimps et Montchaude.
Pour agacer loïc je peux bien terminer encore par une citation : « il n’y a de richesse que d’hommes ».
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
Voir le profil de Daniel Sauvaitre sur le portail Overblog