11 Janvier 2009
Si j’en crois la presse aujourd’hui, l’alliance prestigieuse du cognac et du cigare cubain vient de susciter une cohérence politique dont on se serait bien passé en Charente. Michel Gourinchas lors de ses vœux a endossé allègrement le sinistre costume du vieux Raul, demi-frère du plus vieux et plus sinistre encore Fidel Castro, pour prononcer un discours en tous points similaire à celui déclamé à la Havane il y a quelques jours par le vieil homme vert. La différence quand même par rapport à Cognac, c’est que là bas le mythe de la résistance et de la révolution communiste, encore sensée se poursuivre cinquante ans après la prise du pouvoir, n’enchante plus du tout le peuple exsangue.
A l’appel de son maire Cognac entre donc en résistance contre Batista Sarkozy. Un nouveau cocktail doit célébrer l’évènement et ce sera sans doute le Cognac libré. C’est dramatiquement marrant de voir comment les mêmes ficelles sont utilisées par Raul et Michel pour détourner l’attention du peuple de leur incapacité commune à les servir utilement. Alors qu’il a les clés d’une ville magnifique membre d’une communauté au potentiel exceptionnel qu’il codirige aussi, l’édile se hausse du col et se fait applaudir en assénant un discours populiste dénonciateur de l’horreur gouvernementale, tout en se gardant bien de dire son ambition et son programme pour la ville.
Il ne restera heureusement pas suffisamment longtemps à la tête de la ville pour qu’elle ressemble vraiment à La Havane, mais on se souviendra qu’il aura fait tout ce qu’il fallait pour en prendre le chemin. Au moins s’adonnera t-il dans les salons feutrés de la mairie comme l’autre Marx, Groucho, son maître en politique, aux joies du cigare et des ronds de fumée qu’on peut faire avec, tout en humant jusqu’à l’ivresse les meilleurs cognacs de la place en écoutant « Comandante Che Guevara ». En cela je l’envie sans doute.
Lors des dernières élections régionales en 2004, la refonte de la carte de l’apprentissage en Poitou-Charentes était au cœur du débat. Le conseil régional, lorsqu’il était présidé par Jean Pierre Raffarin, avait fait le choix d’investir sur Cognac et Chasseneuil et de fermer assez vite le CFA de Barbezieux. Ce choix s’opposait à la demande du président de la chambre des métiers de l’époque de réunir l’ensemble de la formation des apprentis sur Angoulême. Avec les élus de la communauté et dès 2003 nous nous étions opposés en vain à ce projet pour demander le maintien du site de Barbezieux. Les informations dont nous disposions à l’époque justifiaient pleinement notre requête. Le peu d’économie d’échelle attendue ne faisait pas le poids comparativement à l’immobilier de qualité et aux équipements existants mais surtout face à l’importance stratégique des formations dispensées pour notre bassin d’emploi. Elisabeth Morin avait maintenu ce projet de réorganisation de la carte des formations des apprentis en Charente. Ségolène Royal a gagné les élections en promettant de maintenir tous les sites en activité et d’investir urgemment sur chacun d’eux. Dans les semaines qui ont suivi l’élection je me souviens avoir participé à Ma Campagne à une grande réunion à l’initiative de la Région pour débattre du sujet. Michel Gourinchas m’avait aisément rabroué quand j’avais défendu le projet de maintien du site de Barbezieux en me rappelant que j’avais soutenu lors de la campagne un projet de réorganisation qui prévoyait la fermeture. Logique. Pour l’anecdote je me souviens qu’au cours de cette réunion les deux présidents de chambre, commerce et industrie, s’étaient livrés tour à tour à la lecture d’un même communiqué assez insipide, rédigé en commun, sensé démontrer qu’ils étaient tout à fait en phase l’un et l’autre. Ils ne se rendaient pas compte du grotesque qu’il y avait à ânonner chacun le même texte très bouillie pour chat à la suite l’un de l’autre, avec des intonations différentes pour appuyer tous les mots, ce qui était sensé démontrer l’évènement remarquable de leur volonté commune. Comparativement à ce duo déprimant les élus régionaux paraissaient crédibles.
On allait enfin voir ce qu’on allait voir en terme de formation et d’aménagement du territoire. Tout devait aller très vite et les bétonnières n’allaient pas tarder à arriver. Nous sommes en 2009 et patatras on recommence à zéro les études avec une forte probabilité de recentrer l’ensemble de la formation sur Angoulême, un jour peut-être. Les mauvaises langues disent que c’est avant tout pour tenir compte du soutien obtenu par la présidente de région sur Angoulême qu’on lui refuse ailleurs.
Les élections régionales auront lieu en 2010, soit six ans après l’arrêt du projet de l’équipe précédente, et absolument rien n’aura était fait. Un dossier de plus où la Charente prend un retard très inquiétant et qu’il devient très difficile de masquer en faisant huer l’Etat, le gouvernement et Sarkozy.
Sors toi plutôt les doigts camarade maire et montre nous ce que tu sais vraiment faire pour ta ville et ton territoire.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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