15 Janvier 2009
La Charente libre a consacré il y a quelques jours un article au refus de la commune de Barbezieux d’assurer l’accueil des enfants en cas de grève des enseignants du primaire, comme l’y oblige la loi. Le maire, enseignant retraité, qui avait sollicité le centre social présidé aussi par un enseignant, a respecté la volonté du centre social de ne pas jouer le rôle de briseur de grève. A partir de ce refus le maire se drapa dans sa dignité d’élu responsable pour renoncer par avance à la recherche de toute autre solution, forcément dangereuse à priori pour les enfants. Les parents continueront de se démerder comme ils peuvent et ce sera forcément difficile pour eux, surtout s’ils bossent et ont peu de moyens. A défaut de générosité et de créativité pour servir ses concitoyens, à gauche, on a des principes rigoureux qu’il ne faut pas transgresser. Plus prosaïquement, ils sont surtout une bonne excuse pour ne pas se secouer la nouille.
Revenons à cet argument scabreux selon lequel garder les enfants équivaut à briser la grève des enseignants. Que des enseignants puissent dire que faire garderie équivaut à remplacer le travail de l’instituteur laisse pour le moins pantois. Imaginez ce que l’on entendrait de la part du corps enseignant si on ne lui reconnaissait qu’une fonction de surveillance des enfants. Eh bien c’est pourtant exactement ce que sous-entend la doctrine du centre social lorsqu’il refuse de s’occuper des enfants en dehors d’une période scolaire (par grève des enseignants), métier qu’il exerce habituellement avec le centre de loisirs. On voit bien que ce n’est pas le rôle de briseur de grève qu’ils refusent, puisqu’ils ne remplacent aucunement les enseignants dans leur métier, mais bien au contraire ils revendiquent une totale solidarité à priori avec les mouvements de grève à venir. On peut ainsi s’interroger sur la fin de non recevoir vis-à-vis de la demande (avec financement) de la collectivité, soumise à une obligation légale, par une association totalement financée, ou presque, par les 37 communes de la communauté et par la CAF, c'est-à-dire avec l’argent du contribuable. Malgré un conseil d’administration et une direction solidement gauche anticapitaliste (post John L) je me suis fermement engagé pour que le contrat enfance devienne communautaire, que l’augmentation considérable du financement nécessaire soit pleinement assumée par la communauté de communes et bien sûr que la gestion du contrat soit toujours confiée au centre social. Je me dis que si les opinions politiques avaient été inverses au centre social et à la tête de la communauté il y a peu de chance que le scénario ait pu être le même.
C’est en lisant hier dans la Charente Libre et aujourd’hui dans Sud Ouest le compte rendu des vœux de René Vignerie aux représentants des services publics et des services au public que j’ai eu envie de reparler du choix de Barbezieux quant à la garde des enfants en cas de grève.
« Indécence du libéralisme, l’économie contre l’homme », même rhétorique dénonciatrice qu’à Cognac pour mieux masquer le peu d’enthousiasme à agir du premier magistrat de la ville. Les services publics se réorganisent et laissent un vide quand ils quittent la ville comme c’est le cas pour le tribunal d’instance. De ces réorganisations on peut bien évidemment débattre, mais à l’occasion des vœux il est tout aussi important de dire son engagement et ses projets pour ses concitoyens.
Comment est-il possible de faire montre d’un tel défaitisme en accusant l’Etat, le libéralisme, quand dans les mois qui viennent le maire va pouvoir inaugurer sur sa commune grâce à la solidarité et à l’engagement de toutes les communes des trois cantons, un cinéma tout neuf de deux salles, une crèche halte garderie de vingt places qui hébergera aussi le relais assistantes maternelles et l’accueil parents enfants, une maison de l’économie et de l’emploi qui regroupera sous son toit l’ANPE-ASSEDIC, la mission locale, l’AIISC et quelques autres permanences, un centre équestre agrandi qui conforte sa troisième place départementale, un début de restauration du château, un commencement d’extension de zone d’activité et une OPAH RR qui doit permettre plus de rénovation en centre ville. A ces investissements visibles il faut ajouter l'animation culturelle devenue si importante pour nous tous. L’apathie et la grise mine dans ce feu d’artifice d’investissements sur la ville sont pour le coup totalement « indécentes ». On se prend à rêver dans ces belles circonstances de ce que pourrait être le dynamisme de la ville et du territoire si la municipalité derrière celui qui devrait en être le leader faisait montre d’enthousiasme et d’envie d’entreprendre en complète synergie avec l’énorme travail de la communauté.
Mais c’est tellement plus simple de détourner l’attention sur la mocheté des autres quand on n’a surtout pas envie de prendre soi même des risques et de s’engager.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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