1 Novembre 2008
Avec les NMPP, le journalisme d’investigation aurait pourtant un magnifique dossier à instruire s’il ne craignait les représailles des malfrats à dénoncer. Les NMPP (nouvelles messageries de la presse parisienne) sont comme chacun sait sous le contrôle exclusif et mafieux du syndicat CGT du livre. Les difficultés de la presse quotidienne sont pour partie liées au passage obligé par les NMPP pour la distribution des titres. Le monopole qui leur est accordé a au fil du temps tout naturellement conduit les responsables du syndicat du livre à glisser progressivement vers des pratiques mafieuses qui n’ont plus rien à envier à celles de la Camorra sicilienne. Un plan de modernisation qui vise à diminuer un peu les records d’improductivité atteints grâce à l’âpreté au gain et à la couardise des militants cégétistes du livre vient de faire une nouvelle fois montrer les dents de ces résistants au marché. Je vous conseille d’aller sur le site d’information Rue 89 pour avoir un aperçu du problème. Grace à internet et à la diffusion instantanée de l’information permise par cette technologie qui s’affranchit du monopole des NMPP, la pression de la concurrence devient telle qu’elle permet d’espérer enfin des évolutions notables. Mais que Rue 89 dénonce les barbouzes cégétistes peut se comprendre puisque cette entreprise d’information ne dépend pas des NMPP. En revanche il est très courageux de la part de Laurent Joffrin le patron de Libération de se livrer à une interview vidéo pour dénoncer ces pratiques malgré les menaces de sanctions dont il est l’objet. Ce morceau de bravoure est à voir sur le site de Libé.
Ce qui me parait intéressant dans cette affaire, c’est l’analyse du système et des effets pervers qu’il produit inévitablement. Puisqu’une nouvelle fois ce ne sont pas les individus qui sont en cause mais bien les règles trop protectrices qui encadrent leur activité. Il y a un déterminisme des règles du jeu sur le comportement des individus. Ce que l’on appelle communément le marché, ou la concurrence, a pour effet d’éduquer et de moraliser les comportements. Tous les monopoles conduisent mécaniquement à faire supporter des charges trop lourdes et des mœurs anormales à tous ceux qui les subissent.
Une dépêche AFP de ce soir nous informe que la Cour des Comptes pointe la mauvaise gestion de l’assemblée nationale. Le budget est exponentiel, les salaires mirifiques, les avantages à faire rêver et ainsi de suite. Paradoxalement je crois qu’il sera plus facile de venir à bout de l’obstacle NMPP que de demander un peu de sobriété à l’assemblée ou au sénat. Puisque là je ne vois pas bien quelle concurrence pourra s’exercer. Enfin si, dans ce cas ce sera l’information des citoyens et les bulletins de vote qui opéreront en faisant pression sur les élus. Mais en matière de transparence il y a encore beaucoup à faire. Il n’y a pas si longtemps le ministre des finances lui-même devait ferrailler dur pour connaître la réalité des rémunérations les plus élevées de ses équipes issues de l’administration des finances.
Le Monde de cet après midi consacre une pleine page à la déconfiture de la Camif. L’histoire de l’entreprise est belle. Les liens tissés avec les sociétaires enseignants est étonnante. Mais l’histoire est toujours la même. Une clientèle considérée comme éternellement fidèle et un brin captive ont faire croire aux dirigeants qu’ils pouvaient un peu s’affranchir de la concurrence. Les avantages sociaux et les coûts de gestion ont dérivés. La diversification engagée alors que les pertes s’accumulaient ont plutôt plombé un peu plus la boutique et au final c’est la liquidation directe quand la trésorerie a commencé à manquer. Ségolène Royal accompagnait hier (ou aujourd’hui) les salariés venus demander l’aide de l’Etat à Paris. Elle soutient avec eux que l’entreprise est viable et qu’elle manque simplement de trésorerie. Si c’est le cas elle aurait pu éviter le déplacement et régler seule l’affaire. Il lui suffisait de faire avancer la somme nécessaire par la région Poitou Charentes (20 millions d’euros) en l’empruntant puisqu’elle est compétente en économie. Au fur et à mesure ou la coopérative redresserait ses comptes elle rembourserait capital et intérêts à la collectivité. Je constate qu’elle s’est bien gardée de s’engager d’en cette voie et qu’elle a préféré poursuivre activement sa communication démagogique si payante électoralement. Comme Bayrou et la quasi-totalité des ténors socialistes elle répète en boucle depuis des jours qu’il est inadmissible que l’on trouve des milliards pour les banques et pas un sou pour ceux qui souffrent de la crise. Je me suis d’ailleurs dit que cette attitude devait signifier que finalement la crise serait moins grave qu’on ne le craint parce que sinon des candidats aux plus hautes responsabilités de l’Etat n’attiseraient pas le feu avec une telle malhonnêteté intellectuelle. Comparer de l’argent emprunté par l’Etat sur le marché pour le prêter ensuite aux banques moyennant la couverture des frais financiers et d’une commission d’intermédiation, avec une dépense budgétaire nette est une vraie monstruosité. La crise financière est dramatique c’est sûr. Mais le pire à venir sera les conséquences de la récupération politique qui en est faite. A moins que les français ne soient moins dupes qu’on peut le craindre. Enfin pour l’instant Ségolène Royal peut accompagner les salariés en colère sans qu’aucun d’eux ne se dise qu’il serait plus simple de s’adresser à elle qui a tout le pouvoir nécessaire pour exaucer leurs vœux et vérifier ainsi sa bonne foi.
A lire aussi une interview de Michel Rocard dans le Monde de cet après midi. A part une ou deux postures tactiques pour expliquer le clivage gauche droite ce jeune militant socialiste de près de 80 ans mérite d'être écouté.
Je suis arboriculteur, viticulteur et maire de Reignac. Mais aussi Président de l'Association Nationale Pommes Poires, membre de WAPA (World Apple and Pear Association) et secrétaire général d'Interfel.
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